Space Hulk : Deathwing

Les parisiens de Streum On s’étaient jusqu’à lors surtout fait connaître dans les sphères indépendantes pour E.Y.E, un fps suintant le jeu de rôle et le cyberpunk par tous les pores. Ce dernier fut une expérience intéressante en dépit d’une interface spartiate et d’un gameplay exigeant pour ne pas dire parfois peu engageant pour le débutant. Mais il y avait derrière un talent certain qui ne demandait qu’à se développer. Ils sont de retour cette fois-ci avec une licence issue de l’univers Warhammer 40K. Et pas n’importe laquelle, puisqu’elle nous fera plonger à nouveau dans les entrailles d’un Space Hulk.



« Sarah Connor ? »

Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’un Space Hulk? C’est une agglomération de vaisseaux abandonnés ou perdus dans l’espace et de roches formant un seul et unique corps astral à la dérive. Votre rôle dans cette affaire est d’y incarner un Archiviste (Librarian), un membre des Space Marines, dont le Chapitre – la faction armé à laquelle il appartient – l’a chargé d’enquêter sur cette fameuse entité qu’est le Space Hulk. Vous voilà alors dans l’obligation d’y recueillir divers et puissants artefacts, d’y éliminer toute potentielle menace, le tout dans une violence maîtrisée et impardonnable. Bien que n’étant qu’un clone, votre mort portera la honte sur vous et votre Chapitre ; celle de vos ennemies, la gloire dans leur sang répandu. L’état d’esprit des Space Marines est assez franc. Tout pour l’Empereur et trépas pour les impurs ! Dans Deathwing, on y incarne donc un Terminator, le statut au-dessus du troufion de base. Une véritable machine de guerre sur pattes, dans une sorte de mélange de chair et métal. Cette armure dantesque ferait passer la Power Armor de Fallout pour un jouet. Et ça, c’est ce que vous allez être. Un véritable tank sur deux jambes.

Sur un total de neuf missions, vous aurez alors l’immense honneur de parcourir les différents vestiges de tout autant de vaisseaux spatiaux. Dans des couloirs labyrinthiques vont se dessiner des décors fait de métal et de pierre, où la lumière se fera rare et précieuse. Des couloirs étroits, on passe parfois à des cavernes ou encore des espaces plus larges et emplis d’une majestueuse architecture digne d’une cathédrale. Le gothique y côtoie plus que de raison le moderne d’une science-fiction très à part. Les graphismes de Deathwing sont splendides. De magnifiques textures font suite à d’agréables modélisations et un sens du détail aigu. Les musiques qui les accompagnent se fondent très subtilement au sein d’un design sonore immersif et pointu. La partie technique est heureusement assurée avec brio, en étant malheureusement pour notre confort de jeu, entachée par une optimisation aux fraises. Et un Terminator, ça n’aime pas les fraises. Ça les écrase les fraises. Et je ne parle pas des performances quand il y a du monde à l’écran, mais de chutes du framerate intempestives quand on passe d’un endroit à l’autre. Apparemment, l’option de distance d’affichage poserait certains problèmes. De toute façon, sachez-le, mais Deathwing est de toute façon un jeu gourmand en ressources.

Il est juste dommage qu’il en soit victime, car cela peut très sérieusement altérer notre expérience de jeu. Mais comme un malheur n’arrive jamais seul, le mode multijoueur en ligne souffre également d’un mal, mais tout autre et tout aussi handicapant. Entre des déconnexions arbitraires, les objectifs qui ne s’affichent pas à l’écran et j’en passe, Deathwing propose à ce jour l’une des expériences de jeu en ligne les plus poussives qui soit à cause de ses trop nombreux impairs techniques. C’est bien simple, il est parfois quasiment impossible de jouer entre amis tant les difficultés d’ordre technique peuvent très vite s’accumuler. Il y a donc du travail et l’on espère forcément que ses développeurs vont se retrousser les manches pour adresser chacun des problèmes sus-mentionnés. Notamment pour ne pas porter préjudice au Chapitre. Quelle hérésie cela serait !



Un multi supérieur

En mettant de côté ces soucis de finition, qui il est vrai, sont impossibles à oublier tant ils se rappellent constamment à notre face de leur existence pestilentielle, Deathwing fait montre d’un véritable potentiel. Outre sa nature pleinement immersive en raison d’une réalisation soignée et respectant avec un certain brio la licence Warhammer 40K, il dispose d’une base assez solide pour en faire un bon jeu de coopération. Si j’appuie volontiers sur ce dernier point, c’est que la campagne menée en solitaire est assez peu pertinente. Y jouer seul ne me semble pas la meilleure des solutions. En solitaire, on a droit à de courtes cinématiques, et le scénario est sans doute plus appréciable. Mais d’un autre côté, à moins d’être rompu à l’univers Warhammer, l’histoire pourra paraître un brin brumeuse, et pas toujours évidente à cerner sans les bonnes références. Un point positif pour les fans, et sans doute un aspect sur lequel tout néophyte passera allègrement par dessus pour plutôt se concentrer sur l’essentiel de notre affaire, le massacre en bonne et due forme des genestealers et autres ignominies.

