Albino Lullaby : Episode 1

Souvent les jeux d’horreur oublient à quel point l’ambiance et l’immersion sont des éléments importants pour le genre. Le joueur aura par trop souvent droit à des jumpscares qui viendront l’effrayer et le tirer de son ennui. C’est par anticipation de ces moments de panique que le joueur pourra se mettre en condition et avoir peur mais d’autres techniques sont possibles. La team Ape Law l’a bien compris et a cherché à nous prouver que la peur peut être créée par des moyens inattendus dans le premier épisode d’Albino Lullaby qui marque ainsi un tournant dans le genre du jeu d’horreur.

Ambiance malsaine en veux-tu en voilà !
Ambiance malsaine en veux-tu en voilà !

Perdu dans un univers surréaliste peuplé de créatures abjectes

Vous débutez l’aventure dans une sorte de manoir sans réelle introduction, sans savoir qui vous êtes ni ce que vous faites là. Le mystère est entier et vous allez récolter quelques pages d’un journal pour en apprendre plus mais la plupart des mots semblent être ceux de fous. Vous découvrez lentement un univers étrange, des instruments de torture, des boutons actionnant des mécanismes qui semblent déconstruire la bâtisse autour de vous, jusqu’à rencontrer des êtres bizarres et abjects qui vénèrent une certaine « Grandmother » et qui sont appelés les Grandchildren. Votre quête de vérité vous mènera dans un endroit immense, une énorme ville surréaliste où le cauchemar ne fera que commencer…

Malsain, cauchemardesque et empreint de folie

Albino Lullaby est un jeu d’horreur non conventionnel qui nous prouve qu’une bonne ambiance suffit à créer un malaise chez le joueur. On ne s’amusera pas à nous faire peur à grand renfort d’effets sonores assourdissants mais cela ne nous empêchera pas d’avoir le cœur qui bat à certains moments ! C’est là le gros point fort du jeu : il parvient à créer une angoisse chez le joueur et amène le sentiment étrange que l’on s’enfonce petit à petit dans un cauchemar où l’on laissera notre santé mentale.

La bande-son remplit bien son travail et profite à l’ambiance avec ses sonorités lugubres et sa cadence lente. Un effet hypnotisant s’en dégage et nous confirme que ces lieux que nous arpentons nous happent doucement et nous entrainent vers une folie certaine. Le jeu d’acteur est lui aussi de haut niveau, les voix des monstres sont glaçantes ! Malheureusement pour les non-anglophones, ces voix faisant partie de l’environnement plutôt que d’un dialogue direct, vous n’aurez pas droit à des sous-titres.

Pressage de boutons et cache-cache avec les dingos

Le gameplay reste très simple. Nous devons explorer, récolter des clés et passer à d’autres zones en ayant pressé sur le nombre requis de boutons. On devra d’ailleurs presser des boutons à plusieurs reprises lors de ce premier épisode, on se serait peut-être attendu à une progression plus intéressante ou au moins à un renouvellement des énigmes. Malgré tout on explore les lieux avec intérêt et curiosité, on lit les écrits avec attention bien qu’on ne sache jamais qui les a rédigés ni s’il s’agit plusieurs fois des écrits d’une même personne, pas idéal pour s’en sortir. On préfèrera même laisser des notes derrière nous pour ne pas se faire attraper par un monstre en le lisant en plein sur son passage.

Les "grandchildren" n'inspirent pas vraiment confiance si vous voyez ce que je veux dire...
Les « grandchildren » n’inspirent pas vraiment confiance si vous voyez ce que je veux dire…

Un level design inspiré et un style visuel singulier

Au niveau des graphismes, Albino Lullaby nous offre une patte tout à fait particulière. Si de loin vous aurez l’impression d’évoluer dans des lieux « normaux » (oui les guillemets sont importants !) en vous approchant des objets, des murs ou des meubles vous pourrez observer un style tout à fait singulier comme réalisé à base de coups de crayons et de traits grossiers.  Albino Lullaby parvient à nous surprendre avec son level design inspiré nous faisant actionner des mécanismes qui révèlent d’autres pièces de manière surréaliste ou en nous entrainant dans des lieux défiant les lois de la physique. L’endroit semble vivant et en changeant il vous fait vous demander si ce n’est pas vous qui devenez fou. Les nombreux environnements différents confèrent un réel sentiment d’immensité auquel on ne s’attendait pas étant donné le format épisodique du jeu.

Le style visuel est tout à fait singulier.
Le style visuel est tout à fait singulier.

Le petit bémol qui en résulte est qu’on va parfois tourner en rond sans vraiment savoir où aller, on va sauter sur des plateformes où en fait on n’aurait pas dû se retrouver, entrer par une fenêtre sans vraiment savoir si cela est prévu ou non. Un petit effet de désorientation s’ensuit mais d’un côté celui-ci ne porte pas préjudice au jeu dans le sens où cela accentue notre idée de perte de santé mentale. Ce qui porte préjudice au jeu ce sont surtout les quelques bugs que d’autres joueurs et moi-même avons rencontrés comme un mur invisible qui oblige à recommencer le niveau ou une porte à travers laquelle on est censé tomber mais comme le sol de la pièce derrière la porte ne se charge pas, on tombe vers notre mort (ce bug ne se règle qu’en récupérant une sauvegarde que les développeurs ont mis à disposition).

Le jeu a un autre défaut : la configuration minimale est tout simplement fausse. Le jeu est assez demandeur et il ne tournera pas forcément de manière optimale sur un bon PC alors ne vous attendez pas à pouvoir jouer avec 2 GB de RAM et un processeur de 2 GHz. Dommage car cela induit l’acheteur en erreur et celui-ci pourra se retrouver avec un jeu injouable ou en tout cas, même s’il se lance, justice ne sera pas rendue au travail artistique sur le jeu et l’immersion en prendra un coup.

Au final, ce premier épisode est très prometteur de par son univers surréaliste et glauque et de par son ambiance angoissante qui parvient à donner le sentiment étrange que le joueur est entrainé malgré lui dans les méandres d’un cauchemar où il risquera de laisser sa santé mentale. Le level design inspiré tout comme les graphismes au style singulier apportent encore leur pesant d’immersion au titre qui offre une durée de vie tout à fait bonne pour un épisode (2 à 5h environ). Quelques éléments m’amènent cependant à nuancer les qualités du jeu qui souffre de mécaniques répétitives, de monstres qui se lanceront à votre poursuite sans raison et qui obligeront à délaisser l’approche discrète ainsi que d’une avarice en checkpoints. Néanmoins ce premier épisode se révèle être surprenant et inspiré, de quoi laisser présager de bonnes choses pour la suite en espérant que l’inspiration reste au rendez-vous.

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