Journey of a Roach

Edité par Daedalic et développé par Kobold Games, Journey of a Roach est un énième jeu sorti de l’usine à point and click. Pour autant, l’aventure de ces cancrelats en mal de nature se veut différente et à part dans ce genre devenu bien vigoureux ces dernières années alors qu’on le donnait pour mort. En attendant le verdict, on range gentiment de côté l’insecticide et on joue.

Des cafards en manque de vert

A la surface, la terre semble avoir été ravagée comme en témoignent les stigmates d’une guerre ou d’une catastrophe nucléaire, peut-être les deux. Au milieu de cette désolation, un cafard mal en point s’émerveille à la découverte d’une fleur, la flore étant aussi rare à la surface que le bon sens en politique. Alors qu’il part à la rencontre de son ami pour partager avec lui cette découverte, il se retrouve coincé bon gré mal gré par un bidon de déchets radioactifs. La mise en bouche faite, on prend le contrôle de l’ami en question histoire de sauver notre maladroit comparse. Ce sera ni la première, ni la dernière fois. Et c’est ainsi que démarre votre quête pour un coin de verdure.

Journey of a Roach s’affiche dans une 3D plutôt quelconque qui réussit à charmer malgré tout grâce à son rendu  »cell-shadé » avec un côté dessiné à la main façon bande-dessinée ou comics, un peu à la manière d’un Borderlands. Les différents protagonistes étant quelque peu figés dans leur expressivité tridimensionnelle, les développeurs compensent ces faiblesses de l’animation par des séquences cinématiques faites à partir d’images fixes. Néanmoins, point d’effluves de pleurs ici, le ton reste léger, malgré un background de guerre et la misère qu’on lui associe habituellement. Comme tout vrai cafard, on s’infiltre dans la vie d’autres insectes, ou arachnides, à la recherche de notre ami qui n’a rien de trouvé de mieux que de s’enfoncer six pieds sous terre.

Le refrain est toujours le même, on se retrouve bloqué à devoir remplir quelques énigmes afin de passer à la suite. On trouve des objets pour les amener tous et dans les ténèbres des galeries souterraines les lier. Pour se faire, l’interface est clairement simplifiée à l’extrême, avec des icônes permettant de différencier très nettement ce qui est un puzzle du reste. La prise en main est immédiate et les premiers pas sont un bon moyen d’apprendre à manier la cafard. Il y a cependant une assez grande différence entre ce dernier et un George Stobbart, la vermine étant capable de grimper aux murs et au plafond. Quand cela est possible, se mettre la tête à l’envers deviendra nécessaire pour trouver le truc qui vous empêchait jusque là d’avancer dans la bonne direction.

Les puzzles s’enchaînent rapidement sans véritable obstacle. Jouable aussi bien à la manette qu’au clavier et à la souris, notre ami à six pattes se manie avec aisance mais malheureusement ne posera pas beaucoup de difficulté aux joueurs chevronnés.

Ce n’est pas vraiment (que) pour les grands

Journey of a Roach a indéniablement beaucoup de charme. Son esthétique bande dessinée ne laissera pas indifférent l’amateur d’art séquentiel et ces petits insectes sont autant loufoques qu’attachant. Mais parce-qu’il y a un mais, le jeu est très court et ce principalement à cause de sa facilité. Il m’aura fallu environ trois à quatre heures avant d’en voir la fin, et encore, une partie de ce temps s’est perdu en cours de route à cause du fameux syndrome du  »je-tourne-en-rond-car-je-ne-trouve-pas-le-dernier-item-qui-me-ferait-avancer », typique des jeux d’aventure. Il y a aussi le principe de la découverte où l’on tâtonne beaucoup. La première fois, c’est normal.
Cela n’enlève pas pour autant le fait que quatre petites heures pour un jeu de ce genre, ça fait un peu radin et spécialement quand son microcosme est aussi intéressant à visiter. D’ailleurs, un des succès à obtenir est de terminer le jeu en moins de 18 minutes ! Avec seulement trois à quatre environnements de taille modeste à visiter, on a fait assez vite le tour.

En revenant un peu en arrière et en apportant un regard différent, ce jeu prend un tout autre visage. L’adulte mature et intelligent – dans la mesure du possible – verra un jeu trop court et pas assez dur, lui qui est habitué à la torture de ses méninges et aux scénarios plus à son niveau, bien qu’il se laissera sans doute séduire par ces personnages insectoïdes atypiques et son histoire un peu écolo sur les bords sans jamais être moralisatrice pour autant. Mais au final, il se dira que c’est un jeu plutôt enfantin.

Le cœur de cible semble en effet être plus orienté vers les enfants, et avec ce public, il pourrait exceller. Facile à prendre en main, notamment à la manette, il peut se jouer avec aisance au fond du canapé. Les plus jeunes ne devraient pas se sentir non plus perdu avec d’innombrables lignes de dialogues sachant qu’ici ce ne sont que des dessins montrés dans un phylactère. Toute l’histoire est raconté comme un film muet ou plus exactement comme dans une bande-dessinée sans texte.

Trop facile pour les adultes et à la durée de vie famélique – bien que fascinant – Journey of a Roach se destinera principalement aux enfants pour lesquels il pourrait s’avérer être une entrée en douceur dans le monde incroyable du jeu d’aventure. Et ça, c’est déjà pas mal. Diffuser la bonne parole du point and click est forcément une bonne chose. Pour les vieux de la veille, à voir pour la curiosité et son univers attrayant, même si cela risquera de manquer d’un peu de profondeur pour vous.

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