Flat Kingdom

Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de la platitude. La troisième dimension s’invite dans ses chaumières en bouleversant les perspectives géométriques des habitants de ces terres aplanies. C’est ainsi qu’un héros est désigné par son roi pour mettre les points sur les i et découvrir qui serait l’infâme pourvoyeur de relief à leur insu. Il n’en fallait pas plus à Flat Kingdom pour se vivre comme une lettre ouverte remplie d’amour pour les jeux de plateformes. Mais cela lui suffira-t-il ?

10Croix, croix, carré, rond, rond et triangle

Mettons les choses à plat de suite. Flat Kingdom est un jeu de plateformes qui n’a pas inventé le fil à découper les pixels. Derrière son histoire simplette se trouve un clin d’œil très appuyé aux jeux d’antan comme les Mario et Cie qui ont façonné les prémices du vidéo-ludisme tel que nous le connaissons maintenant.

On y incarne un héros uniforme et mignon à la fois qui n’est qu’un simple cercle animé de deux yeux et deux petites jambes. La simplicité de son design sert efficacement le côté attractif de la chose, surtout quand ce dernier peut se transformer tout de go en triangle rectangle ou en carré de l’hypoténuse. Notre petit bonhomme peut alors sauter en tant que rond, courir aussi vite qu’un hérisson bleu en tant que triangulaire, et s’alourdit faisant le costaud quand il revêt une forme à quatre côtés.

Il nous revient alors d’alterner les dites formes selon le contexte pour pouvoir continuer à avancer ou se défaire des monstres qui parsèment ces niveaux. Ainsi comme dans un jeu de pierre-feuille-ciseau, le triangle détruit les cercles, le cercle défonce les carrés, et le carré écrase les triangles. Ce cercle vicieux du serpent qui se mange la queue est celui qui définit entièrement le fonctionnement de ce platformer au demeurant plutôt sympathique. On a quand même parfois du mal à distinguer les formes géométriques des monstres et donc de choisir rapidement le meilleur moyen de les détruire.

9Mettre les pieds dans le plat

Tout d’abord, il est bon de savoir que le jeu est censé être plus appréciable à la manette qu’au clavier, même si on ne vous y oblige pas. Pour la forme. Concrètement, j’ai eu du mal à faire fonctionner deux de mes manettes de jeu qui sont celles de la Xbox 360 et une autre de Xbox One. Seule la manette de ma PS4, reconnue nativement par Windows en la branchant par l’usb, a réussi à ne pas me poser problème.

Avec les manettes de Xbox, la touche directionnelle gauche était comme enfoncée puisque telle était l’action que le héros Flat perpétrait en boucle. N’ayant pu trouver de cas similaire sur les forum, et malgré un support de Flat Kingdom prétendument étendu à de nombreuses manettes, dont celle de Xbox, je ne saurai dire si le problème vient de ma machine ou du jeu. Mais étant donné que ce souci n’est intervenu qu’avec lui, je lui en incomberai la faute pour le moment.

Au-delà de cet interlude, c’est un jeu qui ne souffre pas de problèmes techniques majeurs. Il tourne très bien si ce n’est la réactivité toute relative de son héros. En effet, à terme, passer d’une forme à l’autre peut s’avérer chose éreintante et ne m’a pas semblé suffisamment dynamique dans la pratique. Le passage de l’une à l’autre aurait gagné selon moi à être plus rapide pour rendre le jeu plus amusant.

7Et la 3D dans tout ça ?

Conceptuellement, le fait de pouvoir alterner ces formes, voire de les combiner en quelque sorte en switchant de l’une à l’autre pour par exemple lancer une attaque spéciale, est une bonne idée. Dans la pratique, il en résulte certes une certaine lourdeur dans la jouabilité déjà évoquée plus haut, mais aussi une lassitude.

Mario, même lorsqu’il est tout petit sans un champignon bourré d’hormones de croissance, est capable de finir un niveau en entier sans pouvoirs quelconques. Cette simplicité fonctionnelle s’avère terriblement efficace, car dans un Mario Bros et cie, c’est le joueur qui est l’outil de sa réussite et non spécifiquement les gadgets, les super pouvoirs ou je ne sais quoi d’autre qui auraient été mis à sa disposition.

Il est donc possible de s’y amuser et de réussir sans fioritures. Les super pouvoirs ne sont là que pour A) faciliter la vie du joueur, B) lui permettre de découvrir des passages secrets et autres routes alternatives. Dans Flat Kingdom, les formes que peut prendre notre héros sont obligatoires pour avancer et détruire certains ennemis. On se retrouve donc obligé arbitrairement à utiliser l’une ou l’autre pour pouvoir progresser. Du coup, c’est beaucoup plus rébarbatif qu’amusant, à l’image des phases aquatiques où seul le poids du carré lui permettra de s’y déplacer dans les profondeurs, là où le triangle patauge en faisant du surplace et le rond qui ne sait que flotter.

Or il est bien gentil ce carré, mais il se déplace à la vitesse d’un escargot. En fin de compte, les moments réjouissants se partagent avec ceux qui sont implacablement ennuyeux de par leur caractère fastidieux. Et c’est ainsi tout le long jusqu’au final fatidique qui comme un ultime pied de nez, vous demandera de retourner dans les mondes traversés afin de mieux y découvrir des passages secrets vous ouvrant l’accès à des plateformes volantes nécessaires pour accéder au boss de fin.

Je finirai sur cette idée de départ où la troisième dimension était en train de s’inviter dans un monde à scrolling horizontal et plat comme une limande. Idée semble-t-elle passée complètement à la trappe puisque cette intrusion de la 3D n’apporte rien si ce n’est quelques effets scriptés appuyant le scénario du jeu. Rien de plus, ce qui est dommage.

Flat Kingdom fait un clin d’oeil très appuyé en arrière aux gloires passées de la glorieuse 2D. Avec ses airs de Paper Mario (surtout l’épisode Wii), il demeure très sympathique grâce à une direction artistique assez réussie dans les grandes lignes. Malheureusement, il souffre d’une certaine lourdeur de par sa jouabilité contraignante et peu naturelle en nous obligeant à passer de rond à triangle ou carré selon les situations se présentant à nous. Il en reste au final un jeu de plateforme avec un bon capital sympathie mais qui se saborde assez vite en n’ayant pas poussé assez loin son concept de base, mais compense le tout de par son prix très accessible.

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