Driftmoon

Sept ans de développement, un couple de développeurs et beaucoup d’amour pour les Action-RPG de la belle époque, c’est ce qu’il a fallu à Instant Kingdom pour nous proposer la version finale de Driftmoon. Une aventure, des mods et beaucoup d’idées… Finalement porteuses d’un bon jeu ?
L’aventure avec un grand arc
Vous êtes un villageois parmi les autres qui, en rentrant de votre dernière virée dans la campagne profonde, voit ses parents s’exciter sans aucune raison. Un désastre s’annonce et on vous balance littéralement dans un puits pour vous cacher et vous fêler trois cotes. Bref, la journée commence très mal pour vous ! Sans compter sur votre sortie du puits, où vous vous rendez compte que le village entier a été transformé en pierre. Vous êtes seul pour partir à l’aventure et découvrir dans les villages voisins ce qui a bien pu causer cette catastrophe. Tout cela sur fond de prophétie, d’un grand méchant malheureusement de retour et d’une flopée de nouveaux protagonistes à rencontrer.
L’histoire n’est peut-être pas incroyablement originale, excepté ce moment ou vous vous cassez la nuque dans le puits (merci maman !), mais elle a le mérite d’être très joliment écrite. Les dialogues se déroulent de la même façon que dans les mythiques Baldur’s Gate, Icewind Dale et autres Planescape : Torment. Vous avez une narration, des échanges entre les personnages, aux couleurs des écrits différents en fonction de qui parle (le narrateur, votre personnage ou votre interlocuteur). Plusieurs réponses sont possibles allant du très gentil au neutre voir au carrément méchant. Cela a de vraies répercussions sur certaines quêtes annexes du jeu et globalement, si vous n’êtes pas un bon ami, vous finirez le jeu assez seul…
Du coté du déplacement, c’est assez original : vous voyez en vue isométrique de très haut et pouvez zoomer/dézoomer à volonté avec votre molette de souris. Entièrement en 3D très simple, très amateur, mais qui ne manque pas de charme, Driftmoon s’inspire d’un million de jeux du même genre pour en tirer le meilleur. Ainsi, il y a des idées pas communes qui vous sont proposées : pouvoir jouer avec la physique et tirer/pousser les chaises, les tables et tout objet massif à terre avec votre pointeur de souris, permet de découvrir quelques objets cachés.
Combats au clic
Vous avez deux possibilités de combat : au corps à corps avec une épée, une hache ou que-sais-je encore, mais aussi à l’arc, à distance. Vous passez de l’un à l’autre d’une simple pression sur la bonne touche du clavier et évidemment, certains ennemis sont plus ou moins sensibles à chacune des façons de se battre qui vous sont proposées. Concernant vos compagnons, souvent seuls en début de jeu, mais qui peuvent être trois voir quatre en fin de partie, il est aussi possible de leur fournir du matériel en leur demandant d’ouvrir leur inventaire. Au final, on gère entièrement ce que nos personnages portent avec de vrais visuels changeants en fonction des objets portés. Oui, vous aurez l’air très bête avec cette coquille d’oeuf faisant office de casque de fortune !
Globalement, les combats sont très quelconques. Vous enchainez les clics, appuyez sur des raccourcis pour activer des coups spéciaux et/ou magiques et faites attention à vos jauges de vie et de mana. Une barre de raccourcis supplémentaire vous permet d’y ajouter vos potions, certains objets, comme bon vous semble. On pestera sur cette fâcheuse habitude que le jeu a à nous supprimer les potions de la barre de raccourcis juste parce qu’il n’y en a plus dans l’inventaire : il faudra souvent penser à replacer les potions au bon endroit si vous êtes du genre à spammer leur utilisation.
On ne peut pas dire que l’arbre des caractéristiques à débloquer soit particulièrement varié, bien au contraire : deux/trois combos, des statistiques passives permettant d’augmenter votre force si vous n’avez plus de vie ou votre chance d’effectuer des coups critiques, un oiseau à upgrader qui vient régulièrement vous soigner et faire le plein de mana… Et c’est tout. On est bien loin des ténors du genre et il faut l’avouer, cela pose un peu problème dans le jeu tant l’évolution n’est pas énorme, comme ne sont pas variés les objets à découvrir.
Écriture de qualité !
Ce qui fait de Driftmoon une aventure particulièrement agréable, en plus de son univers mélangeant habilement les codes de l’heroic-fantasy avec un peu de moderne et des traces de Steampunk, c’est clairement l’écriture de son scénario et de ses dialogues. Souvent très drôles, parfois poignants, les évènements sont toujours particulièrement bien racontés que ce soit en scènes de dialogues, en écrans narratifs avec de beaux artworks ou même avec les quelques lignes qui apparaissent au dessus des protagonistes en pleine aventure.
Tout cela lui excuse bien des défauts, à commencer par son crafting limité, son inventaire chiche et sa durée de vie. Un menu vous permet, moyennant un Blueprint et des ingrédients à trouver dans la carte, de créer des potions, des bombes et autres joyeusetés. Seulement voilà : on ne dépasse pas la dizaine de créations disponibles et finalement Driftmmon se révèle bien moins ambitieux que prévu. Assez court (je n’ai eu besoin que de six heures de jeu pour terminer le scénario principal avec environ 80% des missions secondaires, même si j’avoue sans mal avoir passé quelques dialogues lus en diagonale), il est aussi très limité en contenu. Pourtant, les mods déjà nombreux changent clairement la donne…
Quand les mods sauvent la durée de vie ?
En plus de son aventure principale et de quelques quêtes secondaires, Driftmoon accueille aussi des mods. Ceux-ci, développés par quiconque met les mains dans le cambouis très bien expliqué qu’est l’éditeur de niveau, sont directement téléchargeables et ne pèsent presque rien, dépassant rarement le MO de données. Néanmoins, ils nous racontent de nouvelles histoires, ajoutent des quêtes originales voire même des objets de qualité pour combler le manque original.
Absolument nul en création (ce n’est pas pour rien que je ne fais que critiquer !), j’y ai trouvé un outil très performant se servant d’un moteur original plutôt convaincant. Alors oui, ça ne tourne pas sous Unreal Engine 3 et ce n’est pas la pétarade d’effets spéciaux que vous avez l’habitude de voir, mais Driftmoon est charmant comme aucun autre jeu. Il a des défauts, mais nous raconte une histoire d’une grande qualité, avec un amour de l’écriture qui transparait immédiatement après quelques minutes de jeu. Les derniers moments d’histoire toujours bien écrits, mais un peu rapide, sont difficiles puisqu’ils signent la fin d’une aventure à laquelle on accroche rapidement et qui ne nous en donne pas assez. On espère donc sincèrement que le couple finlandais Ville et Anne Mönkkönen se remettront aux travail très rapidement pour nous sortir une suite, spirituelle ou non, qui nous replongera dans cet univers très accueillant !

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