Elite : Dangerous

Quand j’étais gamin je voulais être conducteur de camion-poubelle. Vraiment hein, ça me faisait rêver et j’avais même la version miniature pour faire *vroum vroum* et m’y croire déjà. Mais ça c’était dans les années 90. Maintenant projetons nous dans un futur lointain. Et si un gamin du système Morgor se mettait à rêver de piloter un magnifique Orca transportant 580 tonnes de minerai à travers l’espace ? Et si les rêves les plus simples étaient finalement les plus sympathiques ?

Un petit message en guise de “préface” pour préciser quelque chose sur le test qui va suivre. Elite Dangerous est un jeu qui se vit autant qu’il se raconte, et chaque joueur aura sa propre expérience, vraiment unique. J’ai conscience d’effleurer à peine certains aspects du jeu (que j’évoque sans les creuser). Je vous invite donc à raconter en commentaire une expérience vécue dans Elite Dangerous afin de compléter mon avis sur le jeu.

Space Ship Simulator 3301

Les lumières s’éteignent, le plateau sur lequel mon vaisseau est posé se met en branle. Je remonte à la surface de la station. Une dernière vérification avant le décollage… Ok ! Tout est en place, je mets en route les moteurs. J’aime le doux bourdonnement de mon Eagle lorsqu’il fonctionne, il me rappelle que je suis aux commandes d’un chasseur aussi frêle d’apparence que redoutable au combat. Je consulte l’ordinateur de bord. Où vais-je chasser aujourd’hui ? Tiens, à quelques années lumières d’ici je vois qu’il y a un site de minage d’assez grosse importance, il y aura sûrement du boulot pour un chasseur de prime comme moi. Tout est paré, je passe en mode hyper-espace…
Nom de dieu ! je ne me lasserais jamais de la secousse que ça provoque à chaque fois. Après quelques minutes de trajet, j’aperçois mon objectif, je ralentis et désactive mon hyper-vitesse.

Wow ! Je ne m’attendais pas à ce que le champs d’astéroïdes soit aussi dense. BORDEL ! Celui la est pas passé loin, une chance que mon Eagle soit aussi maniable. Bon il est temps de s’arrêter. Faisons un point sur la situation. L’ordinateur de bord m’indique qu’il n’y a que la police locale et une bonne dizaine de mineurs pacifiques. Mmh… Je vais m’enfoncer un peu dans cette jungle rocailleuse histoire de voir ce qu’il se passe plus loin. Je crois que j’ai de la chance encore une fois, le soleil à proximité éclaire suffisamment bien le champ et la visibilité est excellente. Malgré tout, une manoeuvre un peu trop brusque et j’irais tester la résistance de mon vaisseau sur un des cailloux en gravitation.

Soudain, j’aperçois au loin quelques tirs de laser. Un peu d’action ! Je mets toute la puissance dans les moteurs et en avant ! J’arrive sur place, la situation n’est pas glorieuse. Un Cobra ennemi est en train de faire un carnage auprès des mineurs. Je suis un chasseur de prime, les sentiments très peu pour moi, mais si le bonhomme n’en est pas à son coup d’essai, alors il y aura de quoi toucher une belle somme si j’arrive à m’en débarrasser. Je consulte mes alliés avant toute chose. Ai-je des chances face à un Cobra ? “Aucune gamin, tu débutes dans la chasse, t’as peut-être un nouveau jouet, mais si le Cobra te chope dans sa ligne de mire, t’es foutu.”

Je dois avouer que je n’aime pas que l’on mette en doute mes talents. Je lance un scan du vaisseau ennemi… Visiblement le type est recherché depuis un bail, la prime qui pèse sur sa tête me parait énorme. Malgré tout, je vois aussi que c’est un pilote expérimenté, mais vous connaissez le dicton… Qui ne tente rien…

Je me place au-dessus de lui, il ne m’attaque pas, il est trop occupé à génocider les mineurs. Je sors mes armes, je fais converger toute la puissance du générateur dans ces dernières. Feu !

Comme je m’en doutais même si c’est la première fois que j’affronte un Cobra, le tas de ferraille a une bonne couche de bouclier, le combat s’annonce long et difficile. Cela dit je sais que mon Eagle est bien plus maniable que son joujou, je vais jouer à fond sur ça. Je tourne autour de lui en jonglant entre tout dans les moteurs, et tout dans les armes. Je dois absolument rester hors de portée des siennes si je veux survivre, une simple erreur de pilotage et adieu Commander FrereT0c.

Bien évidemment, le combat est à mon avantage car j’ai pris le bonhomme par surprise. Il ne me reste plus qu’une ligne de bouclier à détruire et je pourrais enfin attaquer son blindage. Mes lasers ne surchauffent pas pour le moment, j’ai trouvé mon équilibre et mon pilotage est exemplaire. Cela fait 5 bonnes minutes que nous nous battons.

Puis l’erreur bête, je met un peu trop de puissance dans la poussée et mon vaisseau part trop loin, devient moins maniable et je rate une rotation. Une erreur qui n’aura pas échappé à mon adversaire qui m’envoie alors une purée de plomb. Mon Eagle encaisse mais les dégâts sont déjà énormes. Mon bouclier est tombé et mon cockpit présente quelques fissures. Ça sent pas bon. J’enclenche les afterburner afin de gagner en vitesse et pars me cacher derrière un astéroïde. Toute puissance dans les boucliers. Ok c’est bon, pile à temps car je vois l’ombre du Cobra se dessiner sur mon cockpit. Je repars à fond me replacer au-dessus de lui. Mais que fait la police quand on a besoin d’elle ? Manque de pot, je ne suis pas assez rapide et le Cobra m’amoche encore un peu plus. Ma verrière est brisée, la cabine se dépressurise et mon module de survie s’active. Plus que quelques minutes d’oxygène. Mais lui aussi est bien amoché. La raison voudrait que j’abandonne le combat afin de partir réparer mon astronef, mais je ne vais pas laisser la prime s’envoler après tant d’efforts !

Dans une ultime manœuvre, presque désespérée, je me replace correctement et envoi la sauce au point de faire surchauffer mes armes. Mais le Cobra tient bon, c’est que c’est solide ces bêtes là. Je lâche les commandes, c’est fini, je me prépare au pire. Puis le Cobra explose. La police ! Je les avait oublié. La prime est validée mais je suis en très mauvais état. Je dois vite rentrer au spatioport le plus proche. Pas le temps de remercier mes sauveurs, je m’éloigne du champ gravitationnel créé par les astéroïdes et me remet en hyper-vitesse. La vache, ça arrache avec le module de survie. Je vois la station, je suis sauvé. Je demande l’appontage… Autorisation acceptée. Je suis riche, mais j’ai eu la peur de ma vie.

Taux de chômage en baisse

Vous vous dites certainement que tout ce qu’il y a au-dessus n’est qu’un RP de plus, une romance. Mais même pas, ceci est un vrai moment vécu dans Elite Dangerous par votre serviteur. Et des moments, Elite en propose une flopée, quelque soit la voie que vous choisirez. Bon certes il est difficile d’avoir quelque chose d’aussi palpitant quand on se lance dans une carrière de routier de l’espace, mais quand même. Je vais la faire courte : si vous êtes fan d’espace, de combat spatial ou de simulation dans cet univers, alors foncez vous procurer Elite Dangerous.

Dans Elite, tout est affaire de choix. Parachuté dans un univers ouvert où chaque joueur choisi sa voie, il n’y a que très peu de limites imposées par le jeu. La carte est immense et en grande partie inexplorée, qu’à cela ne tienne, vous pouvez devenir explorateur, équiper votre vaisseau d’une sonde capable de récupérer du carburant autour des étoiles (pour ne pas tomber en panne lors des longs trajets), un scanner puissant pour palper la surface des planètes et en avant !

L’exploration très peu pour vous ? Vous voulez de la baston ? Alors faites comme moi, lancez vous dans la chasse aux primes, surtout qu’Elite propose les meilleurs dogfight spaciaux jamais réalisés à ce jour. Tout est un plaisir, la jouabilité est complète sans être inutilement complexe. Le feeling des armes est fantastique et chaque vaisseau à ses propres forces et faiblesses qui se ressentent vraiment une fois le manche en main.

Et si les combats vous saoulent ? Alors faites du transport de marchandises ! Ainsi, le jeu se transforme en vrai “Eurotruck Simulator 2 Space Edition”.Pour optimiser tout ça, un peu de recherche pafin de trouver une route commercial rentable (c’est presque du courtage à ce stade) et c’est parti ! De la routine, de la détente, idéal après le boulot. Ici les vaisseaux sont énormes, massifs, de vrais géants de fer à la maniabilité extrêmement lourde. Mais c’est aussi comme ça que l’on fait fortune ! Puis si jamais vous avez peur des pirates, il suffit de s’entourer de ses meilleurs amis étant donné que Elite Dangerous est un MMO.

En fait, la vraie faiblesse du jeu vient de sa progression et de son côté un peu froid. La progression est longue, fastidieuse et le début est vraiment barbant. Bien souvent vous aurez envie de baisser les bras avant même d’acheter votre premier vaisseau. Mais Elite est un jeu qui se déguste. Comme un bon cognac. Une fois que l’on a son premier joujou, équipé avec amour, c’est un vrai plaisir.
En revanche je lui pardonne un peu moins son côté glacial, presque scientifique. Il y a très peu d’animation dans Elite. Les spatioport sont simplement des lieux de passage de vaisseaux, il n’y a pas âme qui vive. Idem pour les différentes planètes que vous pourrez observer au loin (malgré l’ajout de lumière à leur surface depuis une mise à jour). C’est un peu froid et impersonnel.

En revanche, le jeu de Frontier Developments peut se targuer d’une chose : proposer parmi les plus beaux panoramas spatiaux observés dans un jeu vidéo. C’est vraiment magnifique, et il y a un côté très satisfaisant lorsque l’on découvre une nouvelle planète où jamais personne n’a mis les pieds. Découvrir par un scan qu’il y a de la vie là-bas. S’imaginer cette dernière. Puis partir vers la prochaine destination. Des moments rares dans un jeu vidéo.

Conclusion

Difficile d’établir un avis sur Elite Dangerous tant l’expérience entre les joueurs sera différente. Voyez, mon récit du début est quelque chose que certains joueurs ne vivront jamais car ils auront choisi une voie complètement différente. Le jeu peut sembler complexe de prime abord mais il est au final assez peu profond (en tout cas en ce moment, car de très nombreuses mises à jour visent à lui rajouter des pans entier de gameplay, même si Frontier communique assez peu là-dessus). Pour peu que l’on arrive à se maîtriser et à y jouer de façon raisonnée, que l’on passe outre le début long et fastidieux, on tient là un jeu qui saura proposer de très nombreux moments mémorables. De ceux que l’on raconte avec des trémolos dans la voix à ses copains joueurs.

Je le recommande donc chaudement à ceux qui recherchent quelque chose de différent dans une période où beaucoup de jeux se ressemblent. Elite Dangerous a presque des relents d’early access tant il semble “épuré”, mais vaut largement le coup d’oeil.

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