Dyad

J’ai prévenu Skywilly (notre-bien-aimé-rédac-chef) : ce texte ne sera qu’un long et passionné hululement d’amour pour ce chef-d’œuvre. Mettez-vous à ma place. C’est comme si la femme ou l’homme de vos rêves, celle ou celui qui a absolument tout ce que vous recherchez, se présentait devant vous et vous invitait à diner. Parmi les jeux qui ont littéralement absorbé ma vie, il y a Wipeout, Audiosurf, Frequency et Rez. Dyad, c’est tout ça et plus encore, en un superbe ensemble harmonique.

(I just) Dyad in your arms tonight

Je vais commencer donc à m’acharner à le disséquer d’un point de vue médical avant de perdre totalement le peu de contrôle qu’il me reste. À la base, Dyad est très simple. Un tunnel sans fin, et des mines de couleur bleu ou jaune. Accrochez-vous à une mine, et vous vous propulserez. Touchez une mine, et vous subirez un arrêt brutal. Enchainez deux mines de même couleur, et vous aurez un boost de vitesse (d’où le nom du jeu, mot référence à tout ce qui marche en duo; hé oui). Ça, c’est au début. Et petit à petit, très graduellement, les mécaniques de gameplay vont s’ajouter.

Au fur et à mesure des 26 niveaux du jeu, vous allez apprendre des variantes d’objectifs (arriver à la fin du niveau le plus vite possible, aller le plus loin sans toucher de mine, réussir le plus gros gameplay, etc), mais surtout de nouveaux pouvoirs. Frôler les mines de près vous permettra de déclencher un boost/bélier (nommé lance) vous permettant de raser les mines, que certains bonus pourront allonger ou couper brutalement. Réussir des combos de couleur vous octroiera un « tire-fesse » (oui, c’est le nom ingame) qui vous boostera entre les deux mines en question. Bien d’autres sont encore à suivre, mais je vous laisse la surprise.

Et étrangement, vous n’aurez aucun mal à enchaîner toutes ces mécaniques dans le jeu à la fin de votre parcours. Car si je me retiens d’évoquer l’éléphant dans la pièce pour l’instant, à savoir le côté audiovisuel de l’objet, une chose que je vous prie de croire : il y a un vrai, très bon jeu dans Dyad. Le scoring à une place importante et les leaderbords donnent un côté très « Geometry Wars » à l’ensemble. Ce n’est pas une sorte de machin bizarroïde et prétentieux sur lequel on a collé un gameplay par dépit, c’est un jeu d’arcade dans un écrin halluciné. Et mon Dieu, quel écrin.

My god, it’s full of stars

Vous décrire le côté graphique de Dyad… Mmh… Vous avez joué à Tempest sur Atari ? Non ? Une production de Jeff Minter en général peut-être ? Vous avez décidé de ne pas me faciliter la tâche, donc ? Très bien. Dans ce cas, reprenons. Tout dans Dyad est fait de couleur vive sur fonds noirs et pastel, de néons, d’effet de persistance et de messages en surimpression, de bloc en fil de fer et de dégradés de couleur. Je n’ai jamais pris de LSD, mais oui, je suppose qu’on est dans cette idée là.

Si les niveaux commencent le plus souvent en douceur, il n’est pas rare qu’au bout de quelques minutes, tout défile à toute vitesse. Vous pourriez penser que ça peut nuire à la lisibilité du jeu, mais c’est étonnement rarement le cas. Les mines et autres obstacles arrivent toujours à se démarquer juste assez pour vous laisser en total contrôle de l’action. L’effet qu’aura cette surcharge graphique, par contre, sera de vous plonger intégralement dans le jeu. Quand les trailers parlaient d’expérience méditative, j’ai gloussé cyniquement comme il se doit, mais… Si. Totalement, si.

Tout s’enchaîne dans un blob de couleurs et d’effet, tout s’emmêle, mais donne une impression étrange : Dyad à toujours l’air joyeux. Plus vous enchaînez les combos, les frôlements, les propulsions réussies, plus l’écran explose de vie, s’anime et vous donne toujours plus envie de réussir… Et entre chaque niveau, vous retournez dans des menus blancs, calme, pour vous offrir quelques secondes de repos. C’est une mécanique diabolique, géniale, déjà utilisée par Rez en son temps : soyez bon, et le jeu vous récompensera d’une décharge d’endorphine pure droit dans les pupilles.

Accord parfait

Mais cette pyrotechnie ne serait rien sans les musiques pour les complimenter, et encore une fois, le parallèle avec le vibrant opus de Tetsuya Mizuguchi est évident. Son et image marchent en parfaite harmonie dans Dyad. Chacun des 26 niveaux a sa musique, qui réagit entièrement aux actions du joueur. Un thème qui s’emballe quand les actions de bravoure s’enchaînent, se calme quand le joueur se pose, se prend un scratch violent quand il touche une mine, devient inquiétant quand l’énergie devient basse dans les niveaux concernés, et ainsi de suite.

La thématique est plutôt ambiante et chill-out, et colle de fait parfaitement à l’expérience sensorielle qu’offre le jeu. Et comme vous vous en doutez, chaque combo réussi ou bonus envoyé déclenchera un petit effet sonore bien en rythme, qui servira autant à vous mettre dans l’ambiance qu’à vous donner des indices bien utiles. Tout est fait pour vous mettre dans le groove, faute de meilleur mot, et vous y garder, le plus longtemps et le plus efficacement possible.

Chaque niveau est disponible en trois versions, une disponible de base et les deux autres dès que le réussissez. La première vous demande simplement d’avoir une étoile (sur les trois possibles) sur un objectif précis pour pouvoir débloquer la zone suivante. Si ça ne devait pas poser de gros challenge même aux joueurs moyens, les actions demandées et l’arrivée permanente de petites additions tiennent l’ennui loin tout au long.

La deuxième version, « Trophée », vous donne un objectif très difficile et vous débloque un achivment si vous le réussissez. Les amateurs de challenge seront vraiment servis et pour une fois que les médailles en chocolat représentent un vrai challenge, on ne va pas s’en plaindre. Bonus non négligeable, ces défis ont droit à des versions remaniées, graphiquement et musicalement, de leur niveau d’origine. Troisième et dernière variante, « Remix » vous permet de régler différents paramètres pour vivre l’expérience comme bon vous semble, quitte à jouer n’importe quel niveau en mode infini sans aucune indication à l’écran (ou bien plus tordu encore) si ça vous chante… C’est naturellement le seul mode du jeu sans leaderbord, et celui sur lequel votre serviteur a passé le plus d’heures dans des expérimentations diverses.

L’opium du peuple

Au final, à qui s’adresse Dyad ? À ceux qui sont capables de se perdre entièrement, corps et âme, dans un jeu, d’être plus qu’une interface entre l’écran et la manette. À ceux qui apprécient les mélanges harmonieux de musique et d’images. À ceux qui veulent un jeu de scoring exigeant. À ceux qui veulent juste un petit jeu pour se changer les idées trente minutes de temps en temps. À ceux qui veulent juste en prendre plein les yeux et les oreilles. C’est un trip unique et détonant, une combinaison d’éléments connus qui aboutissent à un mélange unique, quelque chose qui vous manquait sans que vous le sachiez. Non, en fait, je crois vraiment que je suis amoureux.

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