Bastion

Suivi de près par de nombreux joueurs depuis son annoncement surprise aux différents salons du jeu vidéo, Bastion sort enfin en tant que grand premier jeu du Summer of Arcade de Microsoft. M’est d’avis que des PCistes vont attendre la sortie avec beaucoup d’impatience…
Petit studio deviendra grand
Ne vous y trompez pas : si le jeu est effectivement distribué par Warner Bros. Interactive Entertainment, il est néanmoins développé par un tout jeune studio nommé Supergiant Games. Bastion est leur premier jeu et le résultat de nombreuses années de développement. Autant vous dire que le résultat est vraiment surprenant.
Bastion raconte l’histoire de Kid, un jeune homme qui pense être le seul survivant d’un cataclysme survenu à son univers : la Calamité. Autrefois, il était le jeune homme d’un village paisible ou les habitants vivaient en harmonie malgré quelques conflits entre races d’autres « mondes ». Ces villageois sont aussi les savants utilisateurs d’un moyen de transport plus qu’original : ils se servaient des vents pour voguer entre les différentes contrées de leur univers. C’est ainsi que Kid se déplace d’un endroit à un autre. C’est aussi ainsi qu’il découvre le Bastion, un endroit magique ayant besoin d’être recréé pour devenir la première construction d’un nouveau monde.
Kid y découvre aussi qu’il n’est pas le seul survivant et qu’un homme, le narrateur, va l’aider dans sa quête de restauration. Cet homme va le suivre, lui et le joueur, en étant la seule voix de toute l’aventure. Chaque étape, action, moment clé, sera narré par ce survivant, véritable mentor d’un héros désespéré qui y trouvera un peu de réconfort et un semblant de vie sociale. Cette idée de narration vocale et textuelle est tout simplement géniale, novatrice et permet aux développeurs de nous raconter leur fabuleuse histoire de façon très originale avec la voix d’un certain Logan Cunningham qui, comme l’expliquent les développeurs eux-mêmes, « ne donne pas au jeu qu’une histoire, mais aussi une humanité ». Une histoire sublime que ce test va d’ailleurs éviter de vous spoiler…
S’inspirant quelque peu d’un Legend of Mana dans sa construction, le concept du jeu est on ne peut plus simple, mais la narration et la séparation des différentes zones de jeu lui confère un intérêt tout à fait unique. Se jouant comme un Action-RPG assez simple d’accès, à quelques pas du Hack’n Slash bourrin, Bastion demande au joueur d’affronter des hordes d’ennemis dans plusieurs niveaux permettant la reconstruction progressive du Bastion. Certains niveaux recèlent d’un morceau de cristal permettant de créer un nouveau bâtiment de retour à la base. En milieu de jeu, les cristaux ne sont plus nécessaires et une nouvelle quête s’offre au joueur. Mais chut ! Enfin, d’autres niveaux servent simplement de transition scénaristique ou de défi d’entrainement permettant l’obtention d’objets uniques. Ceux-ci servent souvent à débloquer des améliorations, mais peuvent aussi et surtout permettre quelques dialogues (toujours racontés par le narrateur) nous permettant d’en savoir plus sur ce qu’était autrefois ce monde désormais joliment apocalyptique.
Un Hack’n Slash intelligent !
Point de vue gameplay, on retrouve les potions de soin pour se refaire une santé et d’autres fioles permettant l’utilisation d’un « pouvoir ». Plusieurs armes de jets ou de chocs sont aussi au rendez-vous. À l’aide des nombreux fragments bleutés obtenus lors des affrontements contre les différents ennemis du jeu, il est possible d’upgrader les armes et de leur conférer quelques pouvoirs supplémentaires tels que des améliorations de dégâts, de portée ou même de rapidité. Original : lors d’un seul achat, deux upgrades du même niveau sont débloqués et laissent le joueur décider de celui qui sera utilisé. Par la suite, il est possible de changer d’avis sans avoir à remettre la main à la bourse.
