Machinarium

Conçu en trois ans par sept développeurs tchèques du studio Amanita Design, Machinarium est aussi le grand gagnant de l’Independant Games Festival 2009. Depuis, beaucoup d’autres jeux du même type son sortis sur nos bécanes. Machinarium reste-t-il un incontournable malgré tout ?
Josef, le petit robot
Un vaisseau s’arrête sur une étrange pile de déchets. Un robot en est expulsé, totalement démembré et livré à lui-même. C’est le début d’une aventure sans aucun dialogue, remplacé par des bulles nous racontant en animations les pensées des différents protagonistes. Souvent, ce sera même Josef lui-même qui usera de ce stratagème pour se remémorer son passé, aidant le joueur à comprendre pourquoi il veut se dirigervers la ville et ce qu’il peut y trouver. Quel est l’objectif de cette histoire ? Pour le savoir, il falloir pointer et cliquer car comme à la bonne vieille époque ou les PC regorgeaient de jeux d’aventures en 2D, Machinarium est loin d’être une partie de plaisir. Comme dans tous les point & click qui se respectent, Machinarium use et abuse de la souris. On donne une direction au robot, on prend des objets, on en combine certains via un inventaire apparaissant dans une barre dynamique en haut de l’écran : bref, on est en terrain connu. Les habitués devront juste faire attention à ne pas oublier que le curseur de la souris ne montre rien d’activable à l’écran tant que Josef n’est pas à portée ! Voilà qui complique grandement une aventure déjà peu réservée aux nouveaux venus. Une fois un petit tutoriel effectué, permettant de retrouver l’usage de ces membres, le joueur est invité à s’aventurer vers ces premières énigmes. La difficulté du jeu va en crescendo, avec un final tortueux et diabolique. Heureusement, il est possible de cliquer sur une petite icône d’aide en forme d’ampoule pour voir Josef nous montrer une action, un objet ou une scène importante censée nous mettre sur la voie. Et si cela fait des heures que le joueur tourne en rond, il est même possible de faire une petite partie d’un shoot’em up tout à fait quelconque et un peu ennuyant qui donne accès à la solution de l’énigme en cours. Il y a donc quand même de quoi ne pas foncer dans l’aventure sans optimisme : les développeurs ont pensé à tout le monde. On est ainsi loin de la difficulté complètement démente d’un Woodruff et le Schniblble d’Azimuth et autres Myst qui, sans solution, peuvent réellement perdre des joueurs.

Asimov aimerait-il ?
Plusieurs idées de gameplay sont aussi présentes pour changer un peu des sempiternels aller-retour et clics sur tous les objets de l’écran. Ainsi plusieurs minijeux, dont un Space Invaders et autres hommages vidéoludiques, devront être terminés pour progresser. On jouera, l’espace de quelques minutes seulement, le rôle d’un autre personnage cher au cœur de notre héros. Enfin, on fera la connaissance d’une multitude d’individus faits de vis et de boulons et à l’histoire et aux émotions toutes différentes, allant du simple robot handicapé en manque d’huile jusqu’au garde qui porte sa petite fille qui n’a malheureusement plus de batterie. Les aider un à un sera un vrai parcours du combattant, récompenser par des saynètes plus jolies les unes que les autres. Machinarium dure environ une dizaine d’heures en y allant calmement, mais il peut être bouclé en cinq heures avec la solution dans les mains. Toutefois, il me semble avant tout posséder cette durée de vie infinie des beaux jeux qu’on relance lors d’une pause café ou juste parce qu’on veut absolument le montrer à ses amis. Il ne faut néanmoins pas perdre de vue que Machinarium va demander beaucoup d’effort… Énormément d’énigmes passent de la simple combinaison de deux ou trois objets à des jeux de plateau, des casse-tête improbables et autres joyeusetés. C’est dur, mais avec un peu de réflexion on atteint une joie de la réussite rarement autant ressentie dans un jeu vidéo. C’est ici tout l’art du pointé cliqué mêlé à un bel univers. Il faudra se creuser les méninges pour arriver à bout de certaines énigmes toujours plus ou moins logiques, mais souvent éparpillées à travers les différents tableaux. Le mot Tableau n’est d’ailleurs par inopportun puisque les environnements de jeu proposés sont de véritables oeuvres d’art contemporaines. Avec un univers à la fois rétro et futuriste, aux tendances SteamPunk pour les plus connaisseurs, Machinarium est aussi un monde enfantin teinté d’une noirceur très particulière. Ainsi, l’histoire se fera vite davantage dramatique, sans jamais être tragique. Elle met en avant la relative immortalité des robots, tout en mettant l’accent sur leurs émotions et la même combativité qui fait de deux humains des ennemis jurés ou des amours éternels. On est donc dans un jeu aux clichés évidents, mais tellement bien incorporés dans ce monde triste qu’ils toucheront même les moins sensibles. L’histoire de Machinarium est, comme l’univers dans lequel évolue Josef, à la fois triste et belle. Il en ressort alors une certaine poésie qui fait de ces jeux si particuliers de petites œuvres d’art à ne surtout pas manquer.

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