Event – Présentation de la Nintendo Switch

Depuis son annonce et les premières informations diffusées, la Nintendo Switch intrigue. Parce qu’une nouvelle console est toujours source d’interrogations et d’espoir, mais aussi parce que Nintendo maintient sa ligne de conduite, qui consiste à se différencier nettement de ses concurrents Sony et Microsoft. La Switch est donc innovante, et la nouvelle machine de Big N délaisse à nouveau la performance au profit de nouvelles expériences de jeu potentielles. Le vendredi 13 janvier dernier, la console était présentée à la presse. Alors, qu’est-ce que ça donne ?

Un article écrit par Crim & Mwarf



Il faut rapidement resituer le contexte : voilà bien longtemps que Nintendo a fait le choix de la console familiale rassembleuse, des jeux colorés et fun, et du jeu multijoueur local. Ces marques de fabrique suivent l’entreprise depuis plusieurs générations (disons depuis la N64), et se sont montrées plus ou moins heureuses. Si la Wii fut un succès phénoménal, en apportant le mouvement dans le gameplay (attirant donc autant les gamers curieux que les néophytes, qui ont pu y voir un fun immédiatement palpable), la Wii U n’a quant à elle jamais réussi à s’imposer. Pire, le marché des consoles portables, allègrement dominé par la DS durant de nombreuses années, se voit aujourd’hui bien menacé par la montée du jeu mobile, et ce n’est pas la 3DS qui permettra à la firme de Kyoto de redresser la barre.


La Console

Avec la Switch, Nintendo tente un véritable pari multiple et pour le moins ambitieux : allier console portable et console de salon, conserver son ADN familial, et surtout effacer l’échec de la Wii U tout en montrant qu’il y a encore un avenir pour les consoles portables face aux smartphones. Voilà qui fait peser beaucoup de pression sur les épaules de cette toute jeune console, et la soirée de présentation, permettant à la presse de s’essayer à différents jeux, avait pour but de montrer que les moyens étaient à la hauteur des ambitions…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on ressort perplexe après avoir joué les quelques deux heures que durait l’événement. La console elle-même s’avère intéressante : la tablette se clipse et se déclipse en un instant, l’image étant presque instantanément transférée sur le bon écran. Avec ses 6.2 pouces et sa résolution en 720p, elle offre un confort de jeu agréable, notamment grâce à sa manette modulable (les Joy-Con), qui peut être détachée de la tablette à tout moment.

Il faut reconnaître que le pari de la modularité semble réussi : tout se fait facilement, et l’on peut aisément jouer sur la télé, puis prendre la tablette et se déplacer chez le voisin avec qui on finira la partie, tous deux regardant l’écran posé sur une table. La question du confort de jeu demeure toutefois : le Joy-Con de droite, par exemple, a son joystick placé assez bas, afin de permettre à l’objet de se transformer efficacement en seconde manette si un deuxième joueur débarque. Mais ce placement n’est pas très pratique, le pouce risquant d’interagir avec le joystick lorsqu’on cherche simplement à appuyer sur les boutons situés au-dessus, ou obligeant à certaines contorsions lorsqu’on souhaite effectivement l’utiliser (certes, le terme « contorsion » est quelque peu abusif). Toujours sur le plan de l’ergonomie, un Joy-Con seul utilisé comme manette (et même si l’idée pratique est excellente) laisse dubitatif. La prise en mais est évidemment peu confortable, l’objet étant très petit. On retrouve un peu l’effet wiimote utilisée comme manette de NES : on ne reprochera pas à Nintendo d’avoir pensé à cet ingénieux moyen d’utilisé sa manette, mais il est clair que ce type de manipulation se destine à des séances de jeu plutôt courtes.

Notons que les Joy-Cons sont extrêmement légers, ce qui, associé à leur petite taille, procure un étrange sentiment de liberté lorsqu’il s’agit de jouer à un jeu demandant d’en avoir un dans chaque main (comme c’était le cas pour Arms, qui tire parti de leur gyroscope et de leur accéléromètre). Les mouvements paraissent alors naturels et sont tout à fait agréables. Le grip permet d’assembler les Joy-Cons pour obtenir une véritable manette, et le résultat est honnête, sans toutefois égaler le confort d’une manette Xbox One.

