Alcarys Complex

La mode est clairement aux jeux de rôle bavards chez les développeurs les plus indépendants. Après six ans de développement et un Kickstarter réussi à 4000 $, Alcarys Complex débarque sur Desura et tente l’aventure Steam Greenlight. Mais concrètement, que propose t’il ?
Une histoire avant tout…
Se déroulant sur un continent nommé Elcaea, très marqué par la guerre, l’histoire d’Alcarys Complex nous raconte l’épopée du jeune Corvallis Unruh. Du haut de sa vingtaine d’années, cet assistant en laboratoire va tout d’un coup se retrouver confronté à une bête se tenant debout devant sa mère, écrasant tout ce qu’il trouve dans le domicile familial. Curieusement, la mère de notre héros lui demande d’assommer la bête, mais de ne pas la tuer ! Commence alors une grande révélation à base de transformation en une espèce de loups-garous, une destinée prenant une ampleur considérable lorsque le sort de la planète tombe entre les mains de Corvallis et surtout une belle histoire à découvrir entre les différents protagonistes jouables, dont la belle et fougueuse Angela Leyline qui est bien loin du stéréotype crétin de la fille dans le jeu vidéo.
Six personnages sont jouables tout au long de l’aventure qui se trouve être très scénarisée. Un peu trop même, tant le jeu est extrêmement bavard et se rapproche rapidement d’un livre interactif. Pour forcer ce trait littéraire, le jeu base aussi toute l’évolution du personnage sur sa sociabilité : dès que vous discutez avec une personne, que vous lui répondez, que écoutez ses problèmes, vous obtenez des points de sociabilité. Si vous passez une « cinématique », alors vous en perdez. Tout cela aura des conséquences sur votre progression puisque plusieurs actions non obligatoires qui vous permettent de mieux comprendre le monde qui vous entoure, mais aussi de l’affronter avec de meilleurs moyens, seront à débloquer ainsi. Les SP, Social Points, permettant aussi d’être dépensés en amélioration des personnages en terme de vie, de force, de vitesse ou de dextérité.
Des combats, pour faire « genre »
Clairement présents pour dynamiser une narration très bavarde et littéraire, les phases de combat en temps réel, façon Secret of Mana, n’en sont pas moins assez bancales. On est clairement dans l’amateurisme qui manque d’autocritique et il est évident qu’il y a un fossé entre la construction du récit et des affrontements. Les combats sont assez quelconques, lents, inutiles et en soi, on ne mettra pas cela en avant quand on parlera d’Alcarys Complex. Pire encore : ils cassent le rythme et sont rapidement ennuyants pour ceux aimant le principe de roman interactif, très décevants pour ceux qui espéraient quelques défouloirs.
Les personnages non-joueurs sont particulièrement bien traités par les auteurs, tant le gain de Social Points qu’ils apportent leur donne de l’intérêt. Du coup, plein de petits détails sur l’univers et la trame scénaristique principale passent par ces rencontres. Et heureusement ! Car si le jeu est bavard, l’action n’en est pas moins frénétique. On passe d’une contrée à l’autre « en deux temps, trois écrans » et tout avance très vite visuellement, tout en prenant son temps d’un point de vue de l’histoire. C’est complexe à définir, mais oui, il y a une certaine gêne dans la progression qui donne trop peu de chance au jeu de s’ouvrir à un large public.
Reste un autre gros problème : les graphismes. Plutôt mignons et efficaces, fluides et inspirés, ceux-ci manquent de relief. Ainsi, on confond une sortie avec un mur, on ne comprend pas trop les hauteurs des cartes en extérieur et on s’y perd souvent. C’est un gros point noir parmi tant d’autres.
Reste le récit et de ce point de vue, c’est très bien écrit. Bavard, on ne le répétera jamais assez pour prévenir tous ceux croyant s’attaquer à un J-RPG indépendant, Alcarys Complex est très bancal, mais promet beaucoup pour la suite du studio concernant les histoires qu’ils vont nous raconter. On espère juste qu’en temps, ils n’oublieront pas d’en faire un jeu.

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