Make it indie!

Voilà un projet intrigant sur le papier : Make it indie! se présente comme un jeu indé où il s’agit de se mettre durant une semaine dans la peau d’un… développeur de jeu indé. Un pitch original, et la mise en forme n’est pas en reste, donnant lieu à un résultat pour le moins étrange. Voyons donc de quoi il retourne.

Vidéo arty

Make it indie! fait clairement partie de ces expériences vidéoludiques à la marge du jeu, de ces objets difficilement catégorisables. On y incarne donc un développeur indépendant, qui a une semaine pour produire un jeu. Chaque jour, il s’agit de décider comment l’on va occuper son temps. Travailler sur le projet ? Sortir jouer avec des amis ? Aller voir une exposition ? Lire une BD ? Regarder la pluie ? Ce qui se cache derrière ces différents choix, ce sont des vidéos en prises de vue réelles, plus ou moins abstraites et supportées par diverses ambiances musicales, de l’électro à la chip-tunes en passant par du rock. Il faut reconnaître que la forme prise par l’ensemble rappelle furieusement un menu DVD : cliquer sur l’item voulu pour en lancer la vidéo, et recommencer jusqu’à épuisement du contenu.

Si Make it indie! se révèle donc essentiellement passif, invitant le joueur à se plonger dans une ambiance sans y participer réellement, l’une des options quotidiennes proposées débouche néanmoins sur une forme interactive : travailler sur le jeu que l’on est censé rendre en fin de semaine. Ce choix mène à un mini-jeu quelque peu déroutant, puisqu’il s’agit de repérer un élément commun parmi diverses formes proposées. Pas vraiment le genre de tâche qu’on imaginait nécessaire à la création d’un jeu vidéo.

De la forme au fond

Que raconte le jeu ? A l’évidence, que créer un jeu indépendant n’a rien d’amusant. Les phases de « travail sur le jeu » sont répétitives et guère passionnantes, mais prennent une forme étonnamment peu complexe : pas de jeu de code, pas de véritable recherche créative. Uniquement désigner une portion commune à différents patterns. Se lever chaque matin pour un tel labeur, voilà qui ne fait pas rêver, d’autant que Make it indie! émaille parfois ses journées d’un petit texte du type « vas-tu vraiment t’astreindre à cela alors que c’était si pénible la dernière fois ? ». Le jeu semble déclarer que le travail, actif, n’apporte que peu d’épanouissement, et ne sait se rendre intéressant (du moins le travail de concepteur de jeu indé). Les autres options de la vie sont-elles alors plus réjouissantes ? Passives, puisqu’elles consistent uniquement en un visionnage vidéo, elles sont tantôt banales (regarder la pluie, ou se promener), tantôt nébuleuses (l’exposition de poupées, les rêves entre chaque journée, vaguement hantés par horloges, qui rappellent à la fois l’imminence du réveil et l’échéance du délai imparti pour la production du jeu). Là encore, les choix ne se révèlent guère enthousiasmants.

Conclusion

Si Make it indie! a un message à délivrer, il est plutôt pessimiste, et en cela l’austérité du jeu s’avère un choix judicieux. Néanmoins, l’ensemble paraît bien flou, et à bien des égards trop brouillon pour être véritablement pris au sérieux. Les auteurs en sont d’ailleurs bien conscients, puisqu’ils mettent en garde contre une analyse trop poussée de leur jeu. C’est la moindre des choses : Make it indie ! ressemble avant tout à un menu DVD donnant accès à différents clips, plus ou moins sibyllins. Une expérience étrange, déconcertante, qui a tout de même le bon goût d’être courte.

1 réflexion au sujet de « Make it indie! »

  1. Je l’ai fait, mais je dois bien avouer être déçue, l’expérience pourrait être tellement plus intéressante, l’idée et le message qui veut être transmis est là et pourrait être bon, mais pas assez poussés. Dommage.

    Par contre j’ai toujours pas compris/réussi à obtenir la bonne fin, mais rien qu’à l’idée de revoir les mini films entre chaque journée, pas tellement envie d’insister.

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