Moon Hunters

Les jeux d’arcade saupoudrés d’une grosse dose de rogue-like ont un truc génial : permettre des parties aussi courtes qu’intenses. C’est  sur ce postulat que Kitfox studio est parti mais en changeant la donne. Plutôt que de faire un pur jeu d’arcade, ils se sont lancés sur un action-RPG. Analyse d’une mauvaise idée.

Rendez-vous raté avec la lune.

Avant de vous lancer dans l’aventure, vous devrez choisir un personnage parmi les six sélectionnables (dont deux sont à débloquer) ainsi qu’un village (parmi quatre, dont 2 aussi à débloquer). Quel que soit votre choix, le constat est le même : vous êtes en mission pour nourrir votre village, car une méga grosse fiesta un rituel pour honorer la lune a lieu le soir même. Pas de chance, la lune n’apparaît pas, c’est la panique, et en tant que grand héros, vous partez à la recherche de réponses concernant sa disparition. Un peu comme la quête de Rahan, mais à l’envers.

Après une bonne grosse journée de recherche, un homme faisant partie d’une tribu qui vénère le soleil vient vous annoncer que vous et toutes les tribus vénérant la lune allez mourir… Mais seulement dans trois jours ! Sinon le jeu serait un peu trop court. Au bout des trois jours, vous aurez le droit à un combat contre le boss et au générique de fin. Oui, je suis un gros vilain qui vous spoile le déroulement du jeu mais ne partez pas, il y a une raison pour cela. Un run complet, si l’on va au bout des trois jours, dure environ une heure. Sachant que la carte est générée aléatoirement et que chaque run permet de débloquer du contenu pour les runs suivants, le jeu a une forte rejouabilité, du moins sur le papier.

Chaque journée, pour un total de cinq, se déroule en deux parties. De jour, vous sélectionnez une zone sur la carte monde générée plus ou moins aléatoirement. Dans cette zone, vous tapez du monstre, faites des mini quêtes, bref des trucs typiques d’A-RPG sachant qu’en moins de dix minutes vous avez fait le tour de la zone. Pour en sortir, vous devez camper la nuit. Cette partie, bien plus rapide, vous demande de choisir entre dormir, cuisiner, chasser, monter la garde et observer le ciel, sachant qu’aucun choix n’impliquera une action de votre part. La différence entre chaque concerne les bonus de statistiques gagnés. Si sur le papier la formule peut laisser croire qu’elle fonctionne, hélas le constat en jeu est tout autre.

La marche de la lune.

Clairement, Moon hunters n’a aucun défaut de réalisation. Le jeu tourne parfaitement, les mécaniques de jeu aussi, avec des personnages suffisamment différents pour avoir une approche des combats non redondante. Seul le barde, l’un des personnages à débloquer, est incompréhensible à jouer et a priori injouable en solo puisqu’il ne peut pas attaquer.

Lorsqu’on parcourt le jeu pour la première fois, et ce avant d’arriver au boss final, on est plutôt enchanté. Nos personnages, avec six statistiques différentes, gagnent des traits de caractère en fonction des choix que nous faisons lorsque nous discutons avec un PNJ. Ces traits de caractère permettent d’activer d’autres événements sur les cartes (exemple : si vous avez suffisamment de compassion,  vous pouvez guérir un serpent qui deviendra votre animal de compagnie et se battra à vos côtés). De même, au fil des combats, vous gagnerez des opales, monnaie du jeu qui vous permettra d’acheter des améliorations pour l’une de vos trois compétences d’attaque. Le problème est que la formule « une heure de jeu » pour un jeu assimilé à un RPG ne fonctionne pas. Dans ce style de jeu, on a besoin de voir évoluer son personnage au fil du temps, de voir un monde dans sa totalité pour comprendre son histoire. Tout ceci s’arrête de manière très brute et du coup on désenchante vite.

Recommencer un run avec un personnage connu n’est absolument pas motivant étant donné que l’aspect découverte de celui-ci date d’il y a à peine une heure. Même si les zones de jeu sont placées de manière aléatoire sur la carte, on est tout de même confronté trop de fois aux mêmes événements d’une partie à l’autre. Dès que l’on découvre les trois fins possibles (la mauvaise, la très mauvaise et la bonne pleine de bisous et de câlins), il ne reste que très peu d’arguments à Moon Hunters pour faire relancer une nouvelle partie au joueur. Pourtant le jeu a un grand nombre de secrets à dévoiler, 43 pour être exact, qui correspondent à des constellations auxquelles il est possible d’accéder dès le menu du jeu, que l’on débloque en fin de partie selon les actions réalisées et qui permettent là-aussi de déverrouiller du contenu pour les runs suivantes.

Avec un pixelart plutôt joli, Moon Hunters avait, sur le papier, tout pour séduire le joueur. Reprenant la formule du jeu d’arcade, cet action RPG plutôt bien réalisé dans son ensemble n’arrive malheureusement pas à convaincre une fois le clavier en main. Proposant des aventures bien trop courtes (de 15 à 60min), il devient rapidement pénible de recommencer une partie de zéro avec un personnage connu. Une fois la découverte qu’offre la base du jeu passée, Moon Hunters tombe rapidement dans l’oubli. 

2 réflexions au sujet de “Moon Hunters”

  1. 100% d’accord avec l’article. 3-4 parties m’ont suffit à trouver chiant de refaire la période de jour où je cherchais partout pour éviter de louper un secret.
    Après la deuxième fin, je me suis demandé si, comme à la Binding of Isaac, l’histoire allait se rallonger mais rien ne l’annoncait. Comme j’y ai joué à sa sortie (j’ai eu la copie après avoir Kickstarté le projet) j’ai laissé le jeu pour voir si je loupais quelque chose car je sentais que le jeu allait me lasser.

    Mais c’est dommage ! Le jeu est superbe !
    Et l’histoire est intriguante, semble riche ; on veut en savoir plus mais paf ! 3 jours, et rebelote.

    Ah et au début je pensais attendre quelques mois et proposer à des amis de se faire une ou deux runs en multi, car le jeu semblait un peu pensé pour ça, mais déjà qu’en solo les combats sont simples avec une IA pas très évoluée, je pense qu’en multi ça ne doit pas être très fun. Surtout que le côté histoire, en multi, est souvent passé par les joueurs, désirant plutôt s’amuser.

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    • De mon coté, on a joué moi et Leenuyth pendant deux runs et on a pas du tout trouvé l’intérêt de continuer, de se refaire les mêmes zones, etc. En plus, avec tant de jeux à coté, forcément celui-ci fait pâle figure avec son concept. Il est bon sur le papier, mais l’exécution est totalement décourageante.

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