Owlboy

Bien loin de la date de sortie, j’ai pris mon temps pour terminer ce qu’on m’avait promis comme une petite pépite. Le recul, le temps des mises à jour et des corrections de bugs, viennent peaufiner au mieux cette critique que j’espère des plus honnêtes. Car mine de rien, je vais lui voler dans les plumes à ce Owlboy tant attendu…



Chouette, des pixels !

L’histoire est celle d’une contrée d’îles volantes, où vivent plusieurs peuples dont des chouettes qui jouent les plus princières et majestueuses. Vous êtes Otus, une jeune chouette qui a cette particularité d’être muette et franchement maladroite. Elle ne fait pas l’unanimité au sein de son clan et rapidement, elle est un peu mise de côté. Néanmoins, elle peut compter sur ses amis pour l’accompagner au jour le jour… Geddy par exemple est un humain, son meilleur ami. Ensemble, ils font les 400 coups.

Tout semblait assez paisibles pour ces rapaces nocturnes et autres espèces, jusqu’au jour où des pirates attaquent les îles avec leurs énormes vaisseaux/galions aux canons destructeurs. Le joueur, le petit Otus et son ami Geddy vont partir à l’aventure et tenter de mettre un terme à ces attaques. Enfin cela, c’est le synopsis de la première heure de jeu sur la petite dizaine proposée. Le scénario va souvent changer, comme plusieurs épisodes d’une saga magnifiquement contée, aux dialogues savoureux (ce qui est un comble pour un personnage principal muet).

Geddy, l’humain, est probablement le plus terre à terre de tous et aura sans aucun doute toute la sympathie du joueur, tant ses propos, ses rages, ses moments de colère mais aussi de joie seront partagés par celui qui tient la manette. Tous les personnages que l’on rencontre au fil de l’aventure, et non je ne vous spoilerais pas sur quoi que ce soit qui la compose, sont de véritables miroirs de notre psyché, de nos éventuelles pensées. L’écriture est somptueuse… Mais si il n’y avait que cela !

Visuellement, Owlboy est merveilleux. Les pixels sont raffinés, les animations sublimes, tout est travail d’orfèvre et c’est sans aucun doute l’un si ce n’est le jeu à pixels le plus beau que l’on a pu jouer depuis bien longtemps. Musicalement ? L’OST est incontournable et trône d’ores et déjà dans le haut du panier de toutes les bandes-son de 2016 pour ne jamais quitter nos oreilles pendant de longs mois. Artistiquement, Owlboy est une réussite totale, une vraie petite pépite en effet, comme nous le prédisaient bien des joueurs ayant touché au jeu avant sa sortie.

Mais le gameplay, dans tout cela ?



La manette aussi, va s’envoler…

Les premières heures sont surprenantes. On contrôle donc Otis dans ce qui ressemble (mais n’est pas vraiment) à un Metroidvania, une grande aire de jeu avec des endroits à débloquer et des secrets/nouvelles salles à déceler au fil des nouveaux pouvoirs découverts. Sauf que voilà : Otis peut esquiver, se rouler en trombe pour frapper et c’est tout. Pour pouvoir utiliser des armes, il va devoir porter ses alliés : ils seront au nombre de trois. Il y aura Geddy, le meilleur ami et son pistolet transformant alors le jeu en shoot’em up à deux sticks analogiques, puis deux autres protagonistes aux tirs et idées de gameplay différentes. Seul point commun : ils devront être portés pour être utilisés.

Otis peut donc soulever, tirer et porter tout ce qu’il trouve. Pour les amis, histoire de ne pas trop s’embêter avec des aller-retours incessants, il est possible de les téléporter directement dans ces griffes qu’importe leur position. On peut ainsi passer de l’un à l’autre d’une simple pression de gâchette. C’est très malin, cela permet bien d’autres idées de puzzle… Mais on en voit rapidement quelques soucis.

La précision de la « choppe » des éléments est assez désastreuse. Il suffit qu’un allié soit sur un objet pour que votre héros attrape l’un et pas l’autre malgré votre précision. On attrape peu facilement les objets, à cause d’une « aide » qui ne fonctionne pas et fait souvent le contraire de ce qu’on lui demande. La visée est du même acabit : trop dirigée, elle empêche toute précision et fait rager le joueur. Au début du jeu, cela ne pose aucun souci : en milieu de partie, on s’énerve un peu dans certaines situations.

Alors oui, il y a ceux que ça ne dérange pas, bercés par (l’incroyable, on ne le répètera jamais assez) direction artistique. Mais ce défaut est partout, surtout que les sauts du héros sont, de base, très louches. En fin de jeu, il sera demandé de les maîtriser : certains vont y laisser des plumes, de la voix et une manette qui vole d’un côté à l’autre du salon.

Le gameplay d’Owlboy n’est pas une honte, il manque juste de finition. C’est terrible, pour un jeu aussi attrayant. Le level-design de certains niveaux s’y mettra aussi, sans vouloir vous spoiler. Certaines zones enchaînent aussi les checkpoints en promettant des morts absolument pas gênantes, puis d’un seul coup un défi se fera horrible de difficulté juste pour ennuyer le joueur. Cela fonctionne : encore une fois, ceux qui lancent le jeu avec l’espoir d’avoir du défi ne seront pas forcément gêné par ce principe bancal, mais si vous partez à l’aventure pour l’histoire, les graphismes, les musiques, vous allez forcément rager quelques minutes devant ces moments complètement en décalage avec le reste du jeu.


Il n’y a pas de carte, alors que l’aventure en aurait bien besoin pour la complétion finale. Il y a ces sauts peu maîtrisés, il y a ce gameplay globalement brouillon, ces boss très inégaux les uns des autres, les quelques bugs (pour certains déjà corrigés). Owlboy n’est pas parfait, loin de là. Il reste néanmoins une petite merveille artistique, une histoire très sympathique et émotionnellement très bien écrite. A vous de voir si un gameplay fissuré n’empêche en rien l’aventure, dont l’extrême qualité visuelle et sonore camouflera pour certains les vrais défauts du jeu. Les chanceux !

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