NEW ORBIT

Voici un jeu hors du commun, mélange subtil entre récit d’aventure SF et simulateur de pilotage spatial. Réalisé par un unique développeur, ce jeu indie a su captiver le fan de science-fiction vintage que je suis.

Le pilotage

Éloigné des stéréotypes de l’aventurier intersidéral maniant son vaisseau comme son canon laser, New Orbit nous fait partager le destin de Jonah Braun, un jeune ingénieur pilote qui se réveille aux commandes d’une navette d’intervention, le front ensanglanté et sans aucun souvenir précis du drame qui a précédé. Perdu aux confins de la galaxie dans une zone quadrillée par une armée ennemie, avec peu de carburant et sans aucune carte spatiale, Jonah s’accroche à un mince espoir de survie et tente de rentrer chez lui. Tout les éléments sont en place pour que le parfait récit de SF débute, le joueur va devoir assister Jonah dans les taches de pilotage du vaisseau.

Le challenge de New Orbit réside en grande partie dans votre capacité à diriger le vaisseau tout en maîtrisant les forces gravitationnelles en présence. Tant qu’aucun corps céleste n’est à proximité, le contrôle est relativement simple, essentiellement lié à la poussée du réacteur et à l’inertie du vaisseau. Dès qu’un astéroïde approche, les lois de la gravitation entrent en jeu, admirablement simplifiées pour les besoins du gameplay.

Il vous faudra alors doser la poussée des réacteurs pour infléchir une trajectoire ou une vélocité trop importante, pour entrer dans l’orbite d’un astéroïde ou encore échapper à un champ de mines. Autant de phases d’action qui maintiennent le rythme et la tension au cours de l’aventure et se révèlent extrêmement valorisantes. La gestion du carburant, si elle est intégrée au récit, n’est pas un élément critique. Ajouter une limite de fuel aurait éventuellement pu allonger la durée du jeu, au risque de frustrer certains casual gamers. La navigation d’une mission à l’autre se fait à l’aide d’un scanner qui deviendra de plus en plus précis au cours de l’aventure.

Le vaisseau et le récit

Comme tout bon vaisseau spatial vintage, celui de Jonah embarque un ordinateur de bord qui parle, suggère un plan d’action et n’hésite pas à répéter que vos chances de survie sont autour de 0,2%. A l’instar des premiers épisodes d’Alien, ou ‘Maman’ contrôlait le vaisseau et répondait aux commandes vocales, l’ordinateur est un des personnages du jeu. Il assiste le joueur depuis le premier tutoriel jusqu’aux délicates phases d’entrée en orbite.

Découpé en chapitres, le récit est guidé par l’instinct de survie de Jonah, par les directives de son ordinateur de bord ainsi que par les différentes missions et rebondissements au grès des rencontres que vous allez faire. La seule critique que l’on pourrait émettre, qui est liée à la conception même du jeu, concerne sa linéarité. Le jeu offre cependant une relative replay value (ainsi que des achievements) et les missions peuvent être rejouées avec un déroulement assez différent à chaque fois. Finalement, le rythme de l’aventure soutenu, les multiples missions ponctuées d’attaques ou les remarques cyniques de l’ordinateur de bord laissent finalement assez peu de répit au joueur.

La réalisation

New Orbit est un jeu indie. Par “indépendant”, on entend l’indépendance financière dont ne bénéficient pas toujours les gros studios de développement qui ont la responsabilité d’une grosse équipe. Mais cette indépendance financière est aussi synonyme de moyens modestes. Le développeur de New Orbit semble avoir cherché le bon compromis entre ses ambitions de livrer un récit de SF et les moyens techniques et artistiques à sa disposition. De mon point de vue, il y est parvenu.

Toute la simulation se déroule en 2D, mais les visuels sont affichés par un moteur 3D ce qui donne une simplicité de gameplay alliée à une certaine richesse graphique. Le style graphique de la simulation est à mi-chemin entre cartographie spatiale et visuels réalistes, avec un résultat qui pourra sembler austère mais qui prend une véritable dimension esthétique lorsque les trajectoires s’animent et que défilent les vaisseaux, astéroïdes et autres débris.

Tous les protagonistes du jeu (le pilote, l’ordinateur de bord, les NPC et autres ennemis) ont été dessinés et sobrement animés dans un style bd semi-réaliste. Leurs interventions sont enrichies par des voix enregistrées (par les développeurs eux-mêmes, il semblerait 🙂. Un léger accent Autrichien peut parfois pointer au travers de certaines répliques. J’ai trouvé cela assez exotique, ça pourra en déranger certains.
Les voix sont par ailleurs accompagnées de sous-titres, mais qui ne sont disponibles qu’en Anglais, ce qui peut constituer une barriere à la compréhension du jeu.

La musique est assez présente, mélangeant subtilement interférences radio et nappes saturées au synthétiseur, parfois ponctuées de quelques notes de harpe lorsque le joueur rempli un objectif. Les bruitages de tuyères, d’explosions et autres bips d’ordinateurs prolongent parfaitement l’ambiance SF vintage du jeu. La réalisation est ainsi cohérente et sans défaut technique majeur. A sa sortie le jeu semblait annoncer une suite puisqu’il est sous-titré “Episode 1”, reste à voir si l’auteur a pu en amortir le développement et préparer les épisodes suivants.

Éloge de l’ingénieur

Loin de dresser le portrait d’un guerrier saturé de testostérone, New Orbit nous entraine dans l’aventure d’un modeste ingénieur qui ne peut compter que sur ses seules connaissances techniques pour survivre. On peut y voir une forme d’éloge à une catégorie humble d’aventuriers-geeks capables de manier aussi bien un fer à souder qu’une équation complexe ou une ligne de commande Linux.

Empruntant à des chefs d’œuvre de la science-fiction vintage de 1960 à nos jours, comme Silent Running, Moon ou même Star Trek, le développeur de Blackish Games démontre une vaste culture qu’il a su assimiler et transformer en un jeu réellement passionnant. Son seul défaut pourrait être sa courte durée de vie, compensée par un prix abordable, une replay value et l’éventualité de nouveaux épisodes à venir.

Le jeu est disponible sur iOS, iPhone et iPad. Il utilise le Game Center, et vos achievements y seront visibles. Le gameplay est d’une qualité équivalente sur tablette et sur téléphone, le jeu adaptant parfaitement la GUI au format et à l’orientation du device. Une version PC Windows ou MacOSX est également disponible sur le site de Blackish Games, en “Pay what you want” et avec de nombreux goodies.

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