Severed

Sans doute l’un des derniers gros jeux indépendants d’une console qui risque à tout moment d’être débranchée par Sony, Severed est conçu par les géniteurs de l’excellent Guacamelee ! On y retrouve quelques inspirations visuelles et le principe d’un Metroidvania, mais les similitudes s’arrêtent là.

severed_screenshot-06-psv-us-03mar15Dungeon Crawler + Metroidvania

Son nom, c’est Sasha. Elle est perdue dans un réel cauchemar, où tout est glauque et morbide. Elle est à la recherche de ses parents dans ce pays des morts où les seuls êtres sont des monstres, des étranges voleurs au visage de sorcière et ce corbeau à deux têtes qui ne cesse de parler. Il ne lui reste plus que son bras gauche pour se battre et pour l’aider, elle possède une épée démoniaque aux pouvoirs gigantesques. Bien entendu, c’est plus profond que cela : Drinkbox Studios nous a habitués à des scénarios intelligents, Guacamelee a aussi trouvé son public grâce à cela. Severed ne déroge pas à la règle : le scénario tient sur un post-it, mais un post-it de luxe fait d’un papier rare et incrusté de diamants.

On progresse de façon particulièrement classique, comme dans tout Dungeon Crawler à la première personne : avec le stick gauche, vous pouvez bouger de case en case, en allant tout droit, à gauche ou à droite. Pour revenir en arrière, il faut se retourner entièrement : impossible de jouer en marche-arrière pour le bien de la progression. Il faut dire que Severed est tout sauf un Dungeon Crawler classique, puisqu’il est aussi et surtout un jeu aux affrontements entièrement tactiles.

A certains endroits de votre grande carte du monde se trouveront quelques âmes perdues représentées par de blanches flammes peu accueillantes. Ces âmes se révéleront être des ennemis qui vous entoureront, aussi nombreux qu’ils soient. Vous pourrez alors passer de l’un à l’autre d’un seul mouvement de stick analogique. Pour vous battre, il faut tracer de grands traits d’attaque au doigt, sur l’écran tactile. Plus vous tracez vite et sur une grande partie de l’écran, plus le coup fait de dégâts. Une fois la jauge de vie de l’ennemie à zéro, il explose dans une gerbe de sang et d’organes… Sauf si vous avez pris le temps de faire grimper votre jauge de combo auparavant.

severed-screen-02-psvita-us-21apr16Du tactile qui a du tact !

Augmentant plus vite lorsque vous enchaînez les coups sans être contré, cette jauge vous permet une fois l’ennemi au terme de sa vie de le trancher à certains endroits précis, lors d’un léger arrêt du temps. L’ennemi disparaît alors et vous, vous récoltez ses morceaux bien choisis. Ceux-ci peuvent alors vous servir pour améliorer les caractéristiques de votre personnage qui, visuellement, se transforme en véritable guerrière. Davantage de vie, de défense, une récupération de santé lors d’ennemis battus… Les compétences sont nombreuses et rapidement, on se fait une joie de découper comme il se doit les ennemis rencontrés pour faire de notre guerrière une véritable machine à tuer. Et puis, le jeu nous rappelle qu’il est aussi un jeu d’exploration, un Metroidvania pas comme les autres.

Une carte s’affiche en haut à droite de l’écran, vous indiquant toujours où vous êtes. En la touchant, vous aurez la version « plein écran » de celle-ci. Elle est utile et sera votre principale alliée, puisque le jeu est rempli de petits puzzles malins à base d’interrupteurs et de portes, mais aussi de secrets bien camouflés dans l’architecture colorée et pourtant glauque de ce monde unique. Vous devrez y trouver des trésors bien cachés, augmentant certaines de vos caractéristiques, mais aussi et surtout des fragments de cœur (pour la vie) et de cerveaux (pour le magie). Des organes qui, une fois complétés, seront à dévorer en tapotant l’écran.

La magie est aussi très présente lors de l’exploration, permettant de déceler des passages cachés et des univers parallèles. Mais elle sert aussi pendant les combats, où stopper le temps ou voler quelques pouvoirs temporaires vous sauvera de situations bien complexes.

severed-screen-03-psvita-us-21apr16Exquise mutilation

Severed raconte une histoire simple et glauque comme personne. Proposant un univers excessivement coloré, aux démons magnifiques et à l’architecture des niveaux aussi simple dans sa progression que complexe visuellement, Severed enthousiasme dès les premiers instants. Le tactile fonctionne très bien et si les premiers pas demandent certainement un temps d’adaptation, le célèbre « j’y arriverais jamais », on comprend très vite les ficelles du jeu et comment se sortir des pires combats. Peut-être même trop, d’ailleurs.

Severed est aussi répétitif, visuellement là encore, dans son level-design, mais aussi dans ce qu’il raconte entre l’introduction et le bouquet final au boss splendide et malin. Heureusement, l’exploration et ses découvertes rend l’aventure jamais trop lassante et récompense le joueur à chaque fois que celui-ci pourrait avoir l’envie de stopper, las, sa partie. Clairement, Severed a été testé mille et une fois avant d’être distribué, tant le rythme du jeu semble parfait, camouflant toute cette répétitivité par une petite nouveauté à chaque moment opportun. Il n’y a finalement qu’une fois terminé, au bout d’environ sept heures et à 90% de secrets dévoilés dans mon cas, que Severed peut être réellement mis de côté.

L’aventure est magnifique, portée par des visuels uniques et un melting-pot d’idées qui fonctionnent assez bien. Néanmoins, la répétitivité est très présente à chaque nouvelle intersection de ce labyrinthe démoniaque aux combats tactiles assez simples une fois bien compris. Reste cet univers et ce sens du rythme, si efficaces. Severed est un très bon mais aussi assez court jeu, peut-être le dernier d’une PSVita qui aura eu mine de rien quelques belles fulgurances à proposer. Quant à Drinkbox Studios, on peut dire pour eux que c’est encore une réussite.

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