Mais assez parlé des contrôleurs. Qu’affiche donc la console ? Côté technique et performance, l’inquiétude point déjà : Zelda : Breath of the Wild, qui faisait office de figure de proue sur ce volet, est victime de lags, de clipping et d’aliasing. Si l’ampleur de ces deux derniers points n’est pas scandaleuse, le lag à chaque attaque chargée de Link est pour le moins étonnant, d’autant qu’il s’agit-là d’une licence que Nintendo a pour habitude de peaufiner. Peut-être le souci est-il inhérent au jeu, développé en parallèle pour la Wii U, ces soucis de framerates n’étant pas présents sur des titres comme Mario Kart 8 Deluxe ou Splatoon 2.


Les jeux

Il est temps d’en venir aux jeux. Comment Nintendo a-t-il mis en valeur le potentiel de sa nouvelle console ? Et bien c’est là que le bât blesse. Comme pour la Wii, comme pour la Wii U, la Switch s’avance avec un concept nouveau, et on attendait de cette présentation qu’elle ouvre une porte sur les possibilités offertes, sur les révolutions à venir. Au lieu de cela, Nintendo a oscillé entre le banal et l’inquiétant, avec de rares éclaircies. Pour commencer, la locomotive (le nouveau Zelda) est un jeu Wii U à la peine techniquement. Le Mario Kart n’est qu’une version Deluxe du 8è opus, sorti sur Wii U qui ajoute de nouveaux personnage et le mode battle (la bataille des ballons). Les rééditions étaient d’ailleurs présentes en nombre comme Super Bomberman, Just Dance ou encore le dernier Skylander . Petit aperçu des quelques titres sur lesquels nous avons mis nos mains.


Zelda : Breath of Wild

Le nouveau Zelda était clairement le jeu-vitrine de l’événement, et il était possible d’en jouer les 20 premières minutes. Il ne faut pas bouder son plaisir : ces 20 minutes étaient très plaisantes. La direction artistique est très jolie, et le jeu tourne en 1080p sur la télé (et 720p sur la tablette). Mais les différences avec la version Wii U sont minimes et, surtout, dès le début du jeu, des chutes de framerate sont constatées, par exemple lors des attaques chargées. Voilà qui n’est pas de bon augure, surtout qu’à cela s’ajoute un peu de clipping et d’aliasing…

Au-delà de la technique, ce Zelda s’annonce tout de même agréable, et propose quelques nouveautés appétissantes : dans l’ère du temps, le jeu se présente comme un véritable open world non linéaire s’inspirant quelque peu des RPG occidentaux. L’inventaire jouera un rôle prépondérant, l’équipement étant lui aussi géré selon les standards à la mode : il peut être droppé par les ennemis et des stats lui sont associées (des stats simples, mais une valeur vient bien signifier la différence d’efficacité d’un objet par rapport à un autre). Des efforts semblent avoir été faits au niveau des interactions avec le décor et des possibilités de résolution d’action : Link peut désormais se déplacer en mode furtif pour éviter d’être repéré, et plutôt que d’attaquer ce groupe d’ennemis qui dansent autour d’un feu, gravir un monticule attenant pour pousser un rocher s’y trouvant, le faisant dégringoler sur les danseurs inconscients. Rien ne dit que ce genre d’option d’approche sera foisonnant dans le jeu, mais la mise en scène le suggère, et c’est plutôt prometteur.

Comme toujours, la qualité du jeu dépendra grandement de l’inventivité des donjons (annoncés en nombre) et de l’ingéniosité de leur aspect puzzle game. Reste à savoir si tout cela fera oublier la partie technique décevante.

Sortie prévue : 03 mars 2017


Disgaea 5 Complete

Sorti en 2015 sur PS4, Disgaea 5 se paie un passage sur Switch. Une bonne nouvelle pour les amateurs de tacticals et les gamers en général : la série n’est pas réputée family-friendly, et il y a là un effort de la part de Nintendo pour amener dans son giron une licence susceptible de participer à une crédibilité gamer de sa nouvelle console (même si pour le moment, il reste beaucoup de chemin à parcourir). Disgaea 5, sans doute l’épisode le plus complet et le plus foisonnant de la famille Disgaea, sera disponible sur Switch dans une version similaire à sa mouture PS4, mais inclura l’ensemble des DLC parus sur la console de Sony. Notons que le RPG tactique est un genre qui se prête bien au jeu nomade (le premier Disgaea avait d’ailleurs eu droit à une version DS), et paraît donc tout à fait adapté à la Switch.

Sortie prévue : printemps 2017


Arms

Arms faisait partie des expériences basées sur l’utilisation des Joy-Con. Sorte de Wii Boxing amélioré (entendons qu’il s’agit-là d’un vrai jeu et pas d’une simple démo de gameplay), Arms reprend le principe des coups donnés « pour de vrai », avec une manette dans chaque main. Sauf qu’ici il n’y a pas de fil reliant les deux Joy-Con, et leur taille ainsi que leur légèreté confèrent une impression de liberté naturelle assez satisfaisante. En les inclinant simplement, on déplace le personnage, capable de sauter et d’esquiver d’une pression sur un bouton.

