Shad'O

Un Tower Defense français : encore un ? Oui, mais celui-là veut réellement vous raconter une histoire. En soi, c’est déjà une énorme avancée pour un genre très populaire ces temps-ci…
William, le meilleur prénom au monde
Normal, c’est le mien. Mais c’est aussi celui de notre jeune héros de 9 ans qui, dans Shad’O, se réveille en pyjama dans un monde sombre et étrange. Son doudou, un vieux nounours oublié, commence à discuter avec lui et à lui expliquer ce qu’il fait là : pour se réveiller, il va devoir lutter contre le monde de l’oubli et affronter ses cauchemars. Une bonne occasion de poser un univers de Tower Defense original avec pour toile de fond le plus traditionnel des combats : celui du bien contre le mal.
Chaque niveau est un souvenir qu’il faut redorer, en supprimant le voile d’ombre qui le survole. Pour se faire, il faut affronter ses peurs, se matérialisant sous la forme de monstres très différents. De petites boules noires tout d’abord, simples « laquais », puis de plus imposantes bestioles par la suite. Sans parler des boss de fin de niveau, représentés par la toute dernière vague, qui sont les plus imposants. Pour terminer un niveau, il faut survivre à toutes les vagues proposées et ce, avec seulement quelques tourelles en début de jeu. Vous allez pouvoir mitrailler, jouer du laser, étourdir et ralentir, mais aussi générer davantage d’énergie (nécessaire à la création de vos tourelles) en positionnant là aussi vos unités sur les bons emplacements de ressources.
Chaque tourelle possède un design lié à l’enfance : des jouets, des ambiances, toujours bien reproduites et plongées dans cette atmosphère noire. Tout de suite, la difficulté se fait ressentir : nous ne sommes pas là devant un titre très grand public et les vagues d’ennemis vont vite vous le faire comprendre. Reprenant l’habituel tracé allant de la zone d’apparition des ennemis à votre propre zone que vous devez protéger, le jeu vous demande donc de positionner vos tourelles sur le chemin. L’originalité provient du brouillard, qui cache justement vos zones de construction et ne vous permet de placer vos tourelles que dans les rares zones de lumières. Chaque tourelle génère ensuite sa propre lumière, vous permettant d’étendre votre champ de possibilité créative.
Stratégique et complexe !
Qui dit Tower Defense dit très souvent « facilité ». Ici, ce n’est absolument pas vrai. Pour tout vous dire, on s’approche même du jeu bien complexe qui ferait passer Defense Grid pour un titre casual. Dès la demi-dizaine de niveaux terminés, on obtient un premier gros affrontement scénarisé face à un Boss gigantesque. Tout de suite, on passe un nouveau cap de réalisation graphique. Car visuellement, Shad’O est très sympathique.
Il a des petits airs amateurs dans la modélisation de son personnage principal, mais possède une atmosphère unique. Certes, le moteur 3D est légèrement aliasé, mais les fonds animés sont absolument sublimes. Shad’O n’est pas parfait visuellement, mais propre toute de même une bien belle expérience qui sert avec brio le récit proposé. Car au-delà de son gameplay, de ses graphismes, de ses sympathiques (bien qu’un peu quelconques) musiques, Shad’O nous narre une quête de souvenirs particulièrement dure et qui promet une belle révélation finale.
Le problème c’est que la fin, on risque de ne pas être beaucoup à la voir. La faute, justement, à cette difficulté précédemment précisée qui est par moment assez insurmontable. Moi-même, après six heures de jeu, je ne suis toujours pas parvenu à passer le premier gigantesque Boss. Pourtant, j’ai bien compris qu’à chaque niveau terminé je débloquais un pouvoir ou une amélioration de tourelle. J’ai tout à fait saisi qu’il était possible de recommencer chaque niveau en Mode Cauchemar pour un défi plus complexe, mais qui permettait de débloquer quelques bonus. Et ces niveaux « étoilés » qui permettant de se voir octroyé des bonus passifs, proposant des défis très originaux (de la survie, des cartes à piocher nous obligeant à nous servir de certaines tourelles…), je les ai bien saisis aussi. Pourtant, amélioré au maximum de mes possibilités, impossible de voir le bout de ce satané niveau. Évidemment, il est possible de le battre : je manque juste de stratégie. Mais quelle difficulté !
Beau, mais difficile…
L’histoire du jeune William est saisissante et donne un vrai but à ce Tower Defense empreint d’une véritable atmosphère, originale. Par contre, sa difficulté est très élevée. Ajoutez à cela l’impossibilité de recommencer son arbre de pouvoirs et d’évolution des tourelles, et vous aurez aussi quelques jolis problèmes d’ajustement de difficulté face à vos ennemis si vous vous orientez trop vers l’attaque ou la défense : préférez un juste milieu. Ce problème de choix du joueur qui peuvent clairement le coincer n’est pas à prendre à la légère : vos choix sont cruciaux.
Au niveau de pouvoir, il y a vraiment de durs choix à faire : pouvoir éclairer la zone et blesser vos ennemis, ou bien protéger vos tourelles d’une attaque ennemie incapacitante ? Tout cela est à bien jauger, sans trop tirer vers le « tout bourrin » pour éviter d’être bloqué (comme je l’ai fait). Surtout que les pouvoirs sont précieux sur le terrain, puisqu’ils coutent des orbes que seuls vos ennemis tués lâchent lors de leur dernier râle de douleur. Une ressource dont il va falloir prendre bien soin.
Que dire finalement du titre d’Okugi ? Pour un premier jeu, c’est assez épatant. On se passionne pour l’ambiance et même très difficile d’accès, le jeu reste chronophage et vraiment percutant. Même avec mon gros problème « d’arbre de compétence » raté et mon défi très élevé face à des boss gigantesques, j’ai toujours eu envie de continuer l’aventure et de recommencer partie sur partie. Le genre de jeu qui vous fait dire « bon cette fois c’est terminé », qui vous fait fermer la fenêtre… Et où vous vous surprenez à la rouvrir dix minutes plus tard avec la certitude d’avoir deviné la bonne stratégie à suivre. Bref : un Tower Defense non dénué de défaut, qui mériterait quelques ajustements très rapidement, mais qui risque de faire son petit bonhomme de chemin bien mérité.

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