Interview – AFRAID

Francisco Tellez de Meneses est un développeur heureux. Il est le créateur d’Unepic et Ghost 1.0, deux titres de qualité qui auguraient du meilleur pour ses projets à venir. Malheureusement, complètement passé inaperçu sur Kickstarter, son nouveau projet très original qu’est AFRAID n’a pas été financé. En attendant de savoir si Fran trouvera le courage et les moyens de continuer, nous vous proposons une petite interview réalisée cette semaine… Un peu trop tard, on s’en excuse, tant ce projet méritait davantage de mise en avant de notre part à tous.



Bonjour Francisco Téllez de Meneses ! Notre audience vous connait pour Unepic mais surtout pour notre Sélection GSS 2016 qu’est l’excellent Ghost 1.0. Comment allez-vous depuis ces deux projets ?

Hello ! Appelez-moi simplement « fran » 😉 Je suis très heureux et fier d’Unepic et de Ghost 1.0. Cela a été une très belle surprise de voir Ghost 1.0 comme « Sélection GSS 2016 ». Unepic rencontre du succès sur la Nintendo Switch en Europe, en Amérique et tout particulièrement au Japon. Quand à Ghost 1.0 il vient d’être approuvé par Nintendo récemment, et est en attente d’être approuvé par Microsoft pour son lancement. Donc, je n’ai vraiment aucune raison de me plaindre.


Votre nouvelle idée se nomme AFRAID. Pouvez-vous nous la présenter ?

C’est un jeu vidéo sur les ONG qui travaillent en Afrique. Les missions dans le jeu sont en fait basées sur de réelles actions qui y sont menées de nos jours, comme ça les joueurs pourront apprendre comment les ONG parviennent à les mener à bien. Nous savons tous ce qu’elles font, mais pas comment elle s’y prennent, ni les problèmes qu’elles rencontrent.


Quelle sera la part d’amusement mais aussi de « documentaire » du propos amené par le jeu ?

Moitié-moitié, je dirais.

Le jeu en lui-même est un jeu vidéo « normal », avec des niveaux, des personnages, des compétences, ainsi que tous les autres composants que l’on peu trouver dans d’autres jeux. Le déroulement du jeu, les ressources, les véhicules, sont tirés de réelles actions. Donc, mon idée c’est d’y inclure un grand nombre d’histoires vraies et d’anecdotes. On pourrais comparer cela au fait de regarder le biopic d’une personne réelle.


Des ONG sont-elles derrière votre jeu ou celui-ci garde-t-il une ligne totalement indépendante ?

Aucune ONG. J’ai donc une liberté totale. Grâce à cela, j’ai la possibilité d’inclure n’importe quelle histoire, d’être objectif à 100% et même critique envers les ONG. Un exemple : le personnage principal est un ancien dealer de drogues. L’objectif est de donner de l’argent à plusieurs ONG. Chaque niveau devrait être centré sur des missions spécifiques sur lesquelles certaines ONG travaillent.


Quelle est la vision de l’Afrique qui est au centre de AFRAID ? Avec un nom pareil, il faut en avoir peur ?

AFRAID est en fait la contraction de AFRICAN AID. C’est simplement un jeu de mots. Donc, rien qui soit en rapport avec le fait d’avoir peur. Au contraire, le jeu adoptera un point de vue positif, en mettant l’accent sur le travail qu’accomplissent les ONG plutôt que sur la souffrance des gens.


Deux modes de jeu sont annoncés : quels sont-ils et quelles sont leurs particularités ?

Tout à fait. Le premier, Mode Sarah, sera plutôt « tout public ». Simple à maîtriser, sans trop de « skill » nécessaire, et pouvant être joué tranquillement. Idéal pour ceux qui apprécient de jouer à leur propre rythme et de mettre en place une stratégie.

Le second, Mode Jesse, sera davantage destiné aux joueurs à la recherche d’action et de vitesse. Moins de réflexion, plus de « skill ».


A quel point ce que l’on fait dans le jeu aura un impact dans la réalité ?

L’idée de base, c’est qu’une fois que le joueur à terminé un niveau, une partie de ce qu’il a payé deviendra un don pour une ONG qui réalise réellement la même action. En d’autres termes, en accomplissant une action dans le jeu, vous aidez à ce que cette même action devienne réalité.


Comment fonctionne alors le principe de don, une fois le jeu acheté ?

