Tribes : Ascend

Proposer un jeu de tir à la première personne, en Free to Play, c’est beaucoup plus difficile qu’on ne le croit. Parce que le public est particulier, qu’il ne souhaite que du bon gameplay et surtout, que proposer un FPS original est une véritable sinécure. Mais Tribes, ce n’est pas n’importe laquelle des franchises du genre !
Pour la petite histoire…
Le nom de Tribes est apparu pour la première fois le 30 novembre 1998, sur PC, sous le nom de « Starsiege : Tribes ». Il était un jeu multijoueur de Dynamix proposant des affrontements en multijoueur assez quelconque au demeurant. On avançait, on utilisait un jetpack (ce qui était la seule vraie originalité du jeu à sa sortie) mais rapidement, un nouveau gameplay émergea, basé sur l’exploitation d’un bug. Les joueurs se sont en effet vite aperçus que si l’on descendait une colline et utilisait le bouton de saut avec un bon timing, le personnage se mettait à « glisser » tout du long de la pente. Une fois atteint le sol, le joueur utilisait alors son jetpack pour un saut gigantesque dans la carte. C’est ainsi qu’est apparu le « skiing » et qu’il fit la popularité de la série.
Tribes eut ensuite une belle existence sur PC (avec Tribes 2 et Tribes : Vengeance sur PC) mais aussi sur PlayStation 2 avec Tribes Aerial Assault. Tous ces nouveaux opus ont intégré le Skiing dans leur gameplay. Ou comment un simple bug a changé la vie de développeurs qui auraient très bien pu passer totalement inaperçus. Désormais, ce n’est plus Dynamix qui s’occupe du développement des nouveaux jeux de la saga, mais Hi-Rez Studios déjà responsables de Global Agenda (aussi un Free to Play massivement multijoueur). Pour le meilleur.
C’est quoi ton business plan ?
Tribes Ascend est donc entièrement gratuit. Sous ce modèle économique à la mode, le jeu semble ne pas vouloir forcer le joueur à l’achat de façon trop abusive. Vous avez en effet accès à toutes les cartes possibles et à quelques classes parmi les 9 disponibles. Chaque classe à ses particularités et peut être débloquée avec du vrai argent, mais aussi et surtout lors de votre progression dans le jeu. Vous voulez commencer avec une classe particulière dès le lancement de votre partie ? Alors, passez à la caisse et achetez des pièces « gold ». Ou alors, faites assez d’expérience (en pièces « silver ») tout au long de votre partie. On retrouve le concept très honnête (sauf pour les jaloux) du contenu à débloquer soit avec sa carte bleue, soit via la progression dans le jeu. C’est pratique principalement pour ceux qui n’ont pas trop le temps de jouer et veulent vraiment profiter de tout ce que peut offrir Tribes Ascend sans avoir à enchaîner une centaine de parties. Pour les autres, les vrais passionnés qui parviennent à trouver le temps, ce sont des économies de faites.
Ce même principe d’achat ou de progression permet aussi d’obtenir des upgrades de vos différents équipements. Armes et armures pour toutes vos classes doivent donc être améliorées au fil de vos parties, histoire de gagner des bonus en précision, en nombre de munitions, en temps de protection et autres petites choses bien sympathiques. On doit donc constamment passer à la banque, virtuelle ou non, pour obtenir des classes toujours plus à jour et donc intéressantes à jouer. Cela rend les parties franchement chronophages, car une fois une option débloquée sur une arme, on à forcément envie de l’essayer de suite ! Mais par contre, la question se pose forcément : le jeu n’est-il pas déséquilibré pour les joueurs les plus « pauvres » ? Si. Mais on s’en fiche…
Un gameplay précis comme principale qualité
On s’en fiche parce que le coeur du jeu, ce qui le rend passionnant, n’est absolument pas dans la statistique de son arme, dans son skin de personnage ou autre bonus temporaire. Certes, avoir de meilleures armes aide à enchainer les tueries, mais Tribes : Ascend a une chose que les autres FPS Free to Play n’ont pas… Il est incroyablement précis et son gameplay d’une richesse franchement insoupçonnable au lancement du jeu demande un temps considérable pour être maitrisé.
Nous avons donc un personnage avec un jetpack, qui décolle d’un clic de souris, mais cela ne suffit pas. Il faut savoir jauger les clics, les petites pressions sur les gaz, histoire de gagner en distance, en hauteur ou même faire quelques esquives sympathiques. La barre d’espace quant à elle vous permet de « skiier » sur le sol, en pente principalement, pour prendre de la vitesse. Comme à l’époque, vous n’aurez plus qu’à jouer du jetpack pour décoller le plus haut possible ou faire des traversées de carte complètement fous. Tout cela apporte au jeu une règle d’or que peu de FPS ont : ici il ne s’agit pas de bien viser, mais de savoir esquiver. Tout se joue là dessus, même si les armes sont elles aussi très peu gentilles avec le joueur et qu’elles demandent toujours un tir d’une extrême précision.
Tribes est un FPS d’une intelligence rare malgré son aspect très bourrin et c’est bien le plus étonnant. Pourtant, à première vue, proposer une gigantesque carte avec plus d’une cinquantaine de joueurs ne parait pas très intellectuel et semble forcer le joueur à bourriner dans le tas : il n’en est rien, ou en tous les cas cela ne suffit pas. Les classes sont elles-mêmes bien pensées avec de frêles soldats qui se déplacent très rapidement et de gros lourdauds qui jouent du missile téléguidé et du lance-grenades.
Encore un icône qui va traîner longtemps sur le bureau…
Il y a milles et une chose sur Tribes : Ascend que je ne vous explique pas dans ce test, comme la possibilité d’augmenter de « niveau » permettant de débloquer de nouveaux modes de jeu, mais j’estime que cela fait partie de la découverte. Parce que Tribes se joue de façon évolutive, avec beaucoup de choses à débloquer à chaque partie. C’est on ne peut plus passionnant quand on ne sait pas ce qui nous attend et quel nouveau type de partie on va débloquer au prochain massacre.
Aussi, curieusement, les achats ne sont vraiment pas excessifs. Le jeu gratuit est déjà bien costaud point de vue durée de vie et possibilité de jeu, mais ajoutez à cela des prix loin d’être abusifs et surtout, aucune obligation de s’acheter quoi que ce soit. Certes il y a ces « pass VIP » qui permettent de gagner en XP plus vite que les autres… Encore une fois, cela n’a d’intérêt que si on joue peu, pour s’équilibrer avec ses amis qui ne font que ça de leur journée.
Et les lourds, me direz-vous, qui hantent les parties et sont surboostés parce qu’ils ont mis 200 € dans leur personnage upgradé à fond ? Je vous rappelle que vous jouez à plus de cinquante joueurs dans certaines cartes et que par conséquent, ils n’ont pas énormément d’impact sur la partie. De toute façon, la recherche de serveurs vous oblige à jouer avec des personnages de votre rang ce qui élimine pas mal de petites contrariétés liées à l’équilibre des personnages.
Enfin, le mode de jeu principal est très intelligent dans son principe de victoire : il donne à chacun des deux camps un nombre limité de vies qu’il est possible de perdre et c’est donc le premier camp à avoir accusé trop de pertes qui perd la partie. Cela permet réellement d’équilibrer davantage le jeu en perdant l’aspect « personnel » et se forçant à jouer « pour l’équipe ». On n’évite pas les égocentriques qui ne pensent qu’à eux, mais au moins ils se mettront très rapidement toute la carte à dos. Et cela, ça peut faire très mal !

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