Interview – Café Konsens (Urban Cowboiz)

Un trailer original, un concept incompréhensible en une seule vidéo, il n’en fallait pas plus pour que l’on fonce poser des questions aux développeurs.euses de Café Konsens située à Stuttgart. Et derrière la folie de cette vidéo d’annonce se cache un sujet fort et des idées. Si le discours vous plaît (et il n’a pas été simple à traduire, tant il fait référence à beaucoup de termes typiquement allemands), n’hésitez pas à découvrir gratuitement leur jeu Urban Cowboiz sur plateformes iOS.



Bonjour à toute l’équipe de Urban Cowboiz. C’est quoi l’idée derrière ce trailer fou qui nous a fait découvrir ce jeu ?

On voulait créer un trailer qui reflète l’idée, le style et la vitesse. Tout ce qu’il y dans le trailer est aussi dans le jeu.


Comment se joue Urban Cowboiz, précisément ?

Toutes les mécaniques du jeu sont concentrées sur une seule chose : attirer autant d’attention que possible.

D’abord,vous activez et sélectionnez les followers en passant dessus. Après activation, c’est à votre tour de convaincre ces followers de vous suivre en faisant la meilleure figure que vous pouvez à cheval. A chaque étape de la figure, il faut connecter les lignes aux bon points. Si vous échouez, vous ratez également la figure et perdez les followers activés. Pendant votre balade à cheval à Londres, vous allez aussi rencontrer des followers spéciaux. Ils sont plus compliqués à convaincre mais ils donnent plus de points. Par exemple, vous devez équilibrer votre téléphone, faire une double figure ou une longue combinaison pour y parvenir.



Urban Cowboiz nous parle avec humour des Irish-Traveller, ces gens de voyage. Le but est tout de même de raconter quelque chose de très sérieux ?

Du moment que vous faites quelques chose pour un certain public, vous n’êtes jamais plus qu’un figurant de votre propre vie. Les likes et les followers seuls ne suffisent pas à fournir de la satisfaction. Au contraire : les stratégies d’auto mise en scène confirment seulement la mise en scène elle-même. La question est : quelle importance véritable peut-on tirer d’un acte personnel ?

L’utilisateur se met dans le rôle d’un Cowboi, un jeune voyageur Irlandais (Travellers). Leur culture est définie par la valorisation des chevaux en tant que symbole le plus important. Les voyageurs Irlandais – anciennement les gens du voyage – ont été obligés de s’établir à la périphérie de la société Anglaise et Irlandaise, où il n’y a pas de place pour garder les chevaux. Cette culture est menacée d’extinction et pourrait devenir une relique du folklore dans un futur proche. La culture des voyageurs irlandais est authentique parce que ces voyageurs n’ont pas besoin de mettre en scène des représentations extérieures. Attirer l’attention n’est pas le but final en soi. Ce n’est pas à propos de comment les autres les verront, c’est plutôt comment ils se perçoivent eux-mêmes. Ça s’applique autant à l’individu qu’à la culture. Cette sorte d’auto-critique est aussi typique des voyageurs irlandais.


Qu’est-ce qui vous a motivé à parler de ce sujet ?

Au début, il y avait juste une photo d’un jeune voyager irlandais en jogging sur son cheval dans les rues de Dublin. L’implicite du mec à la cool sur son cheval me fascinait. Ça montre beaucoup de confiance en soi. Le mélange entre la ville et son mode de vie original a eu un vrai impact sur moi. Aussi, la culture des voyageurs irlandais est authentique parce qu’elle n’essaye pas de se mettre en scène auprès du reste de la société.



Le jeu parlera aussi des réseaux sociaux. Que voulez-vous dire sur ce sujet via Urban Cowboiz ?

De nos jours, on aime bien se mettre en avant. Urban Cowboiz montre ça via un humour exagéré. C’est un jeu qui parle de ce besoin générationnel à se mettre en scène et qui renvoie cela comme un miroir. Notre façon de parler des problèmes à travers les minorités sociales est unique.

Le style graphique d’Urban Cowboiz est déterminée par cette façon digitale de s’exprimer. Par exemple avec la culture des média Web, des photos de mode des hispters actuels et la mode de rue. Les cinégraphies et le style collage créent un aspect illustratif unique, qui ressemble davantage à Magzine ou Tumblr qu’aux jeux habituels.


On peut espérer voir le jeu sortir sur d’autres plateformes, tels que le PC ?

On pense à une version Android, mais il n’y aura pas de version PC. Urban Cowboiz repose sur le contrôle tactile et le gyroscope des smartphones actuels.


Au delà du jeu, il y a les scènes filmées. Pouvez-vous nous en présenter les auteurs ?

Avec Anne Bolik en super directrice de la photographie, on a développé un concept visuel original pour les scènes filmées. Avec le très bon motion designer Johannes Geier, on a créé un mélange entre film, illustration et jeu. C’était très important que le film et le jeu soient aussi liés. Grâce à ces deux mondes différents (réalisation de film et développement de jeu), ce fut une expérience très agréable et rafraîchissante.


Que racontent ces scènes, exactement ?

La scène d’intro met en avant une compétition pour gagner plus d’audience. Elle devait aussi montrer le thème du jeu et ce, de façon exagérée. Il y a plusieurs cutscenes qui sont également là pour souligner l’intrigue principale : le fait de se mettre en avant est aussi un réel besoin pour certains, mais il y a aussi ce mode de vie restreint, parsemé de personnages grossiers et exagérés.



La musique que l’on entend dans le trailer est fantastique. Qui en est le créateur ?

David Hill s’est occupé des musiques et du sound design, c’est un mélange d’acid house et de techno.  Les musiques d’Urban Cowboiz devaient combiner plusieurs aspects : vitesse, coolitude et pendant la progression de la musique, un sentiment délirant. On a choisi un rythme à 121 bpm parce que c’est à peu près l’intervalle d’un cheval au galop.


Combien de minutes de scènes filmées contiendra le jeu, environ ?

Environ trois à quatre minutes.


Un petit documentaire est aussi disponible sur le site officiel du jeu. Un long est-il prévu ?

Non, le documentaire est un indice nécessaire pour en comprendre la réalité des choses et c’est davantage un discours sur l’équitation qu’une longue histoire sur la culture des voyageurs irlandais.


Qu’espérez-vous mettre en avant et « apprendre » aux joueurs avec Urban Cowboiz  ?

L’attention n’est pas une fin en soi. Ce qui compte, ce n’est pas comment les autres devraient me voir, mais plutôt ce que j’aimerais être. Ça s’applique autant pour une personne que pour une culture. C’est cette pensée qui peut être retrouvée chez les voyageurs irlandais.


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