Goetia

Petit jeu indépendant devenu gros projet du Collective de Square Enix, Goetia de Sushee est enfin de sortie et tente de se faire une place dans le domaine du point & click. Original autant dans quelques idées de gameplay que dans ce qu’il raconte, ce jeu saura-t-il convaincre un large public ?

Goetia (1)Une âme erre, défaite

Une lumière s’éveille, c’est l’âme d’un être disparu. Abigail semble être son nom et elle est perdue dans un manoir sordide, abandonné. D’étranges démons s’y sont installés, bloquant l’accès à plusieurs étages et salles avec quelques barrières magiques. Qu’est-il arrivé à cette jeune fille que nous guidons du curseur de notre souris ? C’est l’objectif principal de ce point & click à l’ambiance très réussie.

Si visuellement le jeu est réellement beau à tous les étages (jeu de mot, vous l’avez ?), il n’empêche qu’on ne donnait pas cher de sa peau lors des versions previews qui ne montraient que de jolis artworks sans trop d’animations. On oublie souvent qu’une atmosphère s’installe avant tout via l’ambiance sonore et celle de Goetia est tout simplement splendide. Plancher qui craque, hululements au loin, petits bruits frissonnants, tout ce travail d’orfèvre est accompagné de thèmes musicaux tout en finesse et délicatesse. Ce n’est jamais un jeu effrayant, ce n’est jamais une aventure qui vous fait sursauter de votre chaise et pourtant, on y croit à tous les instants. Les premières minutes de jeu sont parsemées de doutes : l’atmosphère est tellement réussie qu’on croise les doigts à chaque changement de salle pour que rien ne vienne sursauter à l’écran. Puis rapidement, l’écriture se met en place, nous rappelant quel est le type de jeu auquel on est confronté…

Goetia est avant-tout une histoire particulièrement sombre et envoûtante, où l’on nous plonge dans un monde d’incertitudes, de mystères et d’inconnu. En guidant la forme spectrale d’Abigail, le joueur parcourt un monde qu’il ne connaît pas davantage qu’elle et se raccroche à ces quelques bribes de souvenirs que notre héroïne semble avoir gardées depuis son passage dans l’au-delà. A moins que justement, son état soit plus complexe que cela ? Pourquoi est-elle le seul fantôme des environs ? Qui sont ces étranges démons qui hantent les lieux ? A travers des dialogues, davantage un monologue par ailleurs, mais surtout via des documents très bien conçus nous relatant des faits à travers de journaux et de notes, Goetia surprend aussi via son écriture parfaitement pensée pour toujours subjuguer le joueur sans jamais le noyer de contenu. Le texte est par contre légèrement parasité par des fautes gênantes.

Goetia (2)Combinaison d’objets

En plus d’explorer les lieux, allant bien plus loin qu’un simple manoir rassurez-vous, le joueur sera capable de prendre possession de certains objets pour les amener dans d’autres endroits. Cependant, les objets sont tout ce qu’il y a de plus matériel et il faudra trouver bien des astuces pour réussir à les amener dans une autre salle sans pouvoir traverser portes et murs à volonté. C’est la grande originalité de Goetia, il n’y a pas de barrières autres que celles qui sont posées par les démons qui hantent le manoir : vous pouvez passer les fondations, le sol, les portes, sauf quelques exceptions que le scénario vous expliquera très habilement. Cela rend le gameplay plus fluide, plus libre mais offre aussi au joueur la possibilité de vite se perdre dans ces lieux où les salles sont toutes plus froides et étranges les unes des autres. On a l’impression d’entrer par effraction chez quelqu’un, comme si à tout moment les habitants allaient nous prendre la main dans le sac en train d’essayer de combiner un pendentif avec une étrange cavité creusée dans une stèle.

C’est d’ailleurs principalement de ce genre d’interactions qu’est composé Goetia : au-delà de l’exploration et d’énigmes bien complexes (mais toujours logiques) d’analyse de documents et de logique, le jeu vous demande de combiner des objets de la façon la plus habile pour vous ouvrir la voie vers toujours plus d’indices et de mystères.

On est loin du décalage d’un Monkey Island, certes, mais ce n’est pas non plus la platitude extrême d’un point & click quelconque qui vous est proposée ici. Les relations avec les objets ont toutes un lien réel dans l’histoire, de façon à ce qui ne nous saute pas aux yeux nous fasse nous maudire de ne pas y avoir réfléchi plus longtemps lorsque l’on trouve enfin la solution. Goetia est absolument réaliste, du début à la fin, et ce malgré son histoire de fantômes.

Goetia (3)Who you gonna call ?

Je vous l’avoue, je me suis beaucoup aidé de la communauté sur les forums officiels de Steam. Il faut dire qu’en cas de réel blocage face à une énigme des plus complexes (et elles sont nombreuses), la communauté est d’une grande aide et fait cela très habilement : avec des indices, sans forcément donner directement la solution. C’est un jeu dans le jeu et il faut bien avouer que c’est aussi cela, la force de l’Internet. On adorait partager dans la cour de récréation nos astuces pour se débloquer d’une mauvaise situation et on avait rapidement qu’une envie : rentrer chez soi pour essayer cela et passer à la scène suivante. Internet sublime ce sentiment tout en nous faisant gagner du temps et j’avoue avoir tout autant apprécié la découverte du jeu que celle d’une communauté intelligente et maligne. Cela sert le jeu de la meilleure des façons.

Que dire de plus sur Goetia si ce n’est que c’est une réussite ? Bien sûr qu’il a des défauts, à commencer par des énigmes réellement difficiles qui ne sont pas dédiées aux joueurs les moins patients, mais son ambiance globale et sa justesse artistique le rendent sans aucun doute intemporel. Il raconte quelque chose de passionnant et sait récompenser le joueur à chaque succès de sa part. Il est porté par des compositions qui font mouche et nous placent dans une ambiance unique, dont on aime avoir peur tout en sachant que rien ne viendra nous sauter à la gorge. C’est une histoire de fantôme interactive des plus réussies et un point & click de qualité.

Cette version a été testée sur un jeu mis à jour de ses quelques bugs. A la sortie du jeu, de mauvaises collisions provoquaient une progression impossible et supprimais la sauvegarde. Attention, donc ! Et clairement, le jeu mérite un poil moins de félicitations pour ce détail pénible.

5 réflexions au sujet de “Goetia”

  1. Intéressant tout ça, se pourrait que ça soit le 2ème jeu du studio dans lequel j’investis. J’ai craqué pour Fear Effect Sedna X3 Trop de fanboyisme de la licence en moi pour passer à côté. Et puis la DA a l’air top, j’attends juste de voir si je me ferais au gameplay :p

    Enfin bref, ça a l’air pas mal, ça me rappellera p’tet mes moments sur Dark Fall !

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  2. Je suis à 97% du jeu mais je me trouve devant un petit problème: pas de cartes perforées ni dans la chambre d’Edward ni à coté du gramophone.
    Ai-je oublié une action?

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