The Unfinished Swan

Aujourd’hui, maman est morte. Alors certes ce n’est pas très joyeux, mais si Albert Camus débute l’un de ses livres ainsi alors pourquoi ne pas démarrer un test de la même façon… J’en ferai peut-être un best seller.

Une drôle de Journey

La Xbox 360 accueille depuis des années un nombre important de jeux indés avec son lot de mer…euh… de tondeuses à gazon comme « No Lucas no » mais aussi de perles comme GSS vous en montre tant.

Sur PS3 le constat est bien mitigé et il aura fallu attendre que Journey soit encensé par la critique (peut-être un peu trop…) pour que le jeu passe sur le devant de la scène. Mais il existe d’autres jeux de qualité encore inconnus au bataillon et « The unfinished swan » est l’un d’entre eux.

Vous incarnez un jeune garçon dont la mère est récemment décédée, car non je ne fais pas d’intro façon Albert Camus juste pour le fun. Votre maman était une artiste vouée à la peinture, mais perfectionniste au point de n’avoir achevé aucun de ses tableaux. N’ayant pu conserver qu’une seule de ses œuvres vous avez choisi sa favorite : le cygne inachevé. Cependant un matin au réveil l’animal a disparu de la toile, vous vous lancez donc à sa recherche en pénétrant dans le tableau.

L’angoisse de la feuille blanche

La première image que l’on donne de soi est souvent celle qui marque, la plupart des titres exploitent donc de cet adage en proposant des premiers niveaux souvent bien plus beaux que le reste du jeu. « The unfinished Swan » joue au contraire la carte de la découverte progressive : vous débutez dans un univers blanc immaculé. L’absence de couleur est si intense qu’il vous est impossible de discerner le moindre volume, heureusement pour vous une simple pression sur la gâchette enverra voltiger une salve d’encre afin de révéler votre environnement. La progression se fait ainsi au fil des murs/ponts/animaux que vous aurez généreusement souillés, allant du simple banc à la grenouille au bord du lac…

Au second niveau votre encre sera remplacée par de l’eau et celle-ci, contrairement à l’encre, sèche et s’efface. Mais n’ayez crainte les premières nuances de gris auront fait leur apparition vous permettant d’appréhender bien mieux les différents espaces. Un peu plus tard les premiers signes de verdure feront eux aussi surface et votre eau sera l’élément idéal pour aider celle-ci à se développer. Les murs les plus hauts ne vous feront plus peur, quelques litres d’eau sur un bourgeon faisant pousser une échelle digne de Jack et le Haricot Magique…

La critique est facile, mais l’art est difficile.

Le son est lui aussi minimaliste, l’ambiance est essentiellement constituée des sonorités de votre environnement, vos bruits de pas, les éclaboussures de l’eau, etc. De temps à autre une légère musique de fond viendra ponctuer ce « vide » sonore, mais jamais de façon prononcée.

« The Unfinished Swan » fait partie de ces jeux que l’on ne peut expliquer, car il faut les vivre. Malgré le minimalisme de son style se dégage une expérience émotionnelle digne des plus grands tableaux. Un jeu sans grand méchant, sans effets pyrotechniques, sans sexe, sans violence et pourtant bourré d’intérêt, en bref une oeuvre sous le cygne de la poésie.

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