On avance, on frappe, de près ou de loin, mais il est surtout possible d’esquiver via une roulade souvent salvatrice. Un bouclier est aussi de la partie, permettant de bloquer les coups, mais aussi de les renvoyer du moment qu’on le brandit au bon moment à l’aide de la gâchette de gauche. Une tactique surtout utile pour les différentes tourelles ennemies. On est dans le classicisme le plus absolu, mais on se rend vite compte de la finesse des mouvements, de la fluidité de la partie et de l’efficacité de la prise en main. Bastion est un pur bonheur à contrôler et n’est jamais compliqué, ne pose aucun problème de bouton mal placé ou de mouvement difficile à effectuer. Tout est bien pensé, jusqu’aux moindres détails. Ainsi, le joueur entre facilement dans l’univers et s’y concentrer pleinement. Et quel univers…
Un beau jeu, tout simplement
Avec ses graphismes entièrement dessinés à la main, Bastion commence par agripper le joueur par son visuel. Bastion est beau, autant dans son character design que dans ses décors. Mention spéciale pour les niveaux se « construisant » en temps réel au fur et à mesure de l’avancé de Kid. L’ambiance est aussi merveilleuse que triste, avec des tons très colorés et une réelle envie de se faire passer pour un dessin animé adulte. Bref, les yeux pleurent de joie devant de tels dessins prenants et ne faisant pas lâcher la manette une seule seconde. Mais s’il n’y avait que cela !
Que dire alors des musiques, ressemblant d’ailleurs pour beaucoup au travail de Matt Uelmen sur Diablo 2 et posant une ambiance glauque dans des environnements pourtant superbes et à la limite du paradisiaque par certains endroits ? S’il n’y avait pas ces ennemis à tous les recoins, on jurerait que le monde de Bastion ne se porte pas si mal. Mais c’est surtout lorsque l’on commence à détruire des statues de pierre, le corps de nos anciens amis villageois, qu’on se rend compte de la supercherie. Le travail de Darren Korb, le compositeur de Super Giant Games, est une totale réussite et sublime l’ambiance du jeu. Ajoutez à cela de jolies chansons s’imposant dans certaines scènes clés du jeu pour valider un état de fait : vos oreilles aussi vous remercient de jouer à Bastion.
Mais ce qu’il y a de plus saisissant dans ce titre, finalement, c’est son intelligente histoire. Elle repose sur peu de chose, est d’une simplicité extrême sur le papier, mais prend des proportions si désastreuses d’un point de vue de la psychologie des personnages et de leurs actes à venir, qu’elle briserait pratiquement en deux les scénarios complexes de la saga Final Fantasy. Elle prend l’aspect d’un récit prétexte à du bourrinage à la pelle pour rapidement devenir la première raison qui pousse le joueur à aller toujours plus loin dans le jeu. Bastion est beau, pour les yeux, pour les oreilles et pour tout ce qu’il vous fera vivre lorsque vous y jouerez. Malgré une traduction française peu précise, nul doute que certaines phrases du narrateur vous trotterons dans la tête pendant de longues semaines.
Rarement un jeu aussi « simple » dans son concept se sera révélé aussi passionnant et touchant. Bastion est une totale réussite qui mêle des idées de récit totalement géniales à une direction artistique aussi étonnante que sublime. C’est simple : rien dans Bastion n’est décevant. Même sa faible durée de vie est corrigée par quelques défis à accomplir, un New Game + très réussi, un upgrade des armes intéressant et une volonté tenace de tout découvrir dans ce monde envoutant. Tiendrait-on déjà la petite perle 2011 du Xbox Live Arcade ? Le temps nous le dira. Quoi qu’il en soit, le Summer of Arcade commence vraiment très fort !

0 réflexion au sujet de « Bastion »

  1. bientôt c’est vite dit… pas avant la fin de l’année. Je n’ai testé que la démo, et le narrateur m’a gavé. Le mec on dirait qu’il s’emmerde… Mieux par la suite? (fait que 2 ans que j’attends ce jeu, et la démo m’a un peu refroidi)

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  2. Déjà acheté pour ma part, je prend juste le temps de finir ce sublime From Dust, puis je m’y met en suite. Le travail sur la narration dans Bastion m’intéresse fortement a priori, je suis pressé de voir ce que cela donne manette en main. 🙂

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