Supreme League of Patriots

Quand Skywilly m’a proposé si je voulais tester Supreme League of Patriots, premier gros projet des anglais de No Bull Intentions, j’ai été obligé de dire oui. Non pas qu’il m’ait forcé, il est bien trop gentil pour ça. Simplement parce que les point and click j’adore ça. Pourtant, aussi bien le trailer que les screens ne me vendaient pas du rêve, avec un je ne sais quoi qui ressemble à un portage pourri d’un jeu smartphone / tablette vers PC… alors que ce n’est pas le cas.

Il rêvait de devenir…

Un beau matin de… euh… un beau matin, vous, Kyle, vous préparez pour le grand jour de votre vie ! Oui rien que ça ! Si tout va bien, vous vous demandez « qu’est ce qui se passe aujourd’hui ? » et vous avez raison de vous poser cette question. Car Kyle va enfin pouvoir participer à une audition pour participer à une émission de super héros d’Amérique. Oui, Kyle est un énorme (à tous les sens) nerd et rêve en grand. Son costume : celui du pure patriote américain. Mais si, celui de l’affiche « we want you ». Enfin presque, puisqu’après une mauvaise machine, son costume est devenu mauve. Pas grave, ce petit inconvénient ne va pas décourager la motivation de notre héros. Après une fouille extrême de l’appartement pour retrouver l’adresse du théâtre et un détour par votre lieu de travail, le poste de police (non vous n’êtes pas policier, mais agent d’entretien), vous arrivez enfin au théâtre où vous allez devoir démontrer que vous êtes un super héros, un vrai.

Pour cela vous allez devoir passer trois épreuves pour montrer vos super pouvoirs, d’une manière ou d’une autre (et surtout d’une autre). Etant donné que Kyle est très maladroit, ce dernier va au fur et à mesure détruire tout le décor. En plus d’être maladroit, il est aussi malchanceux. A chaque fois qu’il détruira quelque chose, l’objet lui tombera sur la tête, qui à force de répétition finiront par le transformer réellement en Purple Patriot, avec les supers pouvoirs et la personnalité qui va avec.

… Super !

Une fois devenu le Purple Patriot, Kyle passe d’un mec sympathique et un peu naïf à la personne la plus détestable de l’univers : égocentrique, raciste, misogyne et homophobe. Effectivement, Kyle devient le gros stéréotype de l’ultra patriote américain bloqué au début du siècle dans sa tête et ses principes. Du coup, jouer le Purple Patriot devient ultra gênant étant donné le discours qu’il tient. D’autres jeux ayant plus ou moins un axe similaire au propos de notre super héros sont déja sortis, mais ici le traitement est tout autre et ne peut à aucun moment être sujet à polémique. Enfin, presque. Si le jeu se veut être drôle (c’est plus ou moins raté), on peut malgré tout déplorer l’énorme caricature de tous les autres personnages secondaires du jeu.

Entre l’homosexuel ultra féminisé, la femme flic déféminisée, la secrétaire latino, l’infirmière ultra sexy et le stéréotype de l’immigré russe communiste. Tout y passe. Même si tous ces personnages sont là pour amplifier et surtout contrer l’état d’esprit du Purple Patriot, cette overdose de caricature rend le jeu presque indigeste, en s’énervant sur la plus part des personnages mais qui force quand même le joueur à se poser des questions sur le moyen de traiter ces sujets délicats dans le jeu vidéo. Ici la piste de l’humour a été choisie. Si le jeu est parfois drôle, bizarrement surtout sur toutes les références non liées à la pop culture, il penche souvent dans le gras et le lourd, ce qui gâche les propos que veut nous faire passer No Bull Intentions. Un peu plus de finesse dans l’écriture aurait rendu le jeu bien plus digeste.

Et le reste alors ?

Supreme league of Patriots est un point and click plutôt classique dans ses mécaniques. Parler aux gens, récupérer des objets, faire interagir tout ça. Du grand classique, sauf pour l’interface. Le studio a eu l’ultra mauvaise idée d’avoir deux inventaires. On trouve dans chaque inventaire tous les objets. L’un sert à analyser et combiner les objets entre eux alors que le second sert à l’interaction avec les objets du décor ou avec les PNJ. Ce dernier est présenté comme une liste déroulante. Au centre, l’objet que l’on souhaite utiliser. Dès que l’on veut interagir avec un objet / PNJ, un petit menu s’ouvre, avec une grosse boule et les trois options classiques d’interaction : observer, utiliser et prendre. Si l’objet central de notre inventaire est utilisable, il apparait dans la grosse boule, sinon celle-ci reste vide. Si l’on veut changer d’objet, on est obligé de désélectionner l’objet / PNJ du décor, changer l’objet au centre de notre inventaire d’interaction avec le monde extérieur et re-sélectionner l’objet / PNJ afin de vérifier s’il est possible d’interagir avec : une lourdeur sans nom. Si on est comme moi un habitué du genre, on zappe le tutoriel.

Du coup, je me suis retrouvé bloqué un bon moment vers la fin du premier épisode, pensant que le jeu ne demandait pas de combinaison d’objet et donc de découvrir que les deux accès à l’inventaire était en fait deux inventaires bien distinct quant à leur utilisation. Autre chose étonnante dans le jeu, sa forme de distribution. Le jeu est livré en trois épisodes. S’il serait sortie étalée dans le temps, comme le fait Telltale, pourquoi pas, mais ici le jeu est sorti fini mais scindé en trois. Du coup, on se trouve avec une cassure de rythme, surtout que chaque épisode propose une aventure propre même s’il y a une chronologie. On peut malgré tout saluer l’effort du studio de proposer autre chose que le classique » gentil contre méchant » habituel.

Conclusion

No Bull Studio s’attarde surtout sur la naissance d’un héros. Le premier chapitre racontera comme Kyle acquière ses pouvoirs via l’audition pour devenir un super héros, le second raconte toutes les démarches administratives pour pouvoir exercer le métier de super héros dans New York. Enfin le troisième vous proposera votre vraie première aventure de super héros où vous devrez saboter le braquage d’une banque. Le problème, encore une fois, vient de l’écriture qui rend le jeu relativement lent. Bizarrement, le dernier épisode, celui qui propose le plus d’action, est celui qui a un meilleur rythme alors qu’il est le moins original de tous !

Supreme League of Patriot frise le gâchis. S’il apporte le personnage le plus détestable du jeu vidéo, il a le mérite d’apporter une réflexion sur comment traiter des sujets si délicats comme l’homosexualité, le racisme et la misogynie dans le jeu vidéo. Hélas, à trop jouer la caricature, le jeu devient énervant devant tant de stéréotypes et ce même si la bonne parole l’emporte toujours sur les propos déplacés. Ceci n’étant pas aidé par la lourdeur de la gestion de l’inventaire, ni par le rythme qu’impose le jeu. Manque de finesse dans l’écriture, celui-ci aurait gagné à être plus court. Un peu comme la trilogie du Hobbit au final.

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