Alpha Kimori : Great Doubt

Je sais pas vous, mais moi les RPG j’aime bien quand c’est long, plein de features, de skills, avec une histoire longue, pleine de rebondissements, plein de persos, un inventaire énorme et se renouvellant sans cesse. Et bien Alpha Kimori, c’est tout ça à l’envers. Et c’est un peu con du coup.

La menace fantôme.

Pourtant ça partait pas mal, l’univers du jeu est intéressant : les humains se sont fait chasser de la terre par des méchants et ont trouvé refuge sur un astre et deux factions se sont créées, l’une vantant les mérites d’une théocratie technologique et utilisant des mechas, et l’autre, les hippies de l’espace, vivant dans les arbres et copains avec les oiseaux, qui peuvent se transformer en mutant animaux géants. Le héros fait partie de la faction techno, et possède un crystal implanté en lui, permettant de faire de la magie, en gros. Il fait partie d’une académie de guerriers, et puis en fait le reste on s’en fout c’est du mille fois vu et revu. Dans l’ordre des clichés on va avoir la copine d’enfance amoureuse de lui mais c’est à sens unique, le débile léger qui se prend pour son rival, le mentor qui n’a que trois ans de plus que le héros, et la princesse mystérieuse de la faction d’en face. You name it. Bon allez je vous la fait courte, le gentil veut pas faire guerrier, parce que c’est pas cool de tuer des animaux, vu qu’ils sont obligés de tuer des animaux pour récupérer des cristaux. Parcequ’en fait quand il était jeune il a rencontré la-princesse-de-chez-les-hippies-d’en-face qui lui a dit que c’était pas bien de tuer les animaux. Donc il veut pas, mais il doit quand même passer l’examen pour être guerrier machin.

Son mentor est trop sympa lui propose de lui éviter de tuer une bestiole s’il accomplit une chtite mission, trois fois rien, pour lui : récupérer un message de la faction d’en face, mais chut c’est un secret. Le gars y va, il tombe sur un mec suspect, qui lui donnera le truc s’il va chercher un bidule, il ramène le bidule, le mec est un méchant d’en face qui veut pas que le mentor les rejoigne, baston. Une fois rentrés le plan du mentor est de se barrer pendant la remise du diplôme de super guerrier youpie, mais ça se passe mal, lui et la princesse sont capturés. Le héros est assigné à résidence, mais s’enfuit va libérer son mentor, il y a une grosse révélation, fin. Oui c’est court.

Backtracking mon ami.

Ah oui, le jeu dure 5 heures. Pour un RPG c’est court, mais bon sang ce que c’est long. La maniabilité poussive y est probablement pour quelque chose, c’est leeeeeeent ! Pas possible de courir, en 2014, dans un RPG, même dans Pokémon, ils ont abandonné. Mais le pire c’est le backtracking. Alors j’ai rien contre, en général, remplir des sous quêtes c’est rigolo et tout, quand il y a des trucs à gagner, comme du matos ou des sous, mais là c’est tellement artificiel que c’en est risible. Sans compter que les environnements visités sont très limités, une ville décomposée en trois quartiers, deux forêts, une jungle et une grotte. Et c’est tout.

Par contre vous allez les voir souvent. Alors la carte du monde nous laisse penser qu’on peut visiter une autre foret, une autre ville et une autre grotte, mais on n’y a jamais accès. Comme si ce n’était qu’une illusion, comme les décors de fausse ville dans la galerie du Parc Asterix, vous voyez ? Des portes avec rien derrière. Sans ce rallongement artificiel de la durée de vie, le jeu ne durerait que deux heures, peut-être moins.

Carton pâte et papier.

Le problème en fait c’est que tout est cache misère dans ce jeu. Passe encore qu’il n’y ait pas grand chose à visiter, dans un bon RPG, il faut surtout un système de jeu accrocheur. Et l’illusion refait effet, un peu. Même si les combats sont plutôt jolis à première vue, les développeurs nous mettent un coup de genou dans les couilles très vite. Répétitifs, on se contente la plupart du temps d’écraser la commande d’attaque, suffisante pour la plupart des combats. Les héros développent des skills, mais elles sont d’une part extrêmement limitées en nombre et le rapport coût en point de magie/effet est ridiculement proportionné.

On dirait que les gens ayant développé le jeu avaient une vague idée de ce qu’était un système de combat, et ont fichu les chiffres n’importe comment en pensant que ça ferait illusion. De plus, même si la côterie peut monter jusqu’à quatre personnages en même temps, on est rarement plus de 2 pendant les trois quart du jeu. Et ça fait cheapos pour le coup.

« Avec des vrais morceaux de Hatsune Miku dedans »

Donc le scénar, c’est pas la joie, le système c’est de la blague, que reste-til ? La technique ! Et là c’est… encore ce qu’il y a de mieux dans le jeu. Le design est classique sans plus, dans le genre « j’apprends à dessiner des mangas moches » et les graphismes sont, il faut avouer, plutôt mignons, le jeu étant réalisé avec RPG Maker, old school tout en étant très sympas, époque fin 16 bits, voyez, mais très propre. La musique est… discutable. Ennuyeuse pendant le jeu, elle ne reste pas en tête ensuite, ce qui est une bonne chose, sauf l’horreur de l’écran titre, „chanté“ par Hatsune Miku, un logiciel de voix artificielle, et qui revient pendant les combats décisifs.

Et là vous vous dites, il a pas aimé.

Et ben en fait si, finalement, un peu comme quand on ralentit pour regarder un accident de voiture, j’ai pas passé un aussi mauvais moment que ça. C’est une espèce de nanar du RPG, le truc qu’on doit montrer dans les écoles de game design comme ce qu’il ne faut pas faire, ou plus faire. Par contre je ne peux franchement pas vous recommander ce qui est, il faut l’avouer une intro mal foutue d’un jeu pas fini. D’après la page d’infos, il s’agirait du premier d’une trilogie, mais si les deux autres sont du même tonneau, cela n’augure rien de bon.

Si vous êtes en manque de RPG, il peut faire tampon, mais honnêtement vu le prix du bouzin, vous pouvez trouver largement mieux.

Laisser un commentaire