Interview – Yann Fripp (Play Fripp)

On vous parlait récemment de WaWa Land et avant de vous en proposer le test, on s’est dit qu’un petit coup d’oeil sur ses créateurs vaudrait surement le coup. Sincèrement ? On ne s’attendait pas à une interview aussi passionnante. Alors comme nous, venez découvrir Yann Fripp, un créateur indépendant qui n’a qu’une volonté : vous voir vous amuser…

Bonjour Yann. D’où te vient cette passion pour le jeu vidéo ?

Bonjour William et tout d’abord merci beaucoup pour ton invitation !
J’ai commencé à jouer aux jeux vidéo sur Atari, SNES et GameBoy. Comme tous les autres enfants du début des années 90, j’ai traversé tout l’âge d’or du jeu de plateforme 2D. Puis, à l’arrivée de PlayStation je suis devenu un joueur de RPG passionné… Je dois avoir des milliers d’heures de jeu sur la série des Final Fantasy dont j’ai joué tous les épisodes (mise à part les 2 derniers). Avec l’âge, les types de jeux changent, et je me suis ensuite mis aux jeux de stratégie (Age of…, Civilization) et aux FPS (Counter Strike, Halo). Bref, j’ai dû jouer à des centaines de jeux jusqu’à mes 16 ans, puis je suis parti vers d’autres horizons. Aujourd’hui j’essaye de jouer de temps en temps, mais il est vrai que je ne suis plus aussi disponible qu’avant pour ça. Mais toutes ces heures de jeux restent en moi et sont une source d’inspiration permanente !

Pourquoi en créer ? Par simple frustration de ne pas retrouver les concepts auxquels tu voudrais jouer chez les autres créateurs, ou par pure vocation ?

Il y a un peu des deux. Disons que je ne me définis pas comme concepteur de jeux. Je fais de la musique depuis des années, je suis DJ, j’ai réalisé des courts métrages, j’ai fait de l’art contemporain pendant longtemps… bref, le jeu vidéo est moyen d’expression différent pour moi, mais pas une fin. Je me suis récemment spécialisé dans ce domaine puisqu’il apporte une dimension particulière d’interaction et de plaisir qui permet de toucher un grand nombre de personnes, des petits aux plus grands. Ce qui est vraiment génial dans le fait de créer des jeux vidéo c’est que l’on peut réaliser ses rêves de gosse ! Et c’est vraiment une histoire d’amour malgré tout pour moi. En effet, je crée des jeux amateurs depuis 1999… ça commence à dater !

Parle-nous de Play Fripp. Comment tout a commencé ?

L’aventure Play Fripp a commencée à la suite d’une décision importante pour moi puisque, juste avant de fonder cette structure, je venais de partir d’un studio de jeux où j’étais directeur artistique et co-game designer. J’avais vraiment envie de faire les projets qui me passionnaient. Il faut aussi dire que je commençais à en avoir assez de devoir faire concession sur concession et d’ainsi me retrouver en permanence avec des projets loin de mes objectifs initiaux, tout cela à cause de ma dépendance aux bons vouloir des autres. Play Fripp c’est donc une rupture avec une logique du « c’est mieux que rien », et avant tout une prise de liberté ! Et cela à commencé par une période d’un mois d’auto-formation à la programmation orientée objet, discipline qui m’était totalement inconnue à l’époque.

Depuis, tu as déjà une quinzaine de titres à ton actif. Quels ont été les plus marquants pour toi ?

Aucun n’a été vraiment marquant pour l’instant (mise à part Wawa Land bien entendu) puisque c’étaient de petites applications faites en quelques heures, quelques jours. Ces projets m’ont surtout permis de me faire la main et d’avoir des rentrées d’argent régulières, afin de réaliser Wawa Land.

Tous tes jeux sortent sur iOS. Quels sont les points forts de cette plateforme en tant que créateur ?

Il y a tout d’abord la réalité du marché… Android est une plateforme générant TRÈS peu d’argent par utilisateur… Ce n’est pas pour rien qu’Angry Birds est gratuit sur cette plateforme : le modèle payant n’y fonctionne pas. Or, pour un développeur indépendant comme moi, se baser uniquement sur l’argent de la pub est grandement compliqué. Cela suppose de vendre rapidement des centaines de milliers d’applications, c’est un pari bien trop risqué. La seconde chose c’est la facilité de développement avec le framework Cocos2D qui, lorsque j’ai commencé Wawa Land, n’existait pas sur Android.

Et les points faibles ?

Il y a beaucoup de concurrence, mais cela peut être aussi vu comme une chance de se faire les griffes !

C’est indéniable, il y a beaucoup d’inspiration tirée de jeux de plateformes classiques dans ton dernier jeu : Wawa Land. Est-ce un genre de jeu que tu affectionnes tout particulièrement ? Et pourquoi ?

