The Red Strings Club

Habitué de la méthode, le studio valencien (pas les valenciens de France mais d’Espagne) renoue de nouveau avec des projets de jams pour en réaliser une version bien plus complète, tout comme ils l’ont fait avec leur précédent titre: Gods Will Be Watching. Afin de ne pas être trop perturbé dans son processus de création, le studio a de nouveau signé avec Devolver Digital (rien d’étonnant étant donné que le titre est en phase avec la « marque » Devolver). Même recette, même succès ?



L’alcool révélateur

Au contraire de Gods Will Be Watching, The Red Strings club n’est pas issu d’un jeu d’une seule game jam mais de deux : Supercontinent Ltd et Zen and Art of Transhumanism. Si le premier vous place aux commandes d’un hacker qui a infiltré une super corporation du futur où vous devez accéder à un ordinateur spécifique en appelant via un réseau téléphonique analogique (vous devez utiliser votre pavé numérique pour composer les numéros), le second vous met dans la peau d’un androïde qui fait… de la poterie (ne rigolez pas, c’est super cool!). Si les deux jeux, en dehors de leur univers cyberpunk, n’ont rien en commun, ils sont parfaitement incorporés au titre qui nous intéresse ici, correspondant chacun à une phase bien spécifique de The Red Strings Club.

Afin d’enrober tout ceci (et ainsi justifier que Red Strings Club est bien un jeu complet et à part des jeux de jam), une autre séquence servira de fil rouge, permettant d’introduire tour à tour les événements des jeux de jam remaniés à l’occasion dans leur déroulement. Le tout se déroule au Red Strings Club. Le joueur y contrôle Donovan, un barman quelque peu mystique ne pouvant quitter son bar et ayant la capacité de créer des cocktails touchant directement les sentiments des gens. Car en plus d’être barman, Donovan est surtout marchand d’informations. Ainsi, en réussissant à atteindre les sentiments primaires de ses clients (la peur, l’ambiance, la confiance, le désir, etc.) il pourra bien plus facilement dégoter des informations. Pour arriver à un tel résultat et réussir ses cocktails, Donovan a besoin d’invoquer sa muse : vous. Evidemment, c’est au joueur de préparer les cocktails, où chacun des alcools présents aura un effet (matérialisé sous la forme d’un curseur à bouger à l’écran). Le but étant bien évidemment de réussir à déplacer un curseur vers l’une des zones “sentiments” du client, pour pouvoir mener à bien la discussion et obtenir les informations voulues.



Dis maman, c’est quoi être un humain ?

Si les mini jeux permettent de donner un bon rythme au titre, son intérêt principal réside dans son incroyable narration. Malgré un système de progression à choix, le joueur ne sera à aucun moment biaisé par l’impact de celui-ci et pour cause, la première séquence de jeu est la fin : vous savez que l’un des protagonistes va mourir. Le but sera de comprendre ce qui se passe, qui a amené notre hacker préféré à être défenestré. L’autre signe qui permet au joueur de bien comprendre l’impact de ses choix est le fil rouge présent en haut de l’écran, qui montre au joueur le nombre de choix et son avancement dans l’histoire à chacun des moments clés. Evidemment, nous ne parlerons pas ici de l’histoire, mais sachez qu’il est question d’humanité et de transhumanisme, qui ridiculise la narration proposée dans Deus Ex, pour la simple raison que le studio ne prend pas ses joueurs pour des abrutis.

Malgré les thèmes assez graves évoqués (dépression, suicide, contrôle des mentalités, etc.) tout est rempli de bons sentiments. Le titre n’est jamais là pour juger, pour influencer le joueur. Il propose toutefois l’ensemble des possibilités, en laissant le joueur responsable de ses choix et de ses convictions sur l’ensemble des sujets. Rentrer dans le Red Strings Club, c’est savoir que l’on y sera bien, à boire son cocktail, à discuter avec une personne qui sera là pour nous remettre en question, ou au contraire nous réconforter dans nos choix, le tout accompagné d’une bande son parfaite pour méditer un jour de pluie, un verre à la main.


The Red Strings Club arrive à faire ce que très peu de jeux parviennent à accomplir : discuter de manière sincère avec le joueur, le questionnant, le réconfortant voir même le contrariant, tout en le gardant dans un état de confort et de sécurité. Intelligemment écrit, il arrive à rendre des phases de gameplay, pourtant complètement décorrélées les unes des autres, crédibles, en faisant complètement oublier que la moitié du jeu est issue de jams indépendantes les unes des autres. Un titre à faire absolument.

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