Arms se présente comme un jeu de baston en arène, et inclue quelques éléments classiques du genre tout en ajoutant quelques subtilités : aux chopes et jauge de furie s’ajoute la possibilité de choisir des armes (grosso modo, des gants de boxes différents : certains pourront pas exemple lancer des missiles). Le jeu tire son nom des ressorts qui tiennent lieu de bras aux personnages (Arms signifie « bras » en anglais), et cela permet de prendre en compte la trajectoire courbe des coups donnés par le joueur : un crochet vers la droite ou la gauche sera effectivement retranscrit à l’écran par un coup donné selon une trajectoire courbe, permettant de toucher un adversaire en déplacement si l’on a bien anticipé son mouvement.

Arms se montre amusant et semble proposer une profondeur de gameplay suffisante pour en faire un vrai jeu, mais on se demande toutefois s’il peut tenir sur la longueur. Passées quelques parties distrayantes entre amis, aura-t-on envie d’y retourner ?

Sortie prévue : 2è trimestre 2017


Has Been Heroes

Has Been Heroes, développée par Frozenbytes (la team à l’origine de la série Trine), faisait partie de la caution « jeux indé » de la présentation. Jeu de stratégie original mêlant temps réel et pause tactique, il n’est pas exclusif à la Switch et sortira également sur PC, PS4 et Xbox One.

Le jeu se présente comme un affrontement se déroulant sur trois lignes : à gauche les héros contrôlés par le joueur (un sur chaque ligne), à droite les ennemis, qui arrivent de façon incessante, en ligne droite, et cherchent à percer les défenses du joueur. Cela rappelle un peu Plant Vs. Zombies, à ceci près qu’il ne s’agit pas ici de construire des tours de défense, mais de gérer les actions des héros, capables de frapper droit devant eux ou de lancer différents sorts et compétences, dans la plus pure tradition fantasy (buffs, dégâts de zones ou individuels, ralentissement, etc…). A chaque action correspond un cooldown, qui oblige à gérer correctement l’ordre dans lequel elles sont effectuées, et un système intéressant de combo est mis en place, fonctionnant sur le principe de changement de lignes : une fois qu’un personnage a frappé un ennemi, on peut faire appel à un autre qui viendra continuer l’attaque, les deux héros intervertissant leur ligne d’action.

Très plaisant à jouer, Has Been Heroes a certainement de quoi convaincre les amateurs de tactique s’il se montre profond, ce que la démo n’a pas permis de juger. Quel degré de personnalisation, quelle diversité, quelle profondeur tactique seront proposées ?

Sortie prévue : mars 2017


1, 2, Switch

L’un des créneaux de Nintendo est la convivialité, en famille autour de la télé. La Wii eut sont Wii Sport à sa sortie, la Wii U Nintendoland, il est du coup tout à fait normal de voir débarquer sur Switch un party game du même calibre. Ce dernier se démarque sur deux points.

Le premier est de mettre les 2 joueurs l’un en face de l’autre pour s’affronter yeux dans les yeux, et la télé ne devient qu’un accessoire audio pour rythmer le jeu. L’autre point est que les jeux sont extrêmement rapides à jouer, allant de 10 secondes pour les plus courts à 2 minutes pour le plus long. 1,2, Switch et le logiciel par excellence pour montrer à quel point le Joy-Con est un bijoux technologique, notamment sur son système de vibration, capable de faire croire qu’il y a des billes à l’intérieur de celui-ci. Lors de cet événement, six jeux de la compilation étaient jouables :

Quick Draw, un jeu de duel de western où il faut être le plus rapide à dégainer et tirer sur son ennemi.
Safe Crack, l’unique jeu présent qui utilisait l’écran de la télé, où le but est d’ouvrir un coffre-fort grâce au gyroscope.
Milk, où le but est de traire une vache, utilisant l’accéléromètre du Joy-Con (connu comme le jeu du malaise).
Copy Dance, une sorte de 1 2 3 soleil de la dance.
Samourai Training, où un joueur doit taper son adversaire avec une épée, l’autre la bloquer avec ses mains (en tapant des mains).
Ball Count, où il faut découvrir le nombre de billes dans le Joy-Con en bougeant ce dernier, bluffant.