Une fois le jeu acheté par un joueur, celui-ci reçoit dix crédits virtuels. Quand le joueur progresse dans le jeu, ces crédit seront utilisés sous la forme de dons envers des ONG.
Les sommes données viendront directement de l’argent payé par les joueurs pour l’achat du jeu. C’est bien de l’argent réel qui sera donné.

Une fois le jeu terminé par le joueur, tout ce qui aura été reçu de Steam sera finalement donné. L’idée est donc que 100% des recettes soient données.


Passons vers des questions plus personnelles : comment avez-vous « découvert » ce monde des ONG ?

C’était un chemin difficile. J’ai commencé par lire des livres et des blogs à propos des ONG et de leurs histoires. Je me suis alors mis à les contacter, à visiter leurs bureaux tout en expliquant mon projet et en demandant des informations, car je ne voulais pas que les missions soient fictionnelles.


On vous voit mettre en avant le travail de la Kassumay Foundation. Vous pouvez nous en dire davantage à leur sujet ?

De manière générale, les ONG ne se sont pas révélées toujours très partantes à l’idée de me laisser les observer travailler sur le terrain. Je commençait à prévoir mon propre voyage en Afrique quand mon meilleur ami m’a parlé d’une ONG appelée Kassumay Foundation, un groupe de personnes travaillant dans la partie sud du Sénégal en aidant à la construction d’écoles, de centres de soins et faisant des actions pour les personnes atteintes de la polio.

Je les ai rencontrés un après-midi, et cela à été de loin la meilleure de mes rencontres avec une ONG. Alors que je leur expliquait mon projet, la première chose qu’ils m’ont dit c’est : « Fran, il faut absolument que vous veniez avec nous pour voir cela de vos propres yeux ». Donc, je suis parti avec eux. J’ai assisté à chaque action qu’ils ont menés, et ils m’ont beaucoup appris sur leur travail et sur le pays.


A quel point, selon-vous, le jeu vidéo peut changer les choses dans le monde ?

Oh, les jeux vidéo peuvent être un média très puissant. Ils touchent des millions et des millions de gens à travers le monde, mettant en contact chacun d’entre nous. Rien que pour cela, ils ont le potentiel de changer des choses, en particulier dans le fait de rapprocher les gens tout autour du globe et de nous montrer que nous ne sommes pas si différents les uns des autres. Il y a toute une communauté qui grandi grâce au jeu vidéo : des youtubers, des joueurs pro, la presse, des événements tout autour du monde, des tournois, des boutiques en ligne et puis… le jeu mobile. 😀

En ce qui concerne African Aid, le but est d’utiliser tout ce potentiel pour toucher les gens et de faire en sorte d’apporter du soutien aux personnes dont le métier est d’aider les autres.


Votre page Kickstarter est en ligne, à l’heure ou j’écris ces lignes il ne reste que 10 jours. Si c’est un échec, tout s’arrête ?

Pour être honnête, je pensais que le KS se déroulerait beaucoup mieux. J’ai mis en œuvre beaucoup de travail et de recherches dans ce projet. Si le KS ne fonctionne pas, ce qui semble être plus que probable, je devrais trouver un moyen de continuer. Si ce n’était qu’un autre jeu, je chercherais simplement une nouvelle idée, mais celui-ci est vraiment spécial pour moi et j’aimerais le voir devenir réalité.


Avez-vous eu du soutien de la part de la grande presse spécialisée et si non, à votre avis pourquoi cette absence d’articles ?

J’ai reçu beaucoup de soutien de la presse spécialisée Espagnole. En fait, la plupart des participations viennent d’Espagne. Par contre, la presse internationale n’a pas répondue présente. J’ai envoyé des dossiers de presse à tous les gens auxquels j’ai pu penser, mais je n’ai eu aucune réponse et aucun article n’a été publié.

En ce qui concerne la presse Française, mon chouette traducteur Français les a contacté en présentant le projet, mais seul GSS à répondu à l’heure actuelle. Pourquoi ce manque de soutien en dehors de l’Espagne ? Je n’en ai aucune idée. Peut-être n’aiment-ils pas le projet, ou bien il n’ont pas vu les mails que nous avons envoyé, ou peut-être encore n’ont-ils pas jugé le projet assez intéressant… Je ne suis qu’un développeur, je ne peux pas savoir ce que pense la presse internationale.

En fait, c’est vous la presse, vous êtes bien plus capable que moi de répondre à cette question ! 🙂


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