Binary Domain

Quand son créateur, Toshihiro Nagoshi, nous en avait parlé à la Paris Games Week de 2011, Binary Domain ne paraissait vraiment pas incroyable d’originalité. Seul son synopsis était intéressant. Au final ? La première impression était totalement la bonne !
Les androïdes rêvent-ils de TPS ?
En 2080, les robots sont arrivés à un tel niveau technologique qu’ils sont désormais une partie importante de notre quotidien : le ménage, les services divers, les majordomes, les serveurs, ils sont partout pour nous aider à vivre si ce n’est mieux, en tous les cas plus tranquillement. Du coté des militaires, par contre, il en est tout autrement : la société Amada s’est mis le gouvernement américain à dos pour avoir violée l’accord de Genève en ayant créé des androïdes « humains » et qui, pire que tout, sont persuadés de l’être. Des Simulacres, comme on les appelle désormais.
Vous êtes un membre de l’armée américaine rejoignant le clan des « Casseurs » (une très mauvaise traduction française. Ce ne sera pas la seule…) et qui, avec son ami coéquipier de toujours, va tenter d’infiltrer l’entreprise Amada pour savoir s’il est bien question d’un accord de Genève volé et d’un égocentrisme exacerbé du génie japonais se prenant pour dieu. Infiltrer est un bien grand mot parce qu’au bout de quelques secondes, c’est déjà la foire aux explosions et aux insultes qui fusent dans tous les sens…
Binary Domain est un TPS. Un Shoot à la troisième personne. On le sait dès les premières minutes puisqu’il reprend énormément (si ce n’est tous) les codes du genre. Vous vous planquez donc derrière des murets curieusement posés curieusement très justement, au bon vouloir du level designer, pour pouvoir tirer sur des robots ennemis. Vous avancez, vous vous planquez, vous sautez par dessus votre cachette de fortune pour vous camoufler derrière une autre… Bref, c’est Gears of War quoi. Nombreux sont les jeux à avoir repris la même formule, mais au moins ceux-ci tentaient de cacher cela avec quelques originalités. Là il n’y a rien, absolument rien de nouveau dans le système de couverture.
Visez les jambes !
Seuls les combats ont de l’originalité. Vous devez en effet viser les jambes des robots pour les faire tomber. Sans cela, si vous leurs explosez la tête, ils continueront de vous tirer dessus. Vous pouvez aussi le désarmer en leur explosant le bras. Au sol, par contre, il faudra aussi les achever : ceux-ci n’hésiteront pas une seule seconde à venir à votre rencontre pour vous frapper, aussi unijambistes soient-ils. C’est ici la seule, je dis bien la seule originalité du gameplay. Elle est passionnante, très amusante à jouer et propose un vrai réalisme dans les affrontements, mais cette originalité n’évolue jamais du début à la fin du jeu.
Enfin, il y a surtout cette facette de « relations » avec les personnages qui n’est pas omniprésente dans le jeu, mais permet de jolis retournements de situation scénaristique totalement différents en fonction des discussions lancées tout au long du jeu. En plein combat, que ce soit au micro (directement à la voix donc) ou à la manette, vous pouvez répondre à vos coéquipiers lors de certains questionnements. Ils peuvent aussi vous dire que vous avez été très mauvais ou très bons dans la dernière session de combat. À vous de jouer les égocentriques, les humbles, celui qui se moque de son partenaire, etc. En fonction de vos réponses (ou de votre silence) vos coéquipiers vous apprécieront ou non et au final, cela changera quelques petits morceaux de l’histoire. Malheureusement, cette bonne idée est gâchée par des choix de réponses totalement flous : « Merci ! » peut vouloir dire que vous vous moquez, tout comme « La ferme » sera peut-être pris de façon gentille. Encore un gros problème nous venant d’une traduction complètement à la ramasse, sans doute…
Intéressant, mais pas amusant…
Binary Domain est sincèrement quelconque manette en main. On tire, on se cache, on assiste à une course poursuite avec une énorme mitraillette au contrôle derrière un véhicule en fuite… C’est d’un quelconque incroyable, déjà vu mille fois. Rien ne vient le sortir de ce marasme si ce n’est son histoire, par contre très intelligente.
Elle nous raconte une histoire de futur désenchanté ou les pays du monde entier vivent largement surélevés, au dessus d’anciennes villes désormais submergées. Le monde est terriblement défaitiste, tout le monde veut prendre le pouvoir ou tout du moins, tente de survivre. Et c’est dans ce monde que la question de l’acceptation de la machine en tant « qu’être humain » se pose. Déja dans notre société actuelle, une telle question serait quasi-impossible à poser, alors imaginez dans un tel futur ? Et c’est via ce synopsis réellement intéressant que, malgré une VF abominable (et je pèse mes mots, même si ont commence à en avoir l’habitude avec Sega) et des insultes toutes les cinq secondes (faisant des mères de chaque protagoniste les championnes du monde des injuriées), Binary Domain parvient à convaincre un minimum.
Il est très intéressant de découvrir ce scénario qui ne part jamais dans trop de délires fantastiques voir fantasmagoriques. On reste toujours dans l’anticipation, le K.Dick pour les nuls, ce questionnement sur les robots et leur volonté d’exister autrement qu’en tant que simples serviteurs. On nous parle aussi de folie créative, de l’homme face à la machine, des faiblesses humaines… Cela fait très « philosophie de comptoir » mais est réellement bien amené. Et même malgré cette traduction française horripilante (qu’il est en plus impossible de changer dans le menu des options), on parvient à s’attacher à certains personnages.
Au final, il y a certes de grosses ficelles scénaristiques, mais à moyen ou petit prix cela peut-être une vraie aubaine pour qui ne s’est pas fait un TPS depuis longtemps. L’histoire est vraiment intéressante à découvrir et il serait plutôt bête de s’arrêter au gameplay certes plus que classique afin de bien cerner ce Binary Domain. Il est loin d’être grandiose, mais il a de grosses qualités à mettre en avant.

Merci au site Gamoniac, le site d’échange malin de jeux vidéo, qui a rendu possible l’écriture de ce test.

0 réflexion au sujet de « Binary Domain »

  1. Je n’avais pas du tout accroché à la démo. Combats un peu brouillons, univers intéressant mais il manquait un petit je-ne-sais-quoi. Puis la VF, ça donnait envie de jouer sans le son! 😛
    Effectivement, c’est comme Vanquish, à petit prix, ça vaut tout de même le coup de s’y plonger, je pense.

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