Oui, Wawa Land est clairement un hommage à toute cette période des consoles 8/16 bits ! Mais il a son univers et son gameplay propre. J’adore les jeux de plateformes console, et je trouvais qu’aucun plateformer mobile n’arrivait à me redonner les mêmes sensations ! C’est aussi pour cela que je me suis lancé dans un plateformer ! Et puis, il faut aussi dire que ces jeux sont très riches et complets, ils apportent des couches de challenges variées et différentes pour chacun des joueurs. Et il n’y a pas meilleure récompense pour le créateur d’un jeu que de voir les gens créer leurs propres règles à l’intérieur d’un jeu où cela n’était pas prévu. Il faut savoir transgresser les règles des jeux 😉

Si tu devais faire une phrase donnant envie là, tout de suite, d’acheter Wawa Land, tu nous dirais quoi ?

Et bien je reprendrais une phrase issue du commentaire d’un joueur sur l’AppStore: « Les graphismes, le son, les animations, tout est magnifique… Les niveaux sont variés, et la durée de vie est hallucinante ! Tout ça pour vraiment rien… génial ! »

Il y a pas mal de niveaux dans Wawa Land. Cependant, des mises à jour sont-elles déjà prévues ? Qu’amèneront-elles de plus au jeu exactement ?

Oui, dès la sortie Wawa Land contient 2 chapitres contenant chacun 8 niveaux (16 au total sans compter les zones bonus). D’ici la fin de l’année, 4 autres chapitres vont suivre et ainsi porter le nombre de niveaux à 48. De plus, j’ajouterai le GameCenter, de nouveaux pouvoirs, montres, et décors bien entendu ! Il faut aussi dire que toutes les mises à jour seront gratuites, et que le jeu ne coûte que 0.79€ ! Des achats in apps seront ajoutés dans la prochaine mise à jour majeure, mais ils seront totalement optionnels pour les joueurs.
Une mise à jour rapide va sortir la semaine prochaine et elle apportera un système complet de personnalisation des contrôles. Les joueurs pourront créer leur propre manette de jeu !

Une sortie sur d’autres plateformes est envisagée ?

Bien entendu ! L’iPad et le Mac devraient voir Wawa débarquer d’ici la fin de l’année. Pour ce qui est des autres plateformes (Android, Steam), cela dépendra du succès du jeu et donc, de vous tous ! 😉
C’est peut-être trop tôt, mais aurais-tu envie de « teaser » un peu ton prochain projet ? Quelles sont tes envies, les genres de jeux qui te tentent, pour ta prochaine création ?
Et bien Wawa Land est loin d’être terminé ! Malgré les quinze mois de développement, je ne suis en fait qu’au tout début de l’aventure ! Il me reste bien une année de travail pour suivre et améliorer le jeu. Alors je ne sais pas vraiment ce que je ferai ensuite. Je ne suis d’ailleurs pas sûr de me laisser dans un nouveau jeu ou une suite dans la foulée. Il d’ailleurs probable que la suite se fasse sous d’autres modes d’expressions. Mais pour l’instant, comme je l’ai dit, c’est Wawa Wawa Wawa :p

Es-tu resté un grand joueur ou le fait de créer du jeu vidéo t’a t’il un peu détaché de ce « monde » en tant que consommateur ?

Je n’ai plus vraiment le temps de jouer, mais je me tiens toujours au courant des nouveautés. De plus, avec le temps passé à créer des jeux, on finit par se faire une idée assez précise d’un jeu sans devoir passer des heures dessus. Cela dit, je suis resté fidèle à deux séries de jeux : Civilization dont j’attends avec impatience la sortie de l’expansion. Et The Elder’s Scrolls qui, je l’avoue, m’a laissé sur m’a faim. J’avais vraiment hâte d’y jouer, mais je n’arrive pas à y retourner depuis que j’ai arrêté d’y jouer… Il faut dire aussi que Wawa Land m’accapare beaucoup. Ainsi que mes activités de DJ et d’intervenant à l’Université de Savoie.

Quels ont été toutefois les jeux indépendants les plus marquants de cette année, selon toi ?

Je n’ai que peu essayé de nouveaux jeux ces derniers mois, mais les derniers jeux indépendants m’ayant marqué sont: World Of Goo (ce jeu est une perle), Braid et Tiny Wings. Je sais, tout cela n’est pas très récent… 🙁

Et les « gros » jeux qui t’ont fait perdre pas mal d’heures devant ton écran ?

Il y’en a trop XD

Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Et bien merci encore à toi pour l’invitation. Et merci aux à tous les lecteurs d’avoir lu cet article. J’espère sincèrement que vous aimerez Wawa Land ! Et n’hésitez pas à me faire part de vos impressions sur le jeu. Pour moi c’est très important de répondre à vos envies sur le jeu 😉

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