FEZ

Attendu depuis cinq années, le jeu de Polytron débarque enfin en exclusivité sur le Xbox Live Arcade. Avec une date de sortie toute particulière, puisque en dehors des sorties habituelles du mercredi, Fez tente de créer l’événement. Est-ce mérité ?
Changer de perspective
Gomez est un petit personnage en 2D qui, à son réveil, se voit demandé de rejoindre l’érudit du village. Celui-ci lui donne alors accès à un étrange monde de cubes ou un Fez, ce couvre-chef emblématique, vient lui attribuer un pouvoir plus qu’original : désormais, il peut changer la perspective des niveaux pour « tourner autour » et jouer avec cette nouvelle dimension. S’en suit alors une suite d’épreuves ou il vous est demandé de collecter un maximum de cubes dans un but abstrait, comme tout le reste d’un scénario complètement décalé et profondément artistique.
Fez n’a pas de sens avoué. Chacun devra trouver le sens qu’il veut bien lui donner, comme lorsqu’on regarde une peinture par exemple. Fez possède une histoire, un univers, mais tout cela est volontairement donné au joueur de façon très brute, sans aucune préparation. On découvre alors le gameplay sur le tas avec un très rapide tutorial : les gâchettes pour « tourner » les niveaux, la possibilité de grimper sur la végétation qui envahit certains murs et des portes, nombreuses, menant à une multitude de tableaux différents.
La carte du jeu est impressionnante d’embranchements. Une porte peut proposer une simple salle, comme ouvrir l’accès vers trois autres niveaux. À chaque fois, c’est la surprise. On peut alors très bien voyager très loin dans Fez sans jamais suivre les objectifs donnés, juste en se perdant dans ce labyrinthe de niveaux qui se suivent, mais ne se ressemblent jamais. Plusieurs atmosphères sont proposées : de lumineuses contrées, un cimetière effrayant, des temples, des montagnes à gravir. Tout cela uniquement avec un traitement cubique assez merveilleux.
La collecte de cubes
Pour finir le jeu et parvenir à sa première fin complètement incroyable de liberté et de complexité narrative (mais a t’elle réellement un sens ?), le monde de Fez vous demandera de collecter un minimum de cubes vous permettant d’ouvrir les bonnes portes du bon temple. Deux types de cubes sont disponibles : les jaunes, classiques. Puis les bleus, les cubes sombres, bien cachés tout au long du jeu. On peut en obtenir un d’une drôle de façon : juste en lisant les succès bloqués du jeu, où est inclus une combinaison de gâchettes à reproduire en jeu. Sympathique et original !
Pour obtenir des cubes jaunes, c’est plus simple : certains sont disséminés dans des coffres, sur les hauteurs de certains niveaux. Mais plus souvent, il faudra surtout collecter les nombreux morceaux de cubes éparpillés dans le monde, afin d’en reconstruire un maximum. On jouera alors des gâchettes et des bons sauts bien préparés (tant l’inertie du personnage ne permet aucun rattrapage in entremis) pour passer les énigmes bien pensées du jeu. Puisqu’évidemment, quand vous tournez le monde à l’écran, votre personnage doit aussi faire avec le changement de décor. Certaines plateformes se rapprochent, s’éloignent, se « complètent » pour former un pont… Les combinaisons sont nombreuses et visuellement, c’est réellement à un beau coup de génie que nous avons à faire ici. Nul doute que cela ravira les fans de jeu de réflexion originaux.
On en veut encore !
Le principal problème de Fez, au-delà de ses insupportables ralentissements au fil du temps (n’hésitez pas à quitter et relancer le jeu quand cela devient réellement handicapant), c’est sa durée de vie. Seulement quatre heures de jeu sont nécessaires pour compléter l’histoire principale. Après, certes, pour obtenir la centaine de cubes du jeu et visiter tous les niveaux, ils faut compter le double (voir davantage ?). Entre ces étranges cartes au trésor bien difficile à déchiffrer, ces cubes « de langage  » ou « de calcul » dont on ne comprend pas tout de suite l’intérêt et les quelques objets à dénicher tout au long de la partie (avec de jolies originalités de gameplay à la clé, mais chut !), Fez en donne quand même pour son prix.
Le principal problème est que malgré tout, les phases de plateformes manquent rapidement. Jouer avec la perspective des objets est réellement amusant et au bout de quatres heures, on a plus que les énigmes à se mettre sous la dent. Certaines sont très originales et amusantes (à base de QR code par exemple) mais pour ceux qui aiment les phases de plateformes et la dose de réflexion que donne cette nouvelle idée de gameplay proposé par Polytron, c’est tout de même dommage. On aurait par exemple aimé avoir quelques défis hardcore avec des montagnes à gravir, très difficile d’accès, en course contre la montre par exemple ? Bref, au-delà du scénario génial et de l’aventure artistiquement sublime qui nous est proposée, le gameplay semble malheureusement pas du tout exploité à son plein potentiel. On en redemande…
2012 : l’odyssée du Fez
Véritable coup de génie pour les uns, gameplay génial pour les autres, expérience trop courte pour les râleurs, Fez ne laissera pas indifférent. Il est d’une étonnante originalité (là ou finalement, on ne l’attendait pas vraiment : dans ces énigmes et sa progression) et propose quelque chose de peu vu dans le genre. Il n’y avait bien que le monde de l’indépendant pour nous proposer un tel jeu, tant il reste dans la mouvance d’un Cave Story, d’un VVVVVV, de tous ces jeux qui se servent d’un gameplay « rétro » pour le chambouler et nous en servir une nouvelle version.
Les musiques de Disasterpeace sont en cela carrément dans le ton. Elles viennent elles aussi se servir de vieilles sonorités pour nous en mettre plein les oreilles comme aucun jeu ne l’avait fait auparavant. Les ambiances sont incroyables (mention spéciale à cet univers glauque et sombre, avec un terrible orage en fond) et les inspirations électroniques à la Vangelis (il y beaucoup de lui dans les dernières minutes du jeu) sont profondément touchantes.
En découle alors une oeuvre artistique considérablement marquante, loin d’être parfaite, mais qui vient confirmer l’envie des créateurs de jeu vidéo de communiquer autrement que par des scénarios trop cinématographiques ou par un gameplay directement axé vers l’amusement. Ce n’est pas du tout le premier jeu à nous proposer une telle expérience visuelle et sonore, mais il prouve l’engouement du public pour ce « genre ». Désormais, le jeu vidéo nous parle de façon abstraite et joue les oeuvres d’art pour nous émerveiller. Et cela, Fez le fait magnifiquement bien. Alors, on s’amuse moins sur la durée (mais tout de même beaucoup !), mais on en prend plein la figure et l’intellect. C’est un bon compromis, non ? Reste qu’il risque de rester davantage dans les mémoires pour son attente et son annonce que pour le produit final, mine de rien.

0 réflexion au sujet de « FEZ »

  1. J’ai essayé la démo, bien aimé sans sauter au plafond, mais je vais laisser retomber la hype, les bugs se corriger, le prix baisser et ma TV SD fait de toute façon un peu bouillie de pixel flou en plans large.

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      • Nan potexto, moi je lui conseille Halo. Puisque c’est un mec qui a visiblement l’air d’aimer les fusils et les jeux d’aventure textuel. Enfin je dis ça mais c’est vrai que le Big Mac est aussi vachement plus salé qu’un Kiri.

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