Ces bêtes immondes ont l’air de se reproduire à foison, tandis qu’elles déferleront sur vous à raison de dizaines d’individus par vagues successives. Dans un registre de fonctionnement assez similaire à Left 4 Dead, ou comme le plus à propos Warhammer Vermintide, Deathwing se joue un peu comme un mode horde. Tandis que vous évoluerez jusqu’à quatre en ligne, et à trois en solo (dont deux bots), les aliens belliqueux vous envahiront de plusieurs endroits différents à la fois, à la faveur d’un level design très ouvert et multi-directionnel. Cette ouverture des espaces, en général uniquement cloisonné par des portes que l’on peut verrouiller, certaines étant qui plus est destructibles, apporte son lot de situations dangereuses. On trouvera sans doute à ce système en adéquation avec son univers, un manque de surprise, étant donné que votre radar vous donnera toutes les informations nécessaires pour prévenir l’arrivée des genestealers et consorts. La prédiction des attaques ennemies et leur venue sous forme de vagues successives et régulières peut néanmoins participer à une certaine redondance dans l’action qui ne sera en définitive contrebalancée que par l’intérêt de jouer à plusieurs. Mais aussi et surtout la difficulté élevée que le jeu est capable de nous donner, surtout si vous décidiez d’activer le mode friendly fire, ou le tir ami pour les francophones.

La campagne solo se trouve entravée par la présence de deux autres Terminators, tandis que vous y incarnerez l’Archiviste, un space marine doté de puissantes capacités psychiques. Le solo y incorpore une forme de progression sous la forme de pouvoirs et de compétences à débloquer à la fin de chaque mission, en sus d’une sélection d’armes que l’on gagnera selon nos performances. Ce système de progression est également retranscrit dans le mode en ligne, mais toute avancée sera perdue quand la partie prendra fin. Si on regrettera l’absence de sauvegarde pour le jeu en ligne, on lui préfèrera alors l’activation de l’option dite du Codex, qui vous ouvrira dès lors l’accès aux armes et compétences que peut offrir Deathwing. Jouer seul est par contre par moment exténuant et vraiment peu passionnant. Notamment en raison des deux IA qui vous y accompagnent, se révélant très vitre trop inefficaces et incapables d’appliquer vos ordres à la lettre, transmis au travers d’un système à l’ergonomie perfectible. Il est donc à mon sens plus indiqué de se plonger dans les méandres de ce Space Hulk à l’aide d’une bonne compagnie faite de véritables humains, de chair et de sang.



Pour l’Empereur ?

Ainsi, s’il n’avait pas été handicapé par ses multiples bugs et des performances moyennes, Space Hulk: Deathwing aurait pu être le jeu Warhammer 40K que les fans attendaient. Il est très respectueux de son univers et contient sans doute parmi les plus belles retranscriptions de cet amas impressionnant de vaisseaux, si ce n’est la plus belle dans le jeu vidéo. Le level design est complexe et surtout non linéaire, si ce n’est les objectifs qui ont parfois tendance à nous faire faire plusieurs allers-retours. Le gameplay est assez basique et repose sur une bonne coordination de chaque Terminators, d’une utilisation intelligente de leur compétence et une bonne appréciation de leur environnement. Les munitions y sont illimitées mais pas les chargeur. Il y a donc un temps de rechargement à prendre en compte, ainsi que la possibilité que votre arme s’enraye. Mais peut-être leur préfèrerez-vous une des armes blanches disponibles, hache, masse ou épée, qui apporteront une variété bienvenue.

Il y en a facilement pour tous les goûts en matière d’armement, qui associés aux compétences actives ou passives de chacune des classes de Terminators, vous permettront d’expérimenter diverses combinaisons de style de combat. Le jeu est assez bourrin dans sa nature, crasseux et violent. Tout en étant pourtant plus subtil qu’il n’y paraît, surtout si vous y jouez dans les difficultés les plus élevées. Deathwing a quelque part un feeling old school, celui d’un fps très direct, et tout sauf linéaire. Il n’est pas déplaisant, tout au plus répétitif par moment. Ce qui est sans aucun doute la résultante de ses choix de game design qui est aussi l’apanage des autres fps du même genre. On appréciera quand même ses environnements immersifs et le fait qu’ils ne limitent pas qu’à un long couloir à une seule issue. Avec leurs multiples embranchements, les couloirs du Space Hulk nous permettent de nous déplacer à notre bon vouloir, à la vitesse des pas lourds et pesants de l’armure métallique de nos marines. On sent qu’il y a derrière un travail abattu conséquent pour donner à ce jeu le relief et la couleur nécessaire pour en faire un digne représentant des affaires du Chapitre. Si seulement il avait pu s’éviter ses nombreuses bévues techniques.



Space Hulk: Deathwing est un fps bourrin, violent et magnifique qui aurait pu faire honneur à Warhammer 40K s’il ne s’était pas fourvoyé à cause d’une finition déplorable. Un framerate instable et des bugs impitoyables dans le jeu en ligne empêchent toutes possibilités de vraiment s’y investir et d’y apprécier les qualités qui sont les siennes. Si d’aventure Streum On finissait par corriger le tir, alors oui, je vous le recommanderai volontiers. Autrement, il m’est impossible de le faire vu l’état actuel dans lequel il se trouve.

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