« Comment j’ai échoué à travailler de chez moi » par Mr.Helmut

Il y a un an, je quittais mon job pour créer Flying Oak Games, passant de 3h de transport quotidien vers Luxembourg-Ville façon « métro-boulot-dodo » à un train de vie beaucoup plus souple. À la création de la boîte, le but était de faire durer la période de lancement le plus longtemps possible (idéalement 2 ans), afin de mettre un maximum de chance de notre côté. Ceci est notamment passé par le fait de faire l’économie d’un local et de bosser en télétravail, car mine de rien, cela peut assez vite coûter une blinde. Cette situation était bien évidemment temporaire, une entreprise ne pouvant utiliser l’adresse d’un particulier que pendant un temps limité. Je vous partage ici mon petit retour d’expérience concernant ce changement de train de vie, et notamment de comment j’ai échoué à bosser seul à la maison.

Travailler à domicile

fogDans mon ancien job, j’étais dans une structure relativement carrée avec ses 40h/semaine (temps de travail standard au Luxembourg). Vivant à Metz, se taper l’aller-retour était assez éreintant, mais le plus embêtant restait la réduction de temps libre que cela implique. Difficile d’avoir des projets quand il ne reste que les weekends et qu’on les consacre surtout à évacuer la semaine. Par contre, en ce qui me concerne, avoir un tel environnement de travail m’est quasi indispensable. J’ai beaucoup de mal à me mettre en condition psychologique de travail sans qu’il y ait de coupure avec mon domicile. J’ai besoin que mon espace de travail soit entièrement dédié à cela et qu’il soit coupé du reste, idéalement avec un trajet qui représente un « flip » entre mes états travail/repos.

J’appréhendais donc énormément de bosser depuis chez moi et il fallait que je reproduise au mieux un environnement de travail. Pour cela, j’ai déménagé dans un appartement plus grand afin d’aménager un bureau pour ne pas mélanger privé et professionnel. J’ai eu la chance de trouver un appart’ plus grand que le précédent à loyer égal, car si cette démarche m’avait coûté plus cher, je ne suis pas sur que l’économie de la location d’un bureau aurait été efficace. Bref, je déménage et je dédie une pièce entièrement à mon travail. Un vrai bureau indépendant du reste de l’appartement, avec sa propre cafetière, ses rangements exclusifs et surtout du matériel uniquement dédié au boulot (PC avec juste les SDK d’installés, pas de jeux, des tablettes et smartphones uniquement la pour débugger, etc.). Une sorte de temple de la productivité, fermé à clef en dehors des horaires de boulot. Tout était prêt.

Afin de bien faire la part des choses, je me suis également imposé quelques règles qui me paraissent essentielles pour ne pas sombrer dans les revers de bosser à la maison :

  • Se fixer des horaires. Pour ma part, être avant 9h au bureau et enchaîner une journée de 8h (j’ai gardé mon rythme Luxembourgeois de 40h/semaine, cela faisait plus de 4 ans que j’avais ce rythme, j’ai préféré garder cette base par habitude).
  • S’habiller en toutes circonstances. Qu’il est tentant de bosser en pantoufles, voire de se dire que s’habiller ne presse pas. Mais ne pas s’habiller, c’est surtout ne pas prendre conscience que l’on est au travail et le meilleur moyen de ne pas en plier une. Douche, puis petit déj’ dans la cuisine, et au boulot, chaussures aux pieds.

Travailler en équipe à domicile

Le crash test de ce nouveau contexte a été la période de développement de Dead End (1 mois de dev + 1 mois de test/comm’). Avec François, le graphiste du projet, nous avons réalisé le coeur du jeu à deux. Lui réside à Reims, mais pour plus de souplesse nous avons passé 50% du temps de développement sous le même toit, 24h/24h. Une expérience plutôt sympa qui a démontré la validité du contexte, même si j’avoue qu’être à deux à fond sur un jeu et à vivre ensemble n’encourage pas à avoir un rythme sain, ni à avoir une vie sociale. Bien que nous avons entièrement respécté notre règle d’être au bureau à 9h, il était très courant de bosser jusqu’après minuit. Pour ne pas perdre la tête, nous avons rapidement instauré une sortie en ville tous les deux soirs pour siroter quelques bières.

