The Asskickers

Nombreux sont les studios à vouloir se lancer dans le beat’em all très arcade, à la manière des cultes Street of Rage et Double Dragon. Ago Games parvient-il à offrir un bon dérivé de ces titres aux amoureux du genre ?
Botter des fesses en coopération !
Alex, Diane et Marcus, alias « la belle, le beau gosse et la brute », sont injustement accusés d’avoir agressé un fils à papa haut placé. S’en suivent alors plusieurs niveaux ou les héros vont devoir mettre les « poings » sur les « I », ou plutôt dans la face des nombreux adversaires qui leur barrent la route. Asskickers est un beat’em all jouable jusqu’à deux et proposant plusieurs modes de difficulté.
Le joueur contrôle donc son personnage dans le plus pur style du genre, avec une nostalgique 2D en scrolling horizontal. Il est possible de sauter, de frapper en sautant, de briser des objets pour y trouver des items et donc, d’effectuer les actions habituelles du beat’em all. Quelques originalités sont cependant au rendez-vous : des attaques dévastatrices tout d’abord, qui font baisser une jauge d’énergie qu’il est possible d’augmenter en utilisant des items représentant des boissons énergisantes. Ces attaques sont effectuées un peu comme dans un jeu de combat, avec un mouvement particulier à reproduire en pleine partie. Mieux encore : ces attaques peuvent être combinées avec celle du partenaire pour toujours plus de violence à l’écran.
Avec leurs quelques lignes de dialogues, toutes différentes en fonction du personnage choisi, les héros de cette histoire tentent de lui donner un semblant de sens. Mais rapidement, les développeurs montrent qu’ils ne se prennent pas au sérieux. On commence par frapper du « beaugosse » à coup de club de golf pour finir par tenter d’attraper des hommes d’affaires en smoking qui se téléportent dans le niveau. Les boss sont aussi de plus en plus délirants dans leur concept, avec par exemple un directeur financier qui possède quelques pouvoirs de super héros connus tels qu’un bras de pierre, des flammes ou un bouclier électrique. Cette folie survient un peu sans crier gare et demande donc un certain recul. Pour ceux qui se poseraient encore la question du niveau d’humour du jeu, sachez que son nom n’est pas la par hasard. Une fois un boss battu, il faudra mitrailler le bouton d’attaque pour… donner la fessée au vaincu.
Sur six niveaux très différents, proposant leurs phases habituelles du genre (l’obligatoire et nostalgique phase d’ascenseur, le métro et ses pancartes à éviter…), The Asskickers tente tout de même de se faire un minimum original et intelligent. Il y parvient avec quelques idées bienvenues, telles qu’un affrontement au canon contre un hélicoptère ou une phase « d’infiltration » où il s’agit d’éviter la lumière des projecteurs pour éviter de se retrouver entouré d’ennemis. Mais globalement, on reste tout de même dans du déjà vu sans doute volontaire, un hommage en quelque sorte.
Point de vue intelligence du récit, on a tout de même une jolie critique de la société, avec la mise en avant de niveaux de plus en plus froids, au fur et a mesure que l’on grimpe dans les milieux puissants et friqués. C’est une idée simple mais efficace en jeu, qui nous sort un peu de la baston pour nous faire tilter sur cet aspect d’une sympathique façon.
Furieusement quelconque ?
Si on s’amuse sans mal dans une partie de The Asskickers, avec ses graphismes 2D fins et ses très réussies musiques d’ambiance, il y a tout de même quelque chose qui dérange une fois l’aventure finie. Cela manque cruellement d’une âme, d’un style particulier, de quelque chose qui ressort du jeu et nous rappelle que « c’est cela, The Asskickers ». En voulant rendre hommage à un genre que le développeur considère comme un peu trop oublié sur nos plateformes de jeu actuelles, il n’a sans doute pas eu le temps (et l’argent ?) d’y développer un univers. Parodiant sympathiquement le monde des médias, des banques, des forces de l’ordre et de la rue, The Asskickers ne place aucune ambiance particulière autre que celle de la satire presque politique.
Le gameplay est sympathique, très bien géré que ce soit par le clavier ou la manette, mais manque d’un peu de modernisme dans ses déplacements. Les hardcore gamers retrouveront certains des bugs/failles les plus connuesdu genre (et appréciés, chez les plus maso) : on rage milles ans sur ces infernaux coups qui ne portent pas, comme à l’époque de notre bonne vieille Super Nintendo et de son Turtles in Time, seulement par la faute d’un personnage un poil mal aligné à l’adversaire. Il y a aussi ces boss intouchables dans certaines de leurs actions, qui donnent l’impression d’un choix de gameplay « de facilité » un poil énervant. Enfin, plus ennuyant par contre, l’intelligence artificielle des ennemis à une furieuse tendance à fuir les héros sans aucune limite. Il est possible de courir après un ennemi pendant dix bonnes secondes sans qu’ils ne daignent se retourner. Frustrant !
Graphiquement en 2D et en HD, l’univers manque un peu de charme. Les héros sont stéréotypés et n’ont aucune particularité physique qui pourrait les démarquer d’un autre jeu. Les ennemis sont, à contrario, davantage travaillés : les policiers ont une bonne face de vainqueurs, assez amusante. On appréciera aussi le soin apporté à certaines animations qui surprennent par leur efficacité (particulièrement lorsqu’il s’agit d’attaques ennemies, encore une fois). Bref, c’est une conclusion en dent de scie. Ce jeu a donc de vrais défauts qui vont l’empêcher de plaire au plus grand nombre : il semble trop quelconque, pas assez novateur, visuellement trop banal pour faire la différence. Et pourtant…
Il a une vraie qualité : il distrait. On passe deux bonnes heures à terminer le mode Histoire sans s’ennuyer, avant de tenter le mode Survie et le Contre la Montre. Il y a des niveaux plus intéressants que d’autres et les quelques bugs apparaissant çà et là (que l’on espère corrigés dans une future mise à jour) n’arrangent rien à l’affaire. Mais c’est aussi ça, le monde de l’indépendant : chercher ce qu’il y a au-delà des quelques ratés. The Asskickers n’a rien d’original et ne fait que « copier », sans que ce soit péjoratif, le style de ce genre de jeu. Il le fait plutôt bien d’un point de vue de la prise en main et de la construction des niveaux. Il ne reste donc plus qu’aux développeurs à s’inventer un univers et à bouleverser un tant soit peu le genre pour nous offrir le prochain grand jeu indépendant du genre. On y croit !

Laisser un commentaire