The Adventures of Shuggy

The Adventures of Shuggy, jeu de plates-formes / réflexion de Smudged Cat déjà sorti dans l’anonymat complet il y a un an sur Xbox Live Arcade, nous revient dans une version PC de la seconde chance. Bon jeu mal marketé ou flop mérité ? La vérité se trouve au bout du manoir.

Shuggy les bons tuyaux.

Le gars Shuggy, jeune vampire de son état, viens d’hériter d’un château. Seul problème, il est squatté par des tas de bestioles, qui pensent pouvoir faire des raves sauvages sans devoir rendre de comptes. Alors, il en a marre de cette bande de racailles ? Eh bah il va s’en débarasser. L’occasion de parcourir la demeure de la cave au grenier, à travers plus d’une centaines de tableaux, découpés en cinq thèmes. Oui, plus d’une centaine, ça vous épate hein, mais un nombre qui ne signifierait rien si leur qualité et leur inventivité n’étaient pas aussi présentes. Chaque niveau se base en effet sur une idée qui va conditionner le gameplay, le but commun étant de ramasser toutes les gemmes y étant disposées. Outre le bouton de saut, qui ne changera (quasiment) jamais, l’autre bouton aura une utilité particulière selon le type de niveau.

Il pourra par exemple permettre de faire pivoter la pièce dans la direction du personnage, saisir un bloc de pierre, manipuler une corde, ou plus tard créer un téléporteur. Parfois on sera assisté d’autres personnages qu’il faudra libérer et qui actionneront des switches, ou même des doubles de Shuggy, que l’on pourra contrôler et qu’on devra donc gérer simultanément, en leur évitant tout contact ennemi synonyme de retry immédiat. Encore plus retords les niveaux avec un chronomètre, qui une fois écoulé reset la position des ennemis, et crée à chaque fois un fantôme supplémentaire de Shuggy, dont il ne faudra pas croiser la route car leur rencontre sera fatale. Parfois le saut changera de propriété, que se soit une gravité plus faible avec la possibilité de planer ensuite, la capaciter de voler à sa guise, et même la zombification de Shuggy, avec un saut chargé à doser alors qu’il avancera tout seul. Pour ne pas être perdu, au début de chaque niveau, une petite explication accompagnée d’une courte vidéo permet de saisir immédiatement les nouveaux principes de gameplay, qui laisseront par la suite place à de petits indices ou descriptifs.

Shug 4 life.

Le système de progression est lui aussi très bien pensé. Chaque partie du château permet d’accéder à une bonne vingtaine de salles qui se cachent derrière une myriade de portes, une seule étant au départ ouverte. Réussir un niveau permet ainsi d’ouvrir les portes alentours. On peut ainsi choisir à sa convenance par exemple de débloquer tous les niveaux avant d’aller se frotter au boss local, ou bien au contraire de tenter le chemin le plus court (avec des tableaux souvent plus retors), quitte à revenir plus tard dans le jeu pour tout compléter. Un système bien pratique aussi quand on bute sur un niveau. Il est ainsi possible de voir la fin du jeu assez rapidement, chaque boss vaincu ouvrant le passage vers une autre zone de la bâtisse, et varier soi-même un peu les ambiances, et les difficultés… les niveaux les plus éloignés de la porte de départ étant souvent bien plus délicats, par leur longueur, leur exigeance de précision ou leur principe de base poussé au plus diabolique.

Pour étendre un peu la durée de vie et la replay value comme on dit aux States, on pourra s’amuser à battre le record de temps pour finir chaque niveau, le jeu enregistrant vos performance, et disposant d’un leaderboard. Mais comme si cela ne suffisait pas, un mode multijoueurs coopératif (local seulement) ajoute de nouveaux stages, plus de 30, et forcément de nouvelles idées (par exemple avec un joueur la tête en bas, l’autre non) pour s’amuser encore plus dans le domaine du nouveau riche. L’occasion au passage d’incarner les cousins de Shuggy déjà croisés dans le mode solo.

Des yeux pas globuleux mais très présents.

Mais toutes les bonnes idées du monde ne vaudraient rien accompagnées d’une jouabilité minable. The Adventures of Shuggy est fort heureusement est grande réussite dans sa prise en main. Très réactif, avec une petite inertie facile à dompter mais pimentant subtilement le gameplay comme tout bon disciple de Mario, c’est un réel plaisir de diriger le petit vampire. Seuls quelques rares manipulations dans les niveaux avec la corde sont un peu rébarbatives.

Si le design ne paie pas de mine au premier abord, derrière cette sobriété c’est vraiment mignon et cohérent tout le long du jeu, avec une finition technique irréprochable. Malgré tout, ce classissime visuel reste tout de même le point le plus faible du jeu, avec un manque de variété et d’exotisme certain dans le thème des niveaux. A tort, beaucoup sont passé et passeront à coup sûr à côté de l’expérience à cause de ce déficit de raffinement graphique. Au moins par ce dépouillement old school, il évite de sombrer dans les gimmicks en vogue, tels les fameux niveaux en ombres chinoises… Les quelques musiques (une par secteur) sont quant à elles très agréables elles aussi, et chaque entrée et fin de zone voit le scénario avancer via une narration en case de BD en adéquation parfaite avec le reste du jeu, offrant de petites respirations amusantes. L’histoire en elle-même n’est évidemment pas très recherchée, et le ton reste assez naif dans le bon sens du terme, une narration discrète mais efficace donc.

Mansion très bien.

En ce qui concerne ce portage PC en question, on se trouve vraiment face à une transposition pure et simple de l’original XBLA. Menus identiques, pas de bonus. Défaut mineur, en plein écran l’affichage est écrasé verticalement sur les écrans au format 4:3 (mais qui a encore un CRT de 800 kg à part moi ?). Dommage aussi qu’on ne puisse reconfigurer les boutons si on branche une manette Xbox, situer le bouton « contextuel » sur la gachette n’étant pas la garantie d’une réactivité maximale à mon sens. Chipoteur arrête de chipoter.

Oui, The Adventures of Shuggy néglige peut-être son sex-appeal, avec une identité graphique certes réussie mais trop passe-partout, cependant derrière cela se cache un concentré de maîtrise de level design. Ce jeu, avec son nombre de niveaux pourtant élevé, arrive constamment à offrir des situations très différentes, et revenir sur d’autres en les complexifiant, offrant de plus un challenge pour tous grâce son sytème de progression « à la carte ». La jouabilité étant de plus excellente, il aurait seulement suffit de remplacer ce pauvre petit vampire par un plombier moustachu pour donner à ce titre la visibilité qu’il mérite… Boombastic !

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