L’autre moitié du développement s’est fait à distance et je me suis retrouvé seul à travailler chez moi. Nous étions lancés, donc la différence de rythme n’a pas été flagrante. Nous étions quasi toute la journée en Skype et sur un projet comme Dead End, nous avons très bien travaillé avec uniquement un dossier partagé Google Drive, sans versionning ou autre outil de collaboration. Aujourd’hui encore, l’équipe reste petite et je travail avec mes collaborateurs via de simples dossiers partagés, Skype et Trello pour la gestion de projet, avec cependant le code versionné via Git et répliqué sur un serveur, mais principalement par souci de backup (je suis le seul codeur).

Dead End sorti et la pression relâchée, on commence à refléchir à la suite, et c’est surement la que les choses changent. L’erreur aura surement été de m’accorder quelques jours de repos après avoir fait le tour de la PR sur Dead End, ce qui a cassé mon rythme et m’a laissé m’engoufré dans les affres du télétravail.

Là où tout bascule

pizzaAu final, tant que j’assure mes 40h, je suis seul à décider du quand, quoi et comment. Overwork, on bosse le soir, soit parce que le travail est prenant, soit parce qu’on a rien d’autre à faire. Puis on commence à compenser les horaires… « j’ai bossé 12h aujourd’hui, je mérite bien une grasse mat' ». Et là, c’est le drame, on brise la règle numéro 1 : être à l’heure au bureau. Cependant, je garde le rythme, 8h/jour, mais du coup certaines journées sont décalées. Décalées au point de se lever à 10h, batifoler jusqu’à 14h, et bosser jusqu’à minuit ou plus pour assurer le rythme. Quand je travaillais avec François, nous étions deux à nous pousser à respecter des horaires, mais sans personne pour nous accompagner, cela change. C’est un peu comme ne pas réussir à se motiver à faire du sport seul, mais dès que l’on a trouvé quelqu’un d’autre avec qui pratiquer, un rythme commun s’impose de lui même.

L’étape suivante consiste à perdre son rythme alimentaire. Vu que l’on ne fait plus attention à l’heure de début d’une journée de travail, on décale ses repas de la même manière et on finit par manger n’importe quand, n’importe quoi. Résultat des courses, prendre 10kg en trois mois et être complètement déphasé lorsqu’il s’agit d’interagir avec le monde extérieur.

Une légère déprime s’installe également, du fait que boulot et privé sont dans un seul espace, on ne sort de chez soi plus que le weekend, ou pour faire ses courses. Sans parler de la prise de poids.

Ce qu’il y a tout de même de positif, c’est que j’ai réussi à maintenir un rythme de travail, mais les conditions à un train de vie sain (d’esprit) n’étaient plus réunies et, pour moi, la qualité d’une production dépend aussi de son environnement de réalisation.

Autre problème, la gestion de l’équipe. Si collaborer avec François s’est très bien passé en télétravail, ce n’est pas le cas avec tous. Même si tout le monde assure son quota d’heures, le fait de chacun vivre en décallé réduit grandement la productivité. Si je me lève à 10h alors que le graphiste m’attend avec des questions depuis 8h sur Skype, ca ne rime à rien.

En bref, bosser chez moi n’était plus possible, tant personnellement que vis-à-vis de la gestion de l’équipe et de mon rythme.

Ce que j’en retiens

Après 3 mois de questionnement, j’en ai tiré des conclusions, et voici ce que j’en retiens :

  • Il m’est impossible de vraiment bosser seul. Reproduire un espace de travail est une chose, avoir la dynamique de groupe en est une autre. Seul chez moi, je perds le côté entraînant d’un open space ou d’un bureau collectif. Avoir ses collègues directement à côté de soi insuffle une productivité collective (même si on ne travail pas sur les mêmes projets), une forme de pression (saine) sociale, et cela permet surtout de prendre des décisions de gestion de projet sans laisser les problèmes macérer dans leur coin. Rien que pour abattre les murs entre gestion et production, il me parait essentiel d’être tous ensemble dans un même espace physique, aux mêmes horaires.
  • L’adage « un esprit sain dans un corps sain » peut sonner un peu bidon, mais je ne trouve rien d’autre pour exprimer l’importance d’avoir un train de vie régulier et plaisant. Cela passe par se forcer à manger à heures fixes, et manger varié et équilibré. Etre en forme et avoir un train de vie pareil change tout niveau production, on réfléchi mieux, on est plus dynamique et on prend plus de plaisir dans la tâche.

