Senran Kagura Peach Beach Splash

Faites entrer l’accusé. En me confiant la responsabilité de critiquer ce jeu, je pense que Skywilly ne s’est pas simplement dit que cela allait faire plaisir à l’otaku de service mais qu’il s’agit aussi après sa propre critique d’un autre épisode de la saga de pouvoir laisser la parole à la défense. Sauf que je suis loin d’être Phoenix Wright (question de coiffure) et qu’il faut bien avouer que ce dossier, comme on dit en termes techniques, ne sent franchement pas la rose et que même si mon client a pour circonstances atténuantes d’avoir décidé de mouiller le maillot, je ne m’attends pas franchement à un jugement clément de la part de la cour intérieure qui se trouve dans ma tête.



Un gameplay pas très sein terrassant.

Commençons par évoquer ce qui caractérise principalement la série des « Senran Kagura » à savoir un humour très japonais qu’on pourrait caractériser par facilité sous nos contrées comme un univers à la croisée des chemins entre Playboy et Jean Marie Bigard. Avec Senran Kagura, on a ainsi affaire à un jeu qui fait péter direct un grand casting de jeunes femmes shinobi et pousse ensuite le fan service au maximum sans se fixer d’autre limite que ce qui pourrait lui valoir une interdiction de sortie sur PS4.  L’un des principes de base du gameplay de la série, auquel déroge d’ailleurs cet épisode, étant que les combattantes perdaient des morceaux de vêtement en même temps que leur point de vie, vous vous doutez bien qu’on n’a pas ici affaire à de l’eau tiède.

Même si pour cet épisode « Peach Beach Splash », tout cela est remplacé par un tournoi de pistolet à eaux en maillot de bain le tout bien évidemment poussé par des motivations totalement débiles.  L’idée reste toutefois la même : mettre en avant le corps et particulièrement les poitrines de ses héroïnes shinobi au travers de nombreux dialogues et cut-scènes puis les lâcher dans des séquences où le joueur doit simplement éliminer l’intégralité des hordes ennemis.

Mais je vous propose, avant de discuter un peu plus sérieusement de la saga, de faire vite fait un petit tour sur les aspects techniques du jeu. Aussi, parce que je me doute qu’il doit bien rester quelques fans de Pyramide parmi les lecteurs de Game Side Story et parce que je souhaite bon courage pour comprendre cette référence aux jeunots et aux étrangers qui passeraient par ici, voici le résumé du jeu en 3 briques.

  • « Bof »
  • « Graphismes»
  • « Lassant »
  • « Gameplay »
  • « Substantif »
  • « Nichons »

Une fois les applaudissements du public passés, disons que malgré ce tableau peu reluisant, le jeu n’est pas totalement ennuyeux. D’abord ses doubles sauts et ses glissades procurent de bonnes sensations qui sont malheureusement très vite limités par le level design fainéant et contraignant des niveaux et surtout par cette fausse bonne idée qui consiste à devoir recharger très régulièrement son pistolet à eau. Cette contrainte a pour conséquence de bien souvent flinguer le rythme des enchaînements si on ne prend pas le réflexe de la fuite très régulière, là où le style musou demande plutôt de l’action non-stop.

Pour faire varier ses enchaînements de séquences identiques de lattage de hordes d’ennemi à coup d’eau, le jeu tente un mode multijoueur peu passionnant et un système de coup spéciaux à base de cartes dont la progression n’intéressera probablement que les fans les plus passionnés. En soi, SR PBS n’est jamais mauvais, jamais vraiment bon non plus. C’est juste que comme l’eau, tout semble glisser tout le temps et rien ne se détache particulièrement dans le gameplay pour véritablement accrocher l’attention en dehors du fanservice. Et justement puisqu’on en parle…



Le meilleur du beauf

Vous vous doutez mais maintenant que l’on s’est débarrassé des questions techniques, je ne peux faire l’impasse sur la question problématique du traitement de la femme inhérent à la série de Kenichiro Takaki. Et la fameuse question arrive : Senran Kagura est-elle une série de jeux vidéo sexiste ? A cette question, j’aurais tendance à répondre non car Senran Kagura ne porte pas en soi directement de message de quelque sorte et agit en pur divertissement. C’est peut-être une esquive voulue et facile mais le fait reste qu’il est difficile de l’accuser de porter des valeurs discriminantes (les hommes y sont quasiment absents) ou d’appeler à l’infériorité de la femme.

Toutefois, cela n’empêche pas le jeu d’être sources de problèmes principalement par sa réification constante et les conséquences néfastes inévitables de cette hypersexualisation. Déjà présent dans Estival Versus, le principal problème de la scénarisation est qu’outre son absence quasi-totale d’intérêt, elle ne met en scène que des (très) jeunes  femmes souvent débiles, parfois vulgairement masochiste (dans le sens que ce caractère répond clairement à un fantasme de domination) et même si ses personnages ne sont jamais faibles, la présence de cut-scènes in-game et de dialogues basés sur l’humiliation ou le harcèlement sexuel peut de façon plus que compréhensible vous barrer la route de ce jeu.

Et en même temps, le jeu n’est pas un affreux recueil de fantasme glauque (ou sinon vous ne liriez pas ces lignes de ma part, c’est un établissement respectable ici) et joue énormément de son côté sexy un peu concon pour devenir parfois sincèrement drôle. Qu’on la méprise ou qu’on l’adore, qu’on soit dubitatif, enchanté, blasé ou franchement dégoûté par son succès, la licence a le grand mérite de ne pas se cacher derrière son petit doigt et d’assumer totalement ce qu’elle fait. Vous admettrez, je pense, facilement que personne ne pourra prétendre être pris par surprise et que c’est une qualité qu’on ne retrouve pas partout.


Senran Kagura Peach Beach Splash est un épisode faible. Les graphismes limites, le gameplay peu passionnant, la collection de cartes qui demande un investissement de fanboy un peu trop poussé et l’absence de réel enjeu narratif font de PBS un jeu clairement dispensable de la série. On conseillera au novice de plutôt se tourner vers des opus comme Estival Versus pour découvrir les « joies » de la saga.  Pour sa part, votre serviteur, à qui l’on demande tout de même son avis, doit avouer avoir été vite lassé par ce jeu de poupées pas franchement folichon en termes d’intérêt mais surtout il n’a jamais réellement pu choisir entre la franche rigolade grasse et l’atterrement le plus complet. Cet état d’entre deux où l’on ne sait pas si l’on doit être admiratif du sérieux et de l’abnégation avec lesquels les développeurs poussent leur délire erotico-rigolo à fond ou si l’on doit être atterré devant une représentation d’un mauvais goût absolu et généralisé a été tellement récurrent au cours de mon parcours de jeu que j’ai décidé de lui donner un nom. Il s’appelle Robert. Parce que de Robert, c’est définitivement de ça dont il a été beaucoup question ici. 

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