Pressure

Serais-je prompt à l’exagération, je porterai bien plainte contre Pressure. Pas qu’il soit mauvais, c’est même plutôt tout le contraire. Mais le très peu de communication autour (comme son classement Steam) peut vous faire croire que vous aller tomber sur un jeu de course. Laissez-moi donc vous détromper : Pressure est un shoot’em up. Accessible, intense et juste extrêmement fun.

Carottes vapeur

Vous seriez excusés de ne jamais avoir entendu un traitre mot sur Pressure. Le premier jeu des Allemands de « Chasing Carrots » (oui, c’est le nom des dev) est sorti dans un silence qui n’inspire pas le moindre début de confiance. En tout, je n’ai trouvé qu’une vidéo YouTube (anglaise) et un test (espagnol) vous parlant de cette petite perle. Alors, partant de la base qu’on est jamais aussi bien servi que par soi-même, permettez moi de commencer par l’histoire. Le conte a vidé votre lac pour remplir son spa. Vous allez lui péter la gueule, à lui et tous ses potes, en retour.

Voilà, ça c’est fait. Pour réaliser cet objectif, vous avez en votre procession une machine de guerre à vapeur. La voiture en question est quelque part entre le hot-rod et le coupé cabriolet, équipé d’un moteur turbo, un canon, une arme optionelle, bélier, siège en cuir, autoradio MP3… Bon OK, peut être pas le dernier. Les contrôles, de fait, son assez simple : accélération et frein, le tir principal qui est en autofire et qui pars droit devant votre vous, le tir secondaire d’un côté (qui se recharge assez vite, mais j’y reviens bientôt) et le turbo de l’autre.

L’utilisation de tout cet attirail sera salutaire parce que, pris à froid, Pressure peut être dur. Le Game Over vous tombera dessus d’une des deux jauges dans le coin supérieur gauche de votre écran. La verte est la santé. Pas de quoi me répandre sur le sujet, vous êtes assez grands pour savoir qu’éviter les balles vous suffira à la garder en état. Le vrai bazar stratégique vient de la blanche : la pression. Vous en perdez en permanence (même si l’utilisation du turbo, du tir et de vos armes secondaires n’y touchent pas). Vous pouvez limiter cette fuite en restant en vitesse max, et les seuls moyens d’en regagner sont de faire exploser un ennemi ou d’atteindre un point de contrôle (qui rechargera quasi entièrement les deux jauges au passage).

Première pression à froid

Vous captez le système ? Plus vous allez conduire vite et exploser tout ce qu’il y a sur l’écran, plus vous aurez de chance de progresser. C’est d’autant plus nécessaire que ratiboiser les sagouins qui oserons vous poser résistance (un bestiaire extrêmement varié d’ailleurs, composé de petites voiturettes aux bateaux roulant en passant par des tanks, des dirigeables ou des jacuzzis sur roue) vous fera aussi gagner des espèces sonnantes et trébuchantes, vitales pour upgrader votre machine et pour voir quoi que ce soit au-dessus du niveau 1-5 en difficulté normal.

Heureusement, les upgrades sont nombreuses et bien pensées, avec cinq à dix possibilités dans chaque catégorie. Si les châssis et béliers sont de simples montées de gamme, les armes primaires et secondaires changent totalement le gameplay. Passer d’un lance-flammes qui couvre une large zone un peu au pif à une sorte de railgun qui va raser trois ennemis bien en ligne devant vous, si vous arriver à toucher, c’est le jour et la nuit. Pareil pour les options activables, allant d’un soin d’urgence à une mini bombe nucléaire en passant par un aimant à méchants et bien d’autres. Les possibilités sont donc énormes, d’autant plus que vous pouvez souvent choisir entre améliorer votre équipement actuel ou préférer l’arme ou au bélier suivant, et c’est un peu l’un des problèmes : si vous partez dans une direction qui ne vous correspond finalement pas à votre style, aucun moyen de revenir en arrière.

Comme je le disais trois paragraphes plus haut, si vous ne pensez pas stratégie et comment vous aller vous développer rapidement et si vous dilapidez vos piécettes au tout venant, vous pouvez vous prendre un mur de difficulté mortel dans la tête qui vous obligera à recommencer votre partie de zéro. S’il est effectivement possible de revendre votre ancien équipement, ce sera pour un tiers du prix d’achat environ, ce qui ne vous emmènera pas loin. Et si comme votre serviteur vous envisagiez de farmer les premières zones pour vous renflouer votre compte, oubliez : en mode histoire, vous ne pouvez simplement pas. Non, Pressure veux que vous bossiez pour votre victoire. Il veut que vous réfléchissiez, que vous le compreniez et que vous l’apprivoisiez. Pour ça (et le jeu ne vous le dis pas, donc je le fais), vous pouvez refaire les niveaux individuellement grâce au mode « Partie Libre » en redistribuant toutes vos pièces, histoire que vous appreniez vos forces et vos faiblesses.

Faites sauter la soupape

Et, fort ironiquement, c’est une fois que ce sera fait que vous pourrez découvrir un trésor de bourinisme et de plaisir. Le style graphique permet au jeu d’avoir une vraie patte et surtout d’afficher un pandémonium « Michael Bayesque » sans baisse de framerate qui nuirait à la vitesse, parfois frénétique, de l’ensemble. Au sein d’un même niveau, on fait un saut au dessus d’un ravin poursuivi par deux tanks avant un trajet dans un toboggan aquatique. Puis le sol s’effondre sous vos pieds, vous obligeant à slalomer pour ne pas finir dans la lave. Puis une moissonneuse batteuse vous force à mettre le turbo en permanence si la perspective d’être un petit tas de copeaux ne vous séduit pas. Et je ne vous parle pas des combats contre les boss, tous à plusieurs formes, vous demandant de réfléchir plus que d’habitude pour leur faire mordre la poussière. Le jeu possède aussi une option coop bien fun et bordélique qu’il peut en avoir l’air, avec un netcode qui tient bien la route (sic).

Alors oui, le manque de moyen se sent par moment. Les musiques ne sont pas exceptionnelles, avec un style fukny seventies un peu rabâché, le scénario présenté par de rares cutscenes n’est vraiment pas transcendant avec un humour qui a ses ratés, et la durée de vie pour le mode story (entre 3 et 5h selon votre degré de compétence) est décevante. Mais rien que le fait que je dise « bon Dieu c’est trop court » vous résume ce que j’ai pensé de ce Pressure.

Ce jeu m’a fait retrouver mon âme de gosse. Il m’a rappelé les heures sur « Raptor: Call of the Shadows » il y a presque 20 ans de cela. Il m’a surpris à m’intéresser à un genre dont je ne suis pas le plus grand fan pour réfléchir en termes de stratégie et de développement. Et il m’a donné des petits moments de joie totalement immature en voyant exploser la moitié de l’écran. J’ai peur de tomber dans l’enfer de chercher des PCB de Futanari Black Label ou que sais-je (et auquel cas, je déposerais ma plainte, bordel), mais ça le valait. Que vous le prenez au 15€ qu’il coûte actuellement ou que vous attentiez une promo, si vous n’êtes pas contre une expérience bourrine et simple, ne ratez pas Pressure.

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