On va pas se mentir, aucun des jeux présents ne procure du fun ni de l’amusement. Ce sont clairement des démos techniques du Joy-Con dans un enrobage ultra dégueulasse, naviguant entre le quelconque et le malaise total. Le pire dans l’histoire est que le « jeu » sera vendu séparément de la console, alors que ces derniers sont le tutoriel parfait de l’utilisation du Joy-Con. Enfin, si le Joy-Con est un pur condensé de technologie, que cela soit sur la précision du gyroscope, de l’accélération ou des moteurs de vibration, en dehors du gimmick, on ne voit pas trop l’utilité de tout cela dans un jeu plus classique.

Sortie prévue: 3 mars 2017


Sonic Mania

Ah Sonic, ce héros qui court comme un abruti jusqu’à se prendre un piège ou un ennemi en pleine face, ce héros dont beaucoup trop de gens attendent un jeu qui les feraient rêver de nouveau, comme à l’époque de la Megadrive / Master Système. Et bien si tu fais parti de ses gens là, sache que Sega t’a écouter, puisque SonicMania, n’est ni plus ni moins que les premiers Sonic, où le level design a été un peu tuné pour te faire croire, mais pas trop, que c’est un nouveau jeu. Les puristes aimeront, les haters hateront.

Sortie prévue: printemps 2017


Ultra Street Fighter 2: The final challengers

Alors que Capcom enchaîne tollé sur tollé quant au suivi de Street Figher 5, il propose une version légèrement remaniée de Super Street Fighter 2, adaptée aux années 201X et avec l’ajout de deux nouveaux personnages: Evil Ryu et Violent Ken. Le jeu, comme les remake Double Fine, sera jouable avec des graphismes HD (quelque peut étranges, et qui provoquent des animations de personnage cassées) ou avec les graphismes d’époque. Si le titre satisfera surement votre nostalgie, votre porte monnaie sera lui bien moins clément étant donné que le titre est prévu d’être vendu à une quarantaine d’euro.

Sortie prévue: 2017


Spinnerclips: les deux font la paire

Parmi tout les jeux présents lors de cet événement, l’unique jeu qui a réellement réussi à nous charmer est Spinnerclip. Malgré ses graphismes dignes de la scène Flash du début des années 2000, Spinnerclips est d’une inventivité folle. Se jouant obligatoirement à deux, chacun des joueurs contrôle un petit personnage en papier. En plus des mouvements habituels, le joueur peut réaliser 3 actions: pivoter son corps, découper le corps de son camarade de jeu et enfin de régénérer son corps pour récupérer les parties coupées. Le but du jeu étant de résoudre des puzzles simples, comme mettre un ballon de basket dans un panier, en découpant les corps des deux personnages, pour par exemple, être capable de porter un objet, et évidement en coopérant. Grâce à la liberté que donne jeu, il est possible de résoudre chacun des puzzles avec une grande liberté de créativité. Le must have de cette présentation.

Sortie prévue: mars 2017


Faut-il craquer pour la console?

Il faut clairement voir la Switch comme une console portable qui peut se brancher sur la télé, comprendre par là qu’il ne faut pas s’attendre à un monstre technique. Dans sa version nomade, l’écran est clairement le point fort de la console. ce dernier exploite à merveille les nuances de couleur, rendant l’explosion de couleurs très agréable à l’oeil. Si l’idée des JoyCon détachables est plutôt maline, du moins pour de courtes parties en multijoueur local, ces derniers s’avèrent trop petits en mode pad classique, avec une répartition des boutons sur la manette très mauvaise (les boutons sont trop proches du stick). Véritable bijou technologique, on a pourtant du mal à passer du statut gimmick rigolo et impressionnant des JoyCons à une véritable promesse pour les jeux classiques. Parmi les jeux qui exploitent les spécificités de la console, lesquels offrent des perspectives enthousiasmantes ? Pas beaucoup. Arms s’avère un aperçu agréable et amusant, mais on doute que le jeu captive plus d’une ou deux sessions. Zelda est une catastrophe technique en mode télé (mais est bien plus fluide en mode nomade). Quant à 1, 2 Switch, c’est tout simplement la catastrophe industrielle, le jeu étant une compilation d’horreurs indignes, de démos brouillonnes au design (certes superflu, car le titre a au moins le mérite de proposer un concept innovant et intéressant de jeu se jouant sans regarder l’écran) honteux. La Switch pose des questions depuis son annonce et les premiers trailers, et le moins qu’on puisse dire est que Nintendo n’a pas rassuré avec cette présentation, aux forts échos Wii U. Il est évidemment bien trop tôt pour enterrer la console, qui a tout le temps de voir fleurir des jeux dignes de ses ambitions. On les attends autant qu’elle.

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