Tempest

Les pirates, il y a pas à dire c’est vraiment un domaine que j’affectionne particulièrement. Pourtant les jeux vidéo et les films abordent assez peu cet univers sous sa forme réaliste. La plupart du temps on est sur du jeu qui parle de ça sous l’angle de la picole, de la fête et de la mauvaise hygiène personnelle. Du coup, quand j’ai lancé Tempest j’étais plutôt content. Les images envoyaient du bois, la vidéo sur Steam faisait envie. Qu’est-ce qui pouvait sérieusement mal se passer ?


What should we do with a drunken sailor ?

La réponse est simple : ce jeu est issu de l’univers des tablettes. Dès le lancement j’ai eu un haut le coeur tant l’interface hurle de partout “TABLETTE !!!”. Des boutons énormes aux menus d’achat/vente qu’il faut faire glisser de la même manière qu’on le ferait avec notre doigt sur un écran tactile, c’est une catastrophe. En ce sens le jeu porte bien son nom. La moindre action qui devrait prendre 2 secondes devient infâme et l’ergonomie est complètement à la rue.

Côté gameplay je pensais me lancer dans un jeu de gestion d’équipage assez velu mais que nenni. A la manière d’un sous-FTL on pique les bateaux des ennemis vaincus, on achète systématiquement l’équipement de rang supérieur (aucun choix décisif à faire) et on se trimballe des tonnes et des tonnes de munitions sans soucis. A titre d’exemple, dans mon tout premier bateau, minuscule et équipé d’une poignée de canons j’avais 7500 boulets, paye ton réalisme. Petit point histoire : dans les vaisseaux de 74 (canons) de l’époque, qui étaient très utilisés du fait de leur polyvalence, il y avait environ 4400 boulets. Vous comprenez où je veux en venir ?

Les combats sont sympathiques, quoique simplistes. Il faut aligner son côté babord ou tribord pour pouvoir tirer des bordées sur le navire adverse… Mais rien de plus. Aucune gestion du vent, de la vitesse ou du roulis. Seule la portée sera primordiale. Et si jamais on s’approche suffisamment du vaisseau ennemi, à l’abordage ! Si vos yeux survivent aux animations du début de l’ère 3D et aux modélisations Playstation 1 des équipages vous remarquerez que c’est quasiment de la résolution automatique. A part cibler un ennemi en particulier vous pourrez simplement attendre que ça se termine et voilà quoi. Enfin, la gestion d’équipage est basique de chez basique. On recrute des poivrots dans les tavernes, ils gagnent de l’expérience, deviennent plus efficace et… c’est tout. J’ai regretté l’absence d’une quelconque  gestion de la nourriture lors des longs voyages ou même du moral lors d’une bataille. Rien. Du. Tout. Notre capitaine gagne également de l’expérience et par la magie du jeu vidéo il pourra rendre les canons plus précis ou plus puissants par sa simple présence. Ah et le reste de son arbre de compétence est plutôt inutile.


Fais c’qu’il te plait vivre en pirate c’est ça ! Tu es un pirate !

Mais Tempest c’est aussi un monde ouvert, et un monde ouvert sacrément incohérent. Je suis allé à un port marchand en battant pavillon noir et aucun soucis, j’avais les mêmes interactions qu’avec un pavillon marchand. La progression générale se fait à l’aide de quêtes Fedex qui demandent de se rendre d’un point A à un point B pour défoncer un truc et revenir ce qui va faire monter des réputations et voilà. C’est bien trop basique et en plus la carte du monde est minuscule. A peine plus grande que le lac du quartier. Il y a bien quelques mystères autour des Poursuivants, une sorte de groupe de mages/scientifiques qui peuvent aider à obtenir des artéfacts… Mais encore une fois les artéfacts ne vendent pas du rêve. Balancer la foudre divine sur un bateau ennemi ? Check. Augmenter de manière passive l’efficacité de l’armement ? Check. Permettre l’utilisation de mortiers (??!) Check.

En fait le soucis de Tempest, c’est que bien souvent il essaye de se donner des airs de jeu pointu et hyper sérieux… Alors qu’en fait c’est du vent (le jeu de mot est involontaire). C’est un jeu qui se base quasi exclusivement sur des combats arcades et voilà. Je n’ai aucun problème avec ça, mais le jeu gagnerait à assumer pleinement ce côté là ce qu’il ne fait pas. On ne peut pas prétendre faire un jeu vaguement réaliste (avec de la SF quand même, vu les artéfacts) alors qu’on propose un jeu qui ne gère ni le vent, ni les besoins de son équipage, ni les conditions météo de manière crédible…  Ajoutez à ça le fait qu’il se paye une tronche de jeusorti au début de l’ère PS2 et vous avez le tableau au complet.


Bon trêve de blabla, Tempest n’est pas mauvais, il est juste aussi austère que l’économie française, se paye une interface de jeu mobile, est très simpliste et moche. Puis à côté, la musique est sympathique et les combats sont plutôt cool. Le problème est que sur PC il y a Sid Meier’s Pirates! sorti il y a 12 ans qui fait absolument tout mieux que Tempest, même niveau prix… Dommage mais le jeu reste à garder du coin de l’oeil si vous aimez le genre, les développeurs suivant activement leur bébé. Puis tant que je vous tiens et qu’on est dans un thème assez peu fréquent, je vous conseille très fortement de lire Le Déchronologue de Stéphane Beauverger si vous souhaitez vous immerger dans un bouquin de pirates le tout saupoudré de SF très bien amenée.

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