Risen 2 : Dark Waters

Avec un premier opus transfuge de la série Gothic, déjà très connue des amateurs de RPG occidentaux sur PC, les développeurs de Piranha Bytes nous ont proposé Risen. Cette suite est cependant bien différente du premier opus… Attention : ce test est basé uniquement sur la version PC du jeu !
Le Gothic qui ne disait pas son nom…
On sait tous un peu près ce qui s’est passé avec cette saga qu’est Gothic. Jowood et Piranha Bytes travaillent de concert pour proposer une série de RPG réellement satisfaisante quand soudain, l’éditeur décide de se séparer de son développeur. Piranha Bytes s’en va alors vers d’autres cieux, mais surtout, décide de créer sa propre série : Risen. Le premier opus s’est bien vendu, mais a surtout été intéressant du côté de la critique. C’est donc tout naturellement que ce second volet en prend le meilleur et change totalement l’univers malgré tout.
Comment ? Les développeurs sont tout simplement passé du médiéval-fantastique à un jeu de pirates, de vrais boucaniers, avec tout un pan fantastique malgré tout. Un peu à la manière des Pirates des Caraïbes au cinéma, la profondeur des personnages en plus. Risen 2 commence très simplement avec le héros du premier opus, désormais totalement désabusé suite à son affrontement contre l’Inquisiteur. Il tente de rester en vie avec sa boisson et ses regrets dans une petite cabane du port de Caldera. Mais le destin va lui bouleverser son programme quelque peu répétitif en le lançant dans une course folle contre une étrange déesse maléfique faisant sombrer tout navire (pirate ou non) et semant la terreur à travers le monde. Pour le background, la profondeur de cet univers, je vous laisse le plaisir de la découverte. Mais il y a beaucoup à apprendre de ce monde qui nous est proposé !
You are a Pirate !
Sur votre première ile, vous allez apprendre les balbutiements d’une vie de pirate. Vous pouvez tout d’abord discuter avec la plupart des PNJ du jeu et cela représente facilement la moitié du temps que vous passerez dans Risen 2. Les discussions sont longues, à embranchements, vous expliquent le contexte, des histoires personnelles, mais aussi un tas d’explications sur le monde qui vous entoure (le grand univers, mais aussi et surtout les petites villes que vous visitez, leurs lois et leur façon de fonctionner). Bref, on est en plein RPG occidental classique. Sauf qu’ici, l’évolution ne se fait absolument pas par points d’expérience, mais principalement par apprentissage.
Je m’explique : à chaque action que vous effectuez, même minime, vous gagnez des points de réputation en conséquence. Ces points peuvent alors être dépensés, à la matière de points d’expériences des autres jeux, dans cinq catégories : le maniement des armes (pour la force de votre épée, l’utilisation d’autres armes blanches ou de jets), l’utilisation de pistolet (vous permettant de tirer plus vite, de recharger aussi plus rapidement), la résistance (votre vie et votre capacité à encaisser les coups de sabres et d’armes à feu), la ruse (la possibilité de manipuler les gens en discutant avec eux, de les convaincre, mais aussi de voler plus efficacement) et enfin le Vaudou (pour les sorts, les potions magiques). Ces cinq catégories sont elles-mêmes séparées chacune en trois sous-catégories précises, qui évolueront toutes seules en fonction de vos choix. Aussi, tout au long du jeu, ce sont ces sous-catégories qui seront quelquefois augmentées par des objets uniques à dénicher ou des plantes rares à consommer.
L’évolution du personnage, voilà qui est fait. Passons aux compétences : celles-ci sont encore totalement annexes, mais bel et bien liées, à vos catégories augmentées. En maniement d’armes par exemple, vous aurez la possibilité de débloquer plusieurs slots d’expertise, mais aussi des talents uniques comme le fait de bloquer son adversaire, le coup de pied pour le repousser, le contre-attaque, etc. Ces compétences sont très particulières puisqu’elles ne se débloquent pas seules, mais tout simplement via un des nombreux instructeurs disséminés à travers le monde. En effet, certains des PNJ que vous rencontrerez pourront vous apprendre des choses moyennant deux choses : de l’argent (beaucoup, ce qui permet de réguler l’économie du jeu avec votre évolution) et des catégories assez évoluées pour accueillir la compétence que vous désirez. Ce principe d’évolution est la force principale de Risen 2 qui en tire un vrai intérêt du joueur pour son personnage, pourtant assez peu charismatique avec ses airs de péteux héroïque et casse-bonbon. On s’attache clairement à l’évolution de son personnage.
Un scénario quelconque, une profondeur originale
Vous êtes donc un flibustier dans une grande aventure. Et quand je dis grande, je ne le fais pas à moitié. Vous visiterez 5 grandes cartes de plusieurs kilomètres virtuels à parcourir en long, en large et en travers. Vous voulez tout trouver ? Vous allez en avoir pour une bonne trentaine d’heures minimum. Vingt heures sont nécessaires pour une partie simple, sans obligation de « tout » finir, ce qui plaira à ceux qui aiment se voir proposer une aventure qui ne force pas la durée de vie. Car dans Risen 2, il y a toujours quelque chose à dénicher. Vous êtes un pirate après tout, rien ne vous est dû à la moindre arrivée en ville ! Même pas sa carte, que vous devrez voler au responsable du coin ou vous voir donnée après une petite quête de reconnaissance. C’est ce réalisme qui fait tout le sel (de mer ?) de ce jeu si particulier et pourtant, dans le fond, tellement basique.
