Fantasy Life

Le travail méticuleux ou l’audace la plus folle. Quel que soit le domaine vers lequel on se tourne, quel que soit l’objectif que l’on poursuit, l’on finit toujours par tomber face à cette séparation des personnes avec d’un côté les aventuriers fonceurs et de l’autre les intellectuels planificateurs. Le très bon manga Bakuman reprend cette image en prétendant qu’il y a d’un côté les mangakas qui planifient leur succès en calculant tous les détails au millimètre près et d’autres qui dessinent juste ce qu’ils ont envie et qui marchent. De la même façon, dans un MMORPG, il y a ceux qui planifient leur raid pendant de longues heures et il y a Leroyyyyyyyyyy jenkiiiiiiins ! Pour les jeux vidéo, de manière plus générale, on pourrait dire qu’il y a d’un côté Minecraft et de l’autre Fantasy Life. Or, je n’ai jamais joué à Minecraft.

Deux papas.

Bon, normalement là, on arrive au passage où je suis censé vous décrire un peu l’histoire, le gameplay, bref contextualiser un peu l’ensemble pour vous permettre de rentrer dans la critique. Mais là non je n’ai pas trop envie. Pas tant par esprit de contrariété mais plutôt parce que Fantasy Life est un peu difficile à situer sans le caricaturer. Essayons quand même ? Ok mais vous l’aurez moulu. Alors, *ahem ahem*, Fantasy Life est un jeu qui se situe à mi chemin entre 2 papa : l’intransigeance d’un Animal Crossing dans sa volonté de vous faire vivre une autre vie (loin de ce monde bien trop petit comme disait Alain Barrière ) dans un monde imaginaire et un esprit d’aventure qui émane de tout jeu à scénario et à exploration d’univers (un Zelda par exemple pour faire simple). Une ambiance à quais et à quêtes donc, mais pas à quéquette. Oh non loin de là cette idée, pas de ça chez nous mossieur dames, dans Fantasy Life on a essentiellement affaire à un univers très “Nintendoien” (ça ne se dit pas mais ça se comprend) en soi avec ses intrigues gentillettes, ses dangers mais pas trop et ses jeux de mots de nom de famille à vous faire croire que les traducteurs d’Ace Attorney ne sont pas loin.

De cette volonté de s’acoquiner avec deux diables de gameplay à la fois tout en gardant une ligne principale ultra-centrée mais avec traits d’humour définis nait une idée, que je qualifierais modestement de “loin d’être conne”, d’implémenter un système dit “de carrières” qui définissent dès le départ du jeu votre style de vie dans l’univers de Fantasy Life. Oui, je me doute bien qu’en tant que lecteur mais surtout en tant que joueur avisé, vous êtes en train de vous dire que je m’extasie devant ce qui n’est qu’une implémentation du concept de classe / métier. Mais ne riez pas sous cape trop vite car Fantasy Life n’a nul prétention de prendre la Bastille vidéo ludique (on est dans du Level 5 bien élevé) mais de proposer un mélange intelligent et équilibré. Un peu façon “Ensemble, tout est jouable”.

Maman pour tout.

Anecdote , au vu du gloubiboulga qui semblait suinter la couverture du jeu avant que je le lance, je décide de me lancer dans une carrière d’alchimiste. Le genre de délire qui dans un anime peut finir par coûter un bras (on pense à toi Ed !) se fait ici de façon très facile et offre au critique profiteur, que je suis, une métaphore filée des plus facile. En effet, comme je vous le racontais là haut, on a affaire là à un mix de gameplays bien foutu mais qui se permet en plus de proposer une courbe d’apprentissage intéressante. Vous n’êtes jamais livré à vous même, l’histoire se charge de jouer les baby sitters, mais vous pouvez faire pas mal de choses seuls et le nombre de missions simultanées mêlant objectifs de déplacements , d’objets et de bastons titillera les amateurs d’optimisation fiscale et de temps. A l’heure où je vous parle, j’ai même tenté le croisement de données Excel sans qu’aucun contrat de travail ne m’y force cette fois-ci. Un peu comme l’alchimiste apprend à faire ses potions à force de travails et d’’essais.

Suffisamment libre mais pas trop non plus pour en devenir libertaire brouillon, Fantasy Life vous accompagne juste ce qu’il faut tout en vous laissant un espace de découverte excitant. Et c’est dans cet art maîtrisé de l’entre deux, une fois de plus, que réside tout l’intêret de ce titre qui sait être multiple tout en étant lui même. Oh bien sûr, il arrive un moment où l’on peut pester contre le manque d’optimisation de l’ergonomie générale, contre quelques manques de ci de là, contre un air un peu trop gamin, contre une accumulation de compteurs qui casse un peu le côté grande aventure mais c’est vraiment pour pinailler et vous me ferez le plaisir de garder ça pour les sites concurrents.

*aie*

Bon Skywilly vient de me tirer l’oreille soit disant que je fais peur aux gens et que j’ai pas , je cite , à “donner d’ordre au lecteur”. Aussi vais-je directement passer à la conclusion et repartir expier ma peine en me forçant à mater des épisodes de One Piece en VF.

Fantasy Life est un planificateur, c’est un jeu qui a su observer, apprendre, assimiler et comprendre qu’une simulation de vie nécessitait à la fois un équilibre méticuleux entre les actions possibles, qu’elles soient futilement esthétiques ou scénaristiquement indispensables, et les nouveautés que tout nouvel arrivant dans le jeu du jeu vidéo se devraient d’apporter. Le résultat est un mélange réussi entre Animal Crossing et Zelda où l’on vit de manière très plaisante sa paisible vie de fantasy. Nul danger ne vient jamais percer cette jolie bulle enchantée dont la solide structure façonnée de manière très méticuleuse demeure invisible, la durée de vie varie selon les besoins et à la profondeur plus qu’honorable. Mieux, chaque partie, qu’elle soit longue ou courte, est très agréable à vivre tant on découvre vite quelque chose et l’on parvient facilement à se laisser bercer par le doux chant vidéo ludique qui émane du jeu et de la 3DS, console qui une fois fermée semble déjà nous murmurer des « Reviens ! Reviens ! ».

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