Sylvio 2

Sylvio premier du nom nous proposait de nous mettre dans la peau de Juliette Waters, une chasseuse de fantômes qui se servait d’un dispositif d’enregistrement audio pour capter les voix des morts. Imparfait mais novateur, le jeu compensait ses lacunes techniques par la qualité de sa bande-son qui permettait sans mal d’immerger le joueur dans le rôle de Juliette. Malgré tout, le jeu restait très bancal lorsqu’il s’agissait de résoudre des puzzles à coup de fusil ou de dézinguer des orbes noires censées représenter des esprits malveillants. De même, les errances scénaristiques avaient fini par nous décourager à l’idée d’extraire une histoire à partir des enregistrements, rendant le tout très décousu. Et voilà qu’arrive Sylvio 2. Avec ses grandes innovations, son gameplay révolutionnaire, son histoire émouvante et son héroïne attachante. En fait, non. Vous n’aurez rien de tout ça.



⏪ Rewind

Avec Sylvio 2, on a l’impression de prendre en main le prototype de Sylvio 1 s’il avait été complètement raté. Ce retour en arrière s’expliquerait-il par le fait que le financement du Kickstarter n’a pas comblé les espérances du développeur ? Peut-être bien car quand on jette un œil à la démo de Sylvio 2, on se rend compte que le jeu final n’a plus grand chose en commun avec cet extrait de gameplay plutôt intéressant à première vue.

La grande nouveauté de Sylvio 2, c’est le monde ouvert. Après avoir erré dans un parc d’attraction dévasté dans le premier opus, on se retrouve à présent sur un bateau disposant d’un radar par le biais duquel on peut visiter de petites îles librement. Alors certes, on peut aller et venir sur les différents îlots de la map mais à quoi bon ? Les lieux sont littéralement vides. Les maisons que l’on peut explorer sont uniquement accessibles lorsqu’un esprit vous a donné les coordonnées correspondantes, ainsi, si vous décidez d’aller là où vous n’êtes pas conviés vous ne pourrez tout simplement rien faire. Belle trouvaille que voilà.

Quant au gameplay, en plus de ne rien proposer de nouveau, il a été simplifié à l’extrême. Plus de recherche nécessaire en orientant son micro devant soi et en essayant de capter des sons, non. Il y a maintenant de petits points blancs qui nous indiquent l’endroit exact où nous allons pouvoir enregistrer des voix. Chaque écoute et analyse va permettre l’affichage de nouveaux points et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on obtienne les coordonnées de la prochaine destination. Résultat : un joueur qui s’ennuie et qui exécute ses tâches machinalement, allant de point en point, sans aucun but. Parce qu’au final, on ne sait pas vraiment ce qu’on fait là. A priori Juliette se lance à la recherche de son petit ami et elle doit le retrouver avant la tempête annoncée. Mais bon Dieu, qu’est ce qu’elle a à vouloir questionner chaque fantôme sur ce qu’il aime manger au petit-déjeuner si sa vie et celle de son copain sont en danger !? Très peu plausible comme scénario, on n’y croit pas une seconde.

De même, l’histoire de la destinée des esprits reste souvent floue. Dans certaines maisons, on comprend facilement ce qu’il s’est passé mais le scénario est peu élaboré, sans surprise, sans intérêt. Dans d’autres, on va tout simplement laisser tomber l’idée de recoller les pièces du puzzle, tant l’envie n’y est pas.



Ο REC

Au niveau des enregistrements, rien à dire, la qualité est toujours au rendez-vous. Malgré tout la mécanique du « play, rewind, play » nous avait déjà bien usés dans le premier jeu et là, rien de neuf à l’horizon. Pire, l’interface a même été reliftée et ressemble aujourd’hui à un logiciel de traitement audio en remplacement du vieux lecteur cassette du premier opus. Plus réaliste ? Et d’abord, comment est-ce qu’elle accède à cette interface sans ordinateur la Miss Waters, hein ?

Les enregistrements vidéo, autre grande nouveauté de cette suite, ont un peu mieux à nous offrir. En effet, cela égaie un peu le gameplay mais n’apporte finalement que très peu de renouveau sachant qu’on va, dans les trois quarts des cas, analyser les sons de la vidéo plutôt que les images. Pour la nouveauté c’est encore raté (sans parler du son pénible de la caméra qui enregistre, argh).



❚❚ Pause

Sur certains points, Sylvio 2 est resté sur ses acquis. Pour les graphismes pas d’amélioration mais pas non plus de détérioration, ce qui au vu des points élaborés plus tôt reste de l’ordre de l’admirable. Des textures toujours aussi baveuses et un retard technique qui passe de moins en moins, le tout caché par un brouillard éblouissant. Oui, c’est de l’indé. Oui le jeu a été développé par une seule personne. Et oui, il faut savoir où sont ses limites et les accepter. Il y a tellement peu de choses à sauver sur ce jeu que forcément le fait qu’il ne soit pas agréable visuellement ne joue pas en sa faveur.

Il y a quand même deux améliorations notables. La première est l’ajout de sous-titres lors des dialogues marmonnés par Juliette même s’ils restent très peu nombreux. La seconde est la suppression de la chasse aux fantômes à grand renfort de fusil à pression, bien qu’au final cela n’ait pas été remplacé par une mécanique de jeu qui rende le joueur moins passif qu’il ne l’est dans sa quête prémâchée des petits points qui jalonnent son écran.


En somme, Sylvio 2 est au jeu vidéo ce que le taylorisme est à l’industrie : un enchaînement de tâches répétitives que le joueur exécute machinalement sans réflexion ni intérêt aucun. La faute au financement, la faute au manque d’inspiration ou la faute au marché du jeu vidéo, peu importe. L’ennui n’aura pas été de trop longue durée car après 4h-5h, enfin, on s’envole pour un univers meilleur. Over.

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