Il y a énormément de choses à découvrir. Au bout de quelques heures, vous pensez avoir tout compris du jeu quand soudain la possibilité de crocheter les serrures s’ouvre (si je puis dire) à vous. Puis vous comprenez que vous pouvez faire les poches des gens en leur parlant ou bien, tout simplement, que vous pouvez les convaincre efficacement en vous spécialisant dans la ruse. En clair, votre charisme, vous vous le construisez tout seul, sans que le jeu vous force explicitement à en user. Un vrai délice. Et puis il y a tellement de choses différentes à faire dans Risen 2 ! Dresser des singes ou des perroquets pour voler des objets, par exemple ? Vous les contrôles alors totalement, avec un gameplay amusant ou vous devez éviter de vous faire repérer lors du vol sous peine de… comment dire… devoir racheter un animal. Pauvre bête.
En parallèle, vous aurez aussi à revendre tout un tas d’idoles en or et de trésors d’une ancienne civilisation en fouillant des temples perdus. Vous pourrez aussi dénicher des cartes aux trésors pour retrouver de grandes croix peintes au sol vous indiquant l’emplacement de bien des richesses. Des armes légendaires, cassées en deux morceaux chacune, sont aussi à trouver dans les plus durs recoins. Tout cela avec une multitude d’originalités de gameplay tels que des mini-jeux de boisson ou de tir (très amusants au demeurant) et surtout, la possibilité de prendre littéralement le contrôle d’un PNJ avec une poupée vaudou. Une première dans un jeu vidéo de ce type, si ma mémoire est bonne. Prendre le contrôle d’un personnage anciennement non-joueur et haut placé puis demander au garde de « donner une montagne d’or à ce garçon, là-bas  » en designant votre personnage principal, c’est un des petits plaisirs que seul un jeu de ce type peut nous proposer.
Les combats, parlons-en…
Si ceux-ci sont évidemment évolutifs, avec de petites particularités qui ajoutent du gameplay, de l’originalité, de la variété dans les mouvements, les combats à l’épée (et au pistolet) n’en sont tout de même pas moins un peu mous et ennuyants sur la longue. Les claquements d’épée sont joliment reproduits, le trip « pirates » est très amusant, mais on était en droit de s’attendre à beaucoup plus de classe. Là, malgré la possibilité de jouer les fins stratèges en évitant les coups, en contre-attaquant, etc, matraquer le bouton de souris est tout aussi possible… du moment qu’on est blindé de Rhum et de Grog (les boissons vous redonnant de la vie instantanément).
Aussi, il y a un arsenal peu original. Moins d’une demi-dizaine de types d’armes sont disponibles et certaines originalités, telles que les bombes, ne sont proposées qu’en fin de jeu. La possibilité de créer soi-même son arsenal est une chose très intéressante, mais la progression est telle que cela est possible là aussi qu’en fin de jeu, là ou on s’en fiche un peu parce qu’on à découvert une arme légendaire très puissante. Bref, il y a un vrai (et le seul du jeu) déséquilibre avec les combats, leur intérêt et l’arsenal proposé. Ne parlons même pas des pistolets, qui ne sont réellement pas assez variés d’un type à l’autre pour réellement sortir du lot.
Et visuellement ?
Dernier point sur les graphismes : c’est très beau, d’un point de vue artistique. Les couleurs sont bien choisies, les filtres sont somptueux, certains moments sont typiquement à capturer pour en faire son prochain fond d’écran, mais malgré tout… Il y a énormément de bugs ! De buissons qui grossissent à vue d’oeil, de modélisations pas toujours très nettes (surtout quand on tente de s’enfoncer un peu dans les forets) et des faciès franchement quelconques. Avec quelques années de retard techniquement, Risen 2 parvient à proposer un beau jeu malgré tout, mais il pêche sur de gros points que les plus pointilleux pourront rapidement trouver insupportables. La mise en scène, avec sa musique grandiloquente (très sympathique, mais pas inoubliable) semble parfaite avant qu’on entre dans une caverne et que les couleurs changent du tout au tout, sans aucune transition. Un peu de finition sur ce point aurait été une bonne chose.
Néanmoins, difficile de bouder son plaisir en jouant à Risen 2. Les premières heures sont pénibles, lentes, la mise en situation prend du temps et le gameplay est tellement simple (mais difficile d’accès) en début de jeu qu’il fera fuir tout débutant. Sauf qu’au bout du compte, en s’accrochant bien, on ne voit plus les heures passées et on vit cette aventure à 100%. Sincèrement, la mise en situation du personnage et son évolution logique des compétences font qu’on s’y attache, qu’on aime réellement s’y croire. Risen 2 est extrèmement immersif pourvu qu’on prenne le temps de le prendre en main. Les vieux de la vieille, ceux qui aiment les jeux à la sauvegarde rapide fréquente et où tout ne vous est pas servi sur un plateau d’argent, où il y a un millier de choses à déceler soi-même pour profiter à fond de l’univers et de ses trésors, vont vraiment en avoir pour leur argent. Une belle surprise, qui fait du bien à un Heroic-Fantasy de plus en plus quelconque pour ce genre de jeu. Et une bouteille de rhum pour les développeurs ! Une !

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