A Way Out

Cette critique est en retard. A vrai dire, elle a failli ne pas exister. Le jeu m’a intéressé à sa présentation E3, j’avais adoré Brothers des mêmes développeurs et voir ce gameplay se concentrer sur deux joueurs (en ligne ou non) m’avait complètement tapé dans l’œil. Et puis les critiques ont débarqué, certaines bien trop assassines pour que j’y mette les pieds faute de temps. Ce temps est passé et après m’être persuadé que je ne ratais rien à ne pas faire A Way Out, un bon ami m’a affirmé qu’il allait me plaire. Alors j’ai craqué, on se l’est lancé avec Leenuyth, en couple et… Bah c’était bien !



A jouer avec quelqu’un qu’on aime

C’est avec ces mots que l’ami en question m’a convaincu de le lancer. Nous sommes un couple de joueurs et sommes toujours avides de jeux « expérience » à deux. L’idée de jouer Leo Caruso et Vincent Moretti, deux brigands se trouvant en début de partie dans la même prison, n’était pas folle pour autant : l’univers carcéral y est léger et tout semble téléphoné. Ce sera le cas tout au long du jeu avec un scénario extrêmement prévisible, enchaînant tous les clichés des films d’actions des années 90 et ce de façon évidemment volontaire.

En solo, le jeu n’aurait aucun intérêt et serait sans aucun doute une vraie déception. A deux, c’est une expérience. Evidemment que cela vous semble complètement pompeux et orienté mais c’est une vérité : A Way Out est conçu pour donner à un couple de joueurs tout ce qu’il faut pour s’entraider, s’amuser, s’affronter et si les développeurs semblent décider à vous laisser le champ libre sur pas mal d’action, c’est pour toujours mieux contrôler ce que vous faites avec un scénario dont il est impossible de se détacher. Mieux, les développeurs sauront reprendre d’un coup de claque bien sentie ce qui leur revient de droit mais cela, vous le découvrirez en jeu.

Leo est depuis six mois en prison : le jeu commence quand Vincent Moretti y entre par la grande porte, avec tout ce qui se fait de cruel et d’inhumain pour commencer. Ce n’est pas la série OZ ni Shawshank Redemption, mais on en retrouve quelques références bien visibles. Commence alors des « comme par hasard » de rencontre (qui prendront leur sens au fil du scénario) qui forceront les joueurs à vite coopérer pour survivre aux autres détenus et surtout, pour s’enfuir. A Way Out n’est absolument pas un jeu ou s’échapper de prison est l’objectif numéro un : contrairement à ce qu’annonce la bande-annonce, cela n’est que la première étape d’une longue escapade aux nombreuses péripéties et lieux à déambuler. Toujours guidé. Toujours avec une multitude d’interactions plus ou moins utiles.



Volontairement cliché

On le répète : on y joue pas du tout pour l’histoire mais bien pour l’expérience. Avec cela en tête, on va avoir le droit à plusieurs moments de régal à deux : des mini-jeux divers et variés (Puissance 4, du sport, de la tape de balles de baseball et autres features simples mais qui fonctionnent) mais aussi des moments gênants très bien retranscrits ou un des personnages pourra par exemple mettre un pied dans la vie de l’autre et rendre la discussion entre les joueurs vraiment passionnantes. Evidemment, sans spoiler, c’est difficile de vous dire ce qu’il en est vraiment mais sachez qu’il y aura deux/trois moments vraiment marquants qui feront de la relation entre les deux joueurs quelque chose qui s’étoffe et se transforme au fil du temps. Comme avec les protagonistes au sein de leur scénario cousu de fil blanc.

Excepté une scène de shoot à la troisième personne réellement naze (heureusement, elle n’est pas longue), tout le reste du jeu est fait de bonnes séquences qui fonctionnent généralement bien. Il y a des hauts, des bas, des préférences en fonction des joueurs et de leurs attentes mais de toute manière, aucune séquence n’est trop longue pour vraiment ennuyer. Certains moments d’action pure seront assez impressionnants à échanger en coopération avec des courses-poursuites à pied à la réalisation très réussie. On y jouer chacun son tour avec une caméra qui ne se téléporte jamais dans un plan séquence de qualité, saisissant de sensations. On a aussi le droit à des courses poursuites en voiture globalement réussie, même si l’aspect ultra dirigiste est encore plus présent pendant celles-ci. Aussi, coté défauts, on notera des coups de poings et des bastons qui manquent réellement de pêche et d’impact, rendant quelques scènes un peu décevantes par rapport aux attentes. A mon sens, c’est même son principal défaut.

Cela dépend au final totalement de votre envie d’y jouer, de votre implication et de la magie opérante ou non sur votre âme de joueur. En couple, c’est parfait, qu’ils soient tous les deux joueurs ou non habituellement. Entre amis, si on se lance le jeu pour en chercher les failles et en rire, alors on passe à coté du trip proposé (et je pense sincèrement que les développeurs ont fait cela exprès, voulant davantage que les joueurs se fondent dans le rôle et n’en sortent pas). C’est donc tout naturellement que A Way Out est un jeu qui divise, même s’il me semble bien difficile de ne pas rendre compte de toutes ses idées géniales de réalisation et de ses moments de grâce. Comme souvent avec ce genre de jeux narratifs, ce seront les joueurs les plus occasionnels qui le vivront et en parleront le mieux. Sans habitudes, sans attentes, sans moyen de se sortir de l’expérience par habitude ou simple connaissance des mécaniques habituelles du genre, A Way Out est un moment unique à passer à deux.


Le charme opérera différemment en fonction des joueur·euses : il y a celles et ceux qui parviendront à faire abstraction du scénario cliché à outrance pour s’y plonger en tant que la moitié d’un duo qui fonctionnera tout au long du titre, pour peu que votre coéquipier·e soit à la fois sur la même longueur d’onde et que vous teniez assez à elle ou lui. Celles et ceux là vont adorer l’expérience. Les autres n’y verront qu’une suite de clichés et des interactions bêtes et sans fond et malheureusement, le jeu ne fera rien pour les faire changer d’avis. Voilà un titre qui choisit son public, quitte à se mettre à dos tous les autres. C’est tant pis pour les uns, mais c’est sans doute davantage tant mieux pour les autres.

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