Dead Rising 4

Les morts se relèvent encore de leurs tombes à Willamette et qui de mieux que Frank West pour revenir sur les lieux du premier drame et faire une nouvelle fois le ménage ? Développé par Capcom Vancouver depuis le troisième opus, la série des Dead Rising tente ici une approche beaucoup plus « réaliste » et un monde libre sans chargements entre les zones. Mais cela suffit-il à rendre l’expérience intéressante ?



Quand Vancouver oublie Inafune

Inafune n’a peut-être pas réellement créé Megaman, pas vraiment travaillé sur Dead Rising, « juste » produit Onimusha… Il n’en est pas moins une personnalité sans doute egocentrique qui amène avec elle une flopée de talents japonais dans ses projets. Des talents qui tentent des choses, avant tout. Capcom Vancouver, eux, font dans le consensuel : Dead Rising doit plaire à un maximum de monde ? Alors coupons les idées originales de gameplay pour faire plaisir à tous.

Les deux premiers jeux étaient difficiles (mais aussi gratifiants) ? Baissons radicalement la difficulté ! Vous aimiez le principe de temps limité pour les missions et de gestion de vos priorités entres objectifs principaux et secondaires ? Tant pis pour vous, maintenant vous êtes libres de faire ce que vous voulez, quand vous le voulez. Seules les missions dites de « Psychopates », qui reprennent les idées de survivants humains devenus complètement fous, restent limitées en temps (ou plutôt en nombre de quêtes secondaires/principales que vous effectuez à partir de leur apparition sur la carte). Mais là aussi, les psychopathes qui ressemblaient avant à des mini-boss « secrets », deviennent de simples cibles surboostées qui, quand elles ne vous foncent pas dessus de façon complètement débile, vous font enchaîner les vagues d’ennemis à coup d’apparitions magiques. Oui, c’est la déchéance.



Mais parlons un peu du scénario…

Vous êtes Frank West, le « héros de Willamette », qui suite à sa première aventure (Dead Rising 1er du nom) tente de vivre sa notoriété à fond au point de mettre bien en avant son côté balourd et crétin. Mais quand la jeune Vick vient lui demander son aide pour infiltrer une base militaire à Willamette, il repart pour l’aventure sans pourtant trop de conviction. Je ne vous en dit pas plus : le scénario est tellement plat et convenu qu’il serait dommage de vous révéler les quelques points intéressants d’un script plus que quelconque.

De retour à Willamette, Frank peut désormais visiter la ville entièrement librement, interieurs compris, sans aucun chargement. Dead Rising 4 est devenu « un monde libre de plus » sans que pour autant ce soit réellement un soucis. Au contraire : le jeu n’est jamais coupé par des écrans de chargements ennuyants comme c’était le cas avec les précédents jeu. Mais ceci oblige les développeurs à des concessions : les zombies sont moins bien animés que dans le premier Dead Rising sorti en… 2006. Les sensations de tir aux armes à distance sont beaucoup moins percutantes, l’intelligence artificielle est des plus stupides et globalement, dix ans après, c’est un réel pas en arrière point de vue ambiance et sensations pour la franchise.

Il y a quand même du bon dans ce Dead Rising 4 : les personnages féminins sont beaucoup moins clichés et savent se défendre de façon logique, la lourdeur des propos de Frank est systématiquement moquée et le personnage est clairement l’anti-héros le plus lourd qu’on ait vu depuis longtemps. Il ne se fait jamais respecter, comme on se moque de Tonton Maurice et de ses blagues sexistes dans les dîners de famille. C’est un bon point, mais cela ne suffit pas.



Des zombies au tractopelle

Tout est absolument simplifié dans Dead Rising 4. Les points d’expérience permettent d’augmenter très rapidement notre personnage au point de le rendre pratiquement invincible dès les trois heures de jeu franchies. La jauge de vie n’est plus faite de quelques carrés à sauvegarder précieusement, mais bien d’une barre classique qu’on augmentera très rapidement. Les armes Combos, crées à partir de deux éléments, peuvent se faire automatiquement sur une trouvaille au sol et se contentent principalement d’utiliser un type précis d’objet (électrique, mécanique, etc.) plutôt qu’un objet spécifique. Plus simple, plus facile, toujours moins gratifiant.

Alors oui, c’est simple d’accès. Qui veut tuer du zombie à la chaîne sans chercher autre chose qu’un défouloir y trouvera son compte : mais cela a ses limites. Au bout d’un certain temps, l’ennui se fait violemment ressentir et même certains moments du scénario sembleront passionnant par rapport à ce monde libre ultra consensuel qu’on aurait préféré avec plus de chargements et moins de régression. Toutes les maisons se ressemblent, les zones se suivent et se ressemblent et le centre commercial mythique de Willamette propose beaucoup moins de distractions, d’objets insolites à utiliser ou de gags visuels intéressants. A moins qu’il s’agisse de faire de la publicité à Capcom avec une musique de Street Fighter par ici, un masque de Blanka par-là (déjà vu dans les précédents jeux), l’habituel costume de Megaman à débloquer, honnêtement il n’y a rien d’autre à se mettre sous la dent.


Cette critique me semble déjà beaucoup trop longue pour le peu d’importance que vous devriez accorder au jeu. Capcom a tué sa franchise en la rendant extrêmement accessible. C’est un vrai ratage, qui se joue pourtant très bien en tant que simple défouloir, mais qui aurait mérité un vrai travail créatif et au niveau des consoles et ordinateurs actuels. Se rendre compte que Dead Rising 1 était beaucoup plus amusant, mieux animé et passionnant à découvrir que ce quatrième opus ne donne pas vraiment envie de le défendre. Vous voulez du zombie ? Préférez l’original !

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