Adventures of Bertram Fiddle – Episode 1

Adventures of Bertram Fiddle: Episode 1: A Dreadly Business est un jeu d’aventure de type point and click sorti sur plateformes mobiles et ordinateur de bureau. Il propose une courte incursion dans le Londres de l’ère victorienne, sous l’angle de l’étrangeté, dans une sorte d’enfilade de rencontres aux allures de petit cabinet des curiosités. Finement réalisé, il fait assez bien les choses d’un côté sans pour autant en faire suffisamment de l’autre pour marquer durablement les esprits.

Un jeu qui a du nez…

Point de formule savante avec Bertram Fiddle. Le point and click y est représenté dans sa forme la plus simple et la plus accessible. Un brin de logique et d’imagination suffisent à en venir à bout sans trop se fatiguer. L’inventaire est bien là, et du bout du curseur de notre souris (ou du doigt sur mobile), on ramasse sans trop de difficultés les objets utiles aux énigmes que l’on résout presque aussi vite. Il n’y a rien de bien sorcier là dedans, et Bertram Fiddle s’assure de rendre la tâche encore plus simple en restant très évident dans ce qu’il faut faire pour réussir. Il devient alors le compagnon idéal du joueur occasionnel ou débutant, mais laissera sur sa faim les amoureux de ce sport de l’esprit qui iront chercher ailleurs de quoi mettre à l’épreuve leurs neurones.

Du coup, l’aventure s’avère de courte durée. En une heure et demie à deux, l’histoire est bouclée tout en offrant une fin ouverte pour une suite. Cependant, ce n’est pas tellement la durée de vie de Bertram Fiddle qui peut poser problème, mais sa capacité à se rappeler à notre bon souvenir. Notre héros et son cyclope à tout faire Gavin, y poursuivent un meurtrier en série du nom de Geoff. Sorte de Jack l’Eventreur, ce dernier est le moteur d’une intrigue sous la forme d’une course-poursuite qui demeure assez faible dans son ensemble. La fin de l’histoire ne débouche en effet sur aucun retournement de situation surprenant.

On y multiplie pourtant les rencontres avec un parterre de personnages ubuesques à souhait. Cependant, le particularisme de leur personnalité n’est que rarement voire pas du tout utilisé avec beaucoup de sens. Prenons par exemple la présence de Sherlock Holmes qui n’y joue finalement d’autre rôle que celui d’invité prestigieux et dont les capacités de réflexion incroyables n’ont au final aucun véritable impact sur le jeu, aussi bien en terme de narration que de gameplay. Même Gavin est en fin de compte assez peu exploité et devient un outil comme un autre au service de la résolution des puzzles se présentant à nous.

Il y a bien la tentative régulière de verser dans l’humour. Si je suis d’habitude très bon public avec les jeux de mots et le non-sens à la Monty Python, l’ami Bertram n’en a pas le génie et ne sait pas quand s’arrêter. Alors qu’il est d’une joliesse sans pareil, l’humour n’est pas toujours du même niveau de finition finissant par tourner un peu en rond sans réellement se renouveler. C’est amusant sans être complètement drôle. Et c’est bien là le souci. Ce jeu est bien fait mais ne parvient pas à faire mieux que ça. Il n’arrive pas à décoller. Il est demeuré trop sage. Il est comme un – pardonnez-moi cette expression anglo-saxonne – Jack of all trades, master of none. En gros, il n’est ni mauvais, ni n’excelle dans quoi que ce soit, si ce n’est sur son esthétique quasi parfaite.

…mais sans odeur particulière

La plus grande force de Bertram Fiddle se trouve par conséquent ailleurs. Dans sa réalisation pour être exact. Il s’agit du premier jeu vidéo signé par le studio Rumpus Animation, qui comme leur nom l’indique, sont rompus ans l’art de mettre en mouvement de petits dessins. De ce côté-là, difficile de reprocher quoi que ce soit à notre nouvel ami anglais. Le dessin y est très bon, soigné comme il se doit et rempli de détails très fins. La qualité de cette production est indéniable et ce encore plus quand on y remarque l’étonnante délicatesse et fluidité des animations.

La musique est elle aussi composée avec un certain talent. Elle nous propose des rythmiques souvent entraînantes et collant parfaitement au style du jeu. Le doublage tient très bien la route même si je mettrai personnellement un bémol sur la voix un peu trop tremblotante de Bertram himself. Ce n’est donc pas vraiment sur sa plastique qu’il sera à prendre en défaut. Bertram Fiddle aura au moins été fignolé avec passion et talent de ce côté-là. Il est juste dommage qu’il n’ait ni personnages ni moments réellement marquants. Son problème est qu’il n’arrive pas à utiliser pleinement le potentiel de son petit monde étrange.

Une campagne vient de s’ouvrir sur Kickstarter pour ce second épisode, et le ticket d’entrée pour l’obtenir démarre à seulement 5 livres sterling (~6 euros). Par la reine, c’est peu cher et peut-être pas assez si l’on voudrait les voir faire plus long, meilleur et plus fort cette seconde fois. Les promesses de cette campagne ont en tout cas l’air d’aller dans le bon sens par rapport aux critiques que j’ai pu formulées jusque-là. C’est tout ce que je leur souhaite. On pourra au moins être sûr d’une chose, Bertram épisode deux sera au moins aussi magnifique que son grand-frère.

Conclusion

Ce premier épisode des Adventures of Bertram Fiddle n’a pas complètement réussi à créer un tissu narratif cohérent du début à la fin. On a plutôt l’impression d’une accumulation de scènettes à l’humour pas toujours très fin. Alors qu’à l’opposé, il est esthétiquement superbe et détaillé. Notre explorateur n’arrive pas vraiment à poser sa pierre à l’édifice. Il y a très clairement beaucoup de talents derrière lui. Il lui manque juste un supplément d’épaisseur à l’âme pour le rendre inoubliable. Ni mauvais, ni excellent, c’est un joli point and click peu onéreux qui fera passer le temps faute de mieux. Du succès du Kickstarter lancé pour le deuxième épisode dépendra peut-être le futur de la série et son évolution (positive nous l’espérons). Il est par contre idéal pour un plus jeune public, qui malgré son humour parfois macabre, ne verse jamais dans la vulgarité ou le gore.

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