Et maintenant ?

Fort heureusement, cette période de désordre n’a pas duré bien longtemps. La réponse logique à cela a été de me tourner plus tôt que prévu vers un montage plus propre avec un local. Coup du sort, cette éventualité s’est présentée d’elle même via la ville de Metz et Flying Oak Games réside depuis quelques mois dans une superbe maison d’artistes. Je suis entouré d’autres personnes, qui même si elles ne travaillent pas toutes avec moi, me procurent cet élan social et cet environnement de production dont j’ai besoin.

Je sais qu’il n’est pas donné à tout le monde de trouver un tel environnement, et lorsque l’on fait des jeux entièrement tout seul, se trouver un local n’a pas de sens. Si dans un tel cas vous êtes comme moi et que vous avez besoin d’un espace dynamique et en dehors de chez vous, je ne saurais que vous conseiller de vous tourner vers les espaces de coworking et y prendre un abonnement, la dynamique d’un open space y est la même et cela aide même à trouver de nouveau collaborateurs, des clients ou amorcer des projets différents.

Si j’avais un seul et unique retour d’expérience à faire vis-à-vis de cela, ce serait de recommander de ne surtout pas travailler seul dans un espace. D’autant plus qu’être entouré par des personnes extérieurs à vos projets aide à avoir un retour sur ceux-ci et à prendre du recul, ce qui est très certainement la chose la plus importante dans un processus créatif.

16 réflexions au sujet de “« Comment j’ai échoué à travailler de chez moi » par Mr.Helmut”

  1. Un article très intéressant, d’autant plus que je me suis mis à mon compte de chez moi depuis Octobre dernier. Je me retrouve à certains points mais d’autres au contraire pas du tout. Je pense que le principal soucis pour le télé-travail est de comprendre de quoi chacun à besoin pour travailler efficacement, et bien souvent la seule façon de le savoir c’est d’essayer.

    Ton expérience est un bel exemple pour tous ceux qui voudraient se lancer seul, pas dans le sens de ce qu’il ne faut pas faire, mais dans le sens ou tu as remis en question ton système plusieurs fois et c’est ça qui fait évoluer.

    Toutes mes félicitations, et tous mes encouragements pour la suite.

    PS : Merci pour Dead End. 😀

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  2. Un constat assez fréquent : malheureusement tout le monde n’est pas fait pour le télétravail. De mon expérience quand on a une famille et des enfants, il y a moins de problèmes de désocialisation mais les problèmes de segmentation de l’espace de travail sont presque plus compliqués pour garder une productivité correcte.

    Et puis travailler dans le même local et se parler toute la journée, c’est tout de même vachement plus sympa et finalement productif.

    En tout cas bon courage pour la suite! J’ai hâte de voir ce que vous allez faire de Hoy sur One 😀

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  3. J’ai monté une boite de développement web il y a plusieurs années. N’ayant pas les moyens de prendre un local, j’étais hébergé chez moi :
    Problème pas de pièce spécifique, travail dans le salon et vie de couple oblige, le salon est partagé et cela pose des soucis de concentration et il y avait trop de sujet de distraction à portée de main. Il m’est arrivé plus d’une fois de ne rien faire une après midi pour faire des champs de batailles à Wow pour conserver mon grade.
    Par la suite, j’ai arrêté ma boite pour reprendre un job salarié (pour acheter une maison, c’est plus simple quand même) et j’ai fait pendant 2 ans du télétravail (la pire expérience de ma vie).
    Je m’imposais de commencer tous les jours à 8h30 avec une heure de pause entre midi. En général le patron appelait à 17h55 pour faire le point et me tenir la jambe jusqu’à 19h (et souvent bien plus) à me formuler des demandes qui pouvaient attendre le lendemain ou un simple mail, mes journées étaient vite interminables, je n’avais plus de vie. Et la famille qui ne comprends pas que je ne peux pas les accueillir en semaine pour boire la café alors que je suis chez moi…
    Je ne recommencerai plus cette expérience, j’ai besoin de travailler dans un environnement adapté.

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  4. Bah voilà, ça valait le coup de le poster :p
    Avec SillyCat, on a pas mal bougé aussi, alternant entre local pro et chacun chez soi (et chez moi étant chez mes parents, ça voulait dire ma chambre #distraction).
    Personnellement, j’ai jamais été aussi productif que dans un endroit dédié au boulot, avec l’équipe autour. En phase de conception, c’est encore plus important d’avoir tout le monde à portée de voix pour discuter (jsuis encore à l’ancienne, pas très fan de skype).
    Je parle pas de la phase de rush pour sortir GrimWar à temps, j’étais chez moi, mais c’était pas les mêmes conditions (quand ça doit être fini, ça doit être fini, pas de chichi). Et là, je me retrouve avec ce que tu disais. Des horaires complètement pétées, un rythme alimentaire déphasé (un ou deux repas, quand j’y pensais). J’ai maigri moi au contraire ^^’
    L’après sortie a été compliqué en tout cas.
    Bref, rien de mieux que travailler avec d’autres gens autours.

    Merci pour l’article et pour les autres commentaires tout aussi instructif 🙂

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  5. Très bon article, que j’ai lu avec la plus grande attention car je suis exactement dans ton cas (disons ton ancien cas, maintenant).

    A l’instar de Chezmoa je me retrouve parfois dans ce que tu dis, d’autres fois non. Cela fait maintenant plus d’un an que je m’affaire sur Splasher tout seul chez moi, à Montpellier. Le graphiste du jeu bosse de chez lui également, à mi temps, et vis à Rennes. Le compositeur quant à lui bosse également chez lui, et vit à Clermont-Ferrand …

    Ce qui nous a le plus manqué à Richard (le graphiste) et moi l’année dernière, c’est une chose que tu évoques et me parait de toute façon indispensable en matière de gestion de projet et de communication : avoir des plages de travail communes. Pour David le compositeur c’est différent car il se gère comme il veut et nous faisons le point sur skype régulièrement, seulement nous n’itérons pas de la même façon que pour le graph.

    Du coup pour cette année, Richard et moi nous sommes « engagés » à être 100% dispos l’un pour l’autre via skype ou gtalk, du lundi au vendredi de 14h à 19h. Ce faisant, il peut tirer le maximum de son mi-temps (en bossant exclusivement sur Splasher dans ces créneaux), là où l’année dernière, les horaires étant freestyle, il nous arrivait souvent d’avoir du mal à se coordonner. Ce genre de problème génère du stress et des tensions dans l’équipe, dans le sens où le doute s’installe en permanence quant à l’implication supposée VS réellement effective de chacun sur le projet. Et puis ça fait perdre du temps, beaucoup de temps, tout simplement.

    En revanche, là où je me retrouve moins dans ce que tu dis, c’est que de mon côté je bosse à plein temps sur le jeu et le fait de ne pas avoir de cadre en dehors des créneaux « Richard » ne me dérange absolument pas :

    Si je dois bosser toute la nuit, je le fais et bosse moins le lendemain. Je fais du sport plusieurs fois pas semaine, mange équilibré et dort beaucoup si besoin (c’est important, à mon avis …). Précision quand même : je suis en coloc donc même si parfois je ne sors pas beaucoup avec d’autres être humains, je me sens rarement seul. Mais voilà tout comme pour un travail « normal », rien n’empêche de sortir le soir et/ou le weekend, pour finalement avoir une vie social (& psychologique) décente.

    En gros ce que je pense de tout ça au regard de ton point de vue, du miens et de celui d’autre personnes que je connais dans une situation similaire, c’est que :

    – Les basiques de la gestion de prod ne peuvent être écartés (horaires communes …)

    – Tout ce qui attrait à l’hygiène de vie, les sorties etc. , n’est finalement qu’une question d’appréciation personnelle et de réponse à cette question là : suis je capable de m’imposer ça tout seul ou pas ?

    Merci pour cet article en tout cas, c’était vraiment très intéressant à lire !

    Romain Claude

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  6. Merci pour vos partages d’expérience ! Il est clair que chacun a sa propre approche de ce genre de situations, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai voulu tourner cet article en partage d’expé’ plutôt que d’essayer d’en tirer des généralités. C’est important d’avoir des retours différents, je pense que ça peut aider d’autres personnes à se situer et s’y préparer à sa façon. Romain résume bien les deux facettes.

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  7. On a lancé 4Edges en novembre 2011 et je pense que je peux apporter quelques éléments aussi sur le télétravail.

    On a emménagé a 3 potes dans une maison sur Toulouse, avec chacun une chambre. Notre salon était dédié à 4EdgesGames et nous faisions les jeux là avec chacun un bureau + le sound designer dans sa chambre super grande en haut. Un pote à nous venait tous les jours et habitait à 20 min de la maison 4Edges. On prenait les pauses ensemble, faisait les courses ensemble et jouait ensemble des fois le soir. Notre pote programmeur partait vers 18h en général, on commençait vers 10h. Le fait qu’il rentre chez lui marquait souvent la fin de la journée, donc on fait environ 7-8h de taff par jour, lundi à vendredi. Nous étions très réguliers et c’était plutôt une bonne expérience. On se donnait la possibilité de faire des sorties dans le temps de taff (courses, médecin, pole emploi etc), mais souvent ça allait.

    Nous organisions beaucoup de rencontres ToulouseGameDev ainsi que des playtests de nos jeux chez nous, dans notre salon. C’était vraiment pratique, on était proche du métro, donc les gens pouvaient venir tester les jeux en soirée, et ça nous faisait de l’animation. Il faut noter que chacun d’entre nous n’avait pas une vie sociale débordante, pas de copine and co donc la séparation privée / pro était assez facile.
    A noter que Ludovic (aka repstyle), le graphiste / designer sur Lavapools nous a aussi rejoint (on était donc 5 dans le salon tous les jours) en cours de route, pendant environ 6 mois je crois.

    Ensuite, Bastien, le programmeur qui venait tous les jours, a été accepté à l’ENJMIN. Nous avons donc du nous séparer et de toute façon c’est ce qui était prévu depuis le début. J’ai du continuer à travailler sur Lavapools depuis chez moi, par skype avec Ludovic. Cette fois ci, j’étais en couple et j’avais emmenagé avec elle donc ça serait différent. C’était plus dur, parce que par exemple lorsqu’il y avait des pb de commit qu’il avait du mal à résoudre, c’était difficile de débugger à distance. Mais nous approchions la fin du projet donc ça allait. Honnêtement, travailler depuis chez moi était un peu dur le matin (je me levais facilement à 11h), mais une fois lancée je suis capable de travailler facilement depuis chez moi. Le plus gros problème était que ma copine était aussi à la maison la journée, donc ça m’aidait pas à structurer mon travail pendant la journée. Les interruptions étaient fréquentes.

    Aujourd’hui j’ai trouvé un taff dans une boite de dev à Bordeaux et j’habite à 1h du taff. Quand je me lève le matin à 7h30, ça fait quand même vraiment mal, puisque je me suis levé vers 10h tous les jours depuis 1 an et demi. Ensuite, le fait de travailler en dehors de chez soi est quand même vraiment cool. La je peux bien séparer les deux et j’ai aucune honte à jouer a HOTS le soir. Quand j’étais chez moi, chez 4Edges en indé, j’avais du mal à lâcher le boulot le soir ; mais le fait d’avoir mes potes gamers en coloc aidait à faire la séparation et savoir lacher du lest.

    Je pense qu’aujourd’hui je connais extrêmement bien mon rythme de travail optimal et plus globalement ma philosophie de travail optimale. Le must du must pour moi serait d’être en CDI 20H avec un boulot qui me paierait juste les factures + en indé pendant 15h. Tout ça en télétravail genre dans un appart sur le palier d’en face, ça serait le must du must quoi :p.
    Globalement, si vous lisez cette page et que vous vous demandez si il faut tenter, à vous de voir… chacun est différent sur le plan du travail.

    Pour les prochaines années, une autre solution must du must serait de faire une gigantesque maison d’indé en Province (style Toulouse, pour le prix des loyers et de la qualité de vie). Genre 6 pièces dont 4 chambres, 1 salon de travail et 1 salon détente ; et bosser à 4 dans cette maison… C’est pas forcément impossible 🙂

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  8. Alors de mon coté c’est assez différent, je suis aussi en télétravail mais pour une boite qui est basé à l’étranger, et qui a des locaux et une grande partie de l’équipe là bas. Du coup on se fait un SCRUM tous les matins à 10h avec tout le monde en videoconf, on fait le point sur ce qui a été fait la veille et ce qu’on prévoit pour la journée. Ça force clairement à imposer un rythme et avoir un objectif pour la journée. A côté de ça, avec ma femme qui travaille tard et enfant qu’il faut que je gère à partir de 18h, je n’ai pas le choix de toute façon.

    Au final j’apprécie énormément le fait d’être en télétravail, j’ai un bureau dédié et à l’écart qui me permet d’être coupé du reste de la maison, et surtout ça me permet de profiter vraiment de ma vie de famille et de ma fille (et bientôt du 2eme…). Et si demain je me lance à mon compte, j’aimerais vraiment appliquer le même rythme, je crois que je ne pourrais plus jamais retourner travailler dans un bureau (ou max 1 ou 2 jours par semaine).

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  9. A mon avis t’as pas trop saisi l’intérêt d’être indépendant… par exemple s’habiller (enfin, se forcer à s’habiller plutôt) ou s’imposer les 8 heures par jour, c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire, ça va totalement à l’encontre de l’esprit d’indépendance. Pas étonnant que ça n’ait pas marché sur toi vu que tu ne piges absolument pas le concept, ou plutôt, devrais-je dire, que tu n’es absolument pas fait pour ça. Mais de grâce, n’en décourage pas les autres. Ce témoignage vaut ce qu’il vaut et je respecte ça mais j’ai bien peur que certains le prennent pour vérité générale, et ce serait une grave erreur.

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  10. Alors, je suis actuellement dans le même cas de figure mais avec quelques différence.

    J’ai lancé News-Figz.com il y a plus d’un an et seul. Je vivais alors avec ma femme sur Paris.

    Ne tenant plus le rythme de transport, ma femme craque et nous déménageons sur le Loiret. On se trouve une jolie maison au milieu des champs nous permettant de vivre avec de l’espace et permettant à ma femme d’être en 20 minutes à son travail. Nous y aménageons une pièce pour la société et y mettons tout le matériel en lien.
    1ère grosse différence, j’ai forcément le rythme car ma femme n’a pas le permis, je l’emmène et la ramène tous les jours, donc 80 minutes par jours en moins pour moi.

    Ensuite, je développe mon projet seul et, bien que l’on ai une pièce réservée à celà, seul mon PC perso me permet de faire le montage vidéo. Résultat, je passe beaucoup de temps dans les pièces à vivre et ma femme trouve que je devrais en consacrer plus à elle et la maison (hors, j’en consacre déjà beaucoup plus que je ne devrais).

    Mais le coeur du problème est que je travail seul, aucun moyen de me relancer quand j’ai une baisse de moral. Résultat, des projets qui prennent du retard, des factures qui s’accumule et une société en difficulté en ce début d’année. Ajoutez à cela internet, ce magnifique espace rempli d’information crucial pour moi mais aussi de divertissements et autres diversions de toutes sortes. Il me devient difficile de rester concentré sur mon travail durant des heures comme je le devrait.

    Je connais les remèdes à tout ça : il me faut de l’aide, mais difficile de dire à une personne : peux tu m’aider gratuitement car je ne peux pas te payer (ni moi d’ailleurs au passage).

    Avec le recule, il me paraît évident que lancer un projet seul chez sois est très risqué, et que le mieux est au moins d’être deux pour pouvoir se motiver et avoir une vrai émulation.

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  11. J’ai lu vos témoignages avec beaucoup d’intérêt car je suis moi même dans cette situation. Ça fait un an que je bosse chez moi dans une petite pièce aménagée avec mon associé à l’autre bout de … skype. Nous sommes arrivés au stade ou il faut qu’on prenne un local (sur Paris ou proche), ce qui va très certainement changer notre façon de bosser. Ce qui nous pousse à nous regrouper c’est le besoin d’étoffer l’équipe avec d’autre dev, il nous semble pas évident d’intégrer de nouvelles têtes si chacun est dans son coin… en tous les cas c’est l’objectif 2015

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