Interview – Revolution Under Siege

Sébastien Lebourcq, Chef de Projet sur Revolution Under Siege, nous parle des origines de ce Wargame complexe mais raffiné, qui plaira à tous les anciens fans de Panzer General et autres jeux à quadrillages représentant toute une époque de jeux PC bien plus diversifiés qu’aujourd’hui. Bonne lecture !
Tout d’abord merci d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions. Commençons simplement : pouvez-vous nous présenter l’équipe de développement de RUS ? Son origine, son parcours, ses membres ?
L’équipe de la SEP Reds est d’origines très diverses. Nous sommes des passionnés qui exerçons une activité professionnelle ou étudiante par ailleurs. Je me suis occupé de la mise en place du projet et du Game Design avec Thomas Corriol, Laurent Favre a effectué un travail immense sur l’IA (un gros point fort du jeu), David Beaudlet nous a beaucoup aidé sur la documentation à partir de sources russes. Nous avons enfin sollicité une aide extérieure pour les graphismes, par exemple. Il s’agit réellement d’un projet indépendant au studio Ageod.
Comment vient l’idée de baser un Wargame dans l’univers de la Révolution russe, un pan de l’Histoire complètement oublié du jeu vidéo ?
A l’origine, c’est un éditeur russe qui a commandé à Ageod un équivalent de leur American Civil War mais sur la Guerre civile russe. Mais Ageod a été racheté par Paradox Interactive et ne pouvait satisfaire cette demande. J’ai toujours voulu créer un jeu vidéo, j’ai donc monté cette petite équipe indépendante et nous avons créé une structure en SEP (Société en Participation) avec Philippe Thibaut pour pouvoir saisir cette opportunité. Bien sûr, Ageod a mis à notre disposition le moteur AGE, avec lequel il avait conçu ses jeux précédents. Nous l’avons adapté aux contraintes de la Guerre civile russe.
Je suis un ancien étudiant en histoire et j’étais enthousiaste à l’idée de travailler sur ce conflit. C’est une guerre majeure avec des implications politiques énormes. On y croise des figures légendaires comme Trotsky ou Kolchak. C’est aussi une époque à cheval entre deux siècles, avec des armées de cavalerie qui combattent encore au sabre d’un côté, et de l’autre les débuts de l’aviation et des tanks. C’est un univers fascinant que l’on retrouve dans plusieurs livres, films ou bande dessinées.
Quelles sont les différentes créations vidéoludiques qui ont marqué l’équipe de développement au point de rester des modèles, des exemples à suivre pour ses propres jeux ?
Je ne peux parler qu’en mon nom. D’une part je joue à tout, de Civilization à Bioshock en passant par Mario Kart. Mais concernant les jeux de stratégie, mes références sont American Civil War, Europa Universalis (deux créations de Philippe Thibaut, le fondateur d’Ageod) et Hearts of Iron sur la Seconde Guerre mondiale. En tant que passionné d’histoire, j’aime retrouver dans ces jeux des problématiques qui ressemblent à celles auxquelles les dirigeants de l’époque ont eu à faire face.
Que pensez-vous du marché du PC aujourd’hui ? Ne regrettez-vous pas l’époque où PC et Consoles étaient réellement deux mondes différents et où les Wargames étaient bien plus mis en avant ?
Je ne suis pas expert en la matière, mais le jeu PC semble être le grand perdant de la généralisation du jeu vidéo que nous observons depuis plusieurs années. Je regrette surtout que la place se réduise pour les jeux de stratégie complexes et grand public à la fois. Si on regarde le marché aujourd’hui, il ne reste plus guère que Civilization et la série Total War à réaliser de grosses ventes. Et encore, ces deux séries cherchent à s’ouvrir toujours davantage au grand public. Les autres jeux de stratégie sont réalisés par des studios plus petits et pour des audiences beaucoup plus limitées.
Je le regrette d’autant plus que j’ai pu en discuter avec Jon Shafer, le lead game designer de Civilization V. Il m’expliquait qu’il avait puisé certaines idées appliquées dans ce jeu en s’inspirant de Panzer General et d’Imperialism. Et il reconnaissait qu’aujourd