Persona 4 : Dancing All Night

Il y a encore des jeux sur PSVita. Pas beaucoup, certes, mais les japonais n’ont semble-t-il pas dit leur dernier mot concernant cette console pourtant très capable, mais bien mal marketée par Sony. Après avoir dérivé vers un jeu de combat (Persona 4 Arena), la saga Persona et son quatrième épisode se proposent maintenant en un jeu de rythme. Cela vous parait ridicule ? Malgré cela, le jeu parvient rapidement à montrer qu’il a du sens… En plus d’avoir le sens du rythme.

Jusqu’au bout de la nuit !

Rappelons très rapidement ce que raconte le J-RPG Persona 4 : un groupe d’étudiants enquête sur de curieux morts retrouvés pendus sur des antennes de télévision. Rapidement, nos héros vont découvrir qu’un monde parallèle démoniaque existe derrière les écrans de télévision et que les victimes y sont téléportées avant de mourir. En menant l’enquête, Yu Narukami (le héros de Persona 4 qui, à l’époque, était juste « le joueur » avant la sortie des produits dérivés), Yosukje Hanamura, Chie Satonaka, Yukiko Amagi, Kanji Tatsumi, Rise Kujikawa et Naoto Shirogane, sont parvenus à lever le voile sur tout ce mystère et à sauver de nombreuses vies. Au passage, ils ont fait la connaissance de Teddie, un ours « mascotte » piégé dans ce monde parallèle. Chaque personnage découvrira aussi son « persona », une entité qu’il est possible d’invoquer pour combattre.

Après avoir retrouvé l’équipe dans Persona 4 : Arena, dans un jeu de combat les obligeant à concourir à un tournoi pour retrouver le chemin de leur monde, les voilà donc prêt à se trémousser sur la piste de danse pour sauver toujours plus de gens. En effet, d’étranges disparitions de chanteuses Pop ont lieu au Japon et un site internet les affiche en ombres fantomatiques, comme si elles s’étaient faites aspirer par leur écran d’ordinateur. Le monde parallèle est devenu plus musical que télévisé et notre équipe s’y replonge pour sauver des jeunes filles psychologiquement perdues, angoissées par leur volonté de devenir de grandes chanteuses.

Car si Persona 4 mettait en avant les pires démons de nos héros en avant, avec leurs souffrances et leurs défauts à assumer, ce Dancing All-Night place les victimes dans une position tout aussi inconfortable et psychologiquement intéressante pour le scénario : cette envie de faire au mieux, cette impression de ne jamais être assez bon dans ce qu’on fait. Tout est mis en avant par ce démon à la voix crispante qui aime manipuler tous ces jeunes gens en quête de gloire et de réussite. C’est sur cet axe que se dirigera un scénario se dévoilant comme dans une Visual Novel et loin d’un RPG traditionnel.

Les démons du Midnight

Un Visual Novel, comme son nom l’indique, c’est un scénario plus ou moins interactif qui enchaîne les dessins en 2D, les musiques et les sons pour mettre dans l’ambiance, et du texte. Beaucoup de texte. Ici, énormément de texte. Persona 4 : Dancing All Night est extrêmement bavard et ne s’arrêtera de parler que lorsqu’il vous demandera de danser. Le scénario n’est pas complexe et bien traduit en anglais, en plus d’être totalement doublé dans la langue de Barack Obama. Il faut juste aimer lire, encore et toujours, tout en choisissant l’un des deux choix de réponses ou de situation lorsqu’on vous le demande. Cela ne changera pas grand chose, toutefois. Comptez environ 10 heures de scénario si vous ne comptez pas sur l’accélération rapide (heureusement bien présente pour ceux qui veulent juste danser) ou si vous ne coupez pas les voix à tout bout de champs en lisant très rapidement les textes qui apparaissent à l’écran.

Toutefois, se priver du scénario effectivement trop bavard, reste dommage. Bien écrite, l’histoire paranormale et teintée de discours humains très intéressants et de situations de conflits qui peuvent faire réfléchir dans le bon sens des jeunes gens qui s’identifieraient à ces protagonistes tout de même très bien conçus. Le background est important et les joueurs de Persona 4 seront forcément plus à même d’apprécier les situations proposées, mais ce format de Visual Novel sublime vraiment l’écriture proposée. Et pourtant, c’est un jeu de rythme avant tout.

Julien le Persona ?

À chaque fois qu’un protagoniste est en danger, après de longues explications sur sa vie, son œuvre, ses craintes et le pourquoi du comment, vous vous plongerez dans un jeu de rythme loin d’être décevant. Ressemblant beaucoup à ce que propose la série des Hatsune Miku, ce Persona offre un gameplay utilisant :

  • Le côté gauche de la console avec trois notes : flèche haute, flèche gauche, flèche basse
  • Le côté droit de la console, toujours trois notes : Triangle, Rond, Croix
  • Les sticks de la console : permettant de « scratcher » des notes particulières

Des orbes jaunes étoilés apparaissent du centre de l’écran et se dirigent dans les six directions disponibles, en rythme avec la musique, pendant que votre héros danse en fond. Évidemment, il va falloir enchaîner les bonnes notes pour augmenter la jauge de talent. Quelquefois, un cercle « bleu » viendra grossir du centre de l’écran jusqu’à le dépasser, vous permettant de le « scratcher » pour obtenir des points bonus. Plus vous en obtenez, plus vous permettez à votre héros d’entrer en mode « Fever ». Dans ce mode, si vous avez de la chance, un autre héros du jeu viendra danser avec le votre pour des moments très bien réalisés et chargés en points bonus. Une fois la chanson terminée avec talent, vous verrez le Persona du héros sélectionné se révéler et conclure la chanson avec son instrument. Chaque Persona étant relié à un instrument différent pour nous offrir une note finale très bien mise en scène.

Tiens, c’était finalement plus simple à expliquer que je ne le pensais au premier abord ! Il faut dire que Persona : Dancing All-Night est très simple d’accès, en terme de prise en main et de compréhension du gameplay. Par contre, si vous n’avez jamais joué à un jeu de rythme de votre vie, le mode Normal reste assez relevé. Pour quelqu’un s’y connaissant un minimum et aimant le genre (c’est mon cas), le mode Difficile est déjà un bon challenge et un certain temps d’adaptation, trois/quatre chansons dans mon cas, est nécessaire pour prendre en main le gameplay. Rassurez-vous, amis fous du rythme endiablé, un mode Hardcore est à débloquer en finissant le mode Histoire.

Sur la piste, sans scénario

Il est aussi possible, fort heureusement pour la durée de vie du jeu, de lancer toutes les chansons de la playlist dans un mode « libre » où vous pourrez jouer n’importe lequel des héros du jeu. En finissant ces chansons avec talent, que ce soit en mode Histoire ou dans ce mode libre, vous gagnerez de l’argent que vous pourrez dépenser dans une boutique de vêtements, d’accessoires mais aussi de « modificateurs de parties ». Ces items permettent d’augmenter la vitesse des notes ou de compliquer leur visibilité pour rendre plus difficiles les parties… En échange de bonus de points et d’argent à la fin de celles-ci, évidemment. Ces modificateurs viennent eux-aussi en donner à tous les genres de joueurs, des plus érudits aux plus débutants. Un bon point.

Finalement, quels sont les défauts de ce jeu de rythme Persona ? À la réalisation léchée, visuellement magnifique et inspirée (sauf peut-être pour les cinématiques, en deçà de ce que l’on pouvait en attendre), avec un univers sombre mais dont on tombe facilement amoureux, le jeu est une vraie réussite pour nos yeux avides d’ambiances glauques et lumineuses en même temps. On pourrait lui reprocher par contre d’être beaucoup trop bavard par moments, mais aussi de ne pas assez diversifier les chansons qu’il nous propose. Sa playlist est composée de styles très différents, mais aussi de remix « spéciaux » beaucoup trop présents. Il n’est pas rare d’enchaîner la même chanson sous prétexte que celle-ci possède deux ou trois accords et un montage différent. J’abuse un peu sur la description de ces remix, mais cela reste assez ennuyant.

À côté de cela, Persona 4 : Dancing All-Night est un très bon jeu de rythme, un sympathique Visual Novel et il ne vient en aucun cas gâcher l’univers du Persona 4 original, bien au contraire. Les ramifications entre les deux jeux sont simples, l’un peut mener à l’autre très facilement et si vous aimez l’ambiance et les personnages proposés ici, on ne peut que vous conseiller de trouver un moyen de vous plonger dans Persona 4, l’original, qui reste l’un des meilleurs J-RPG de ces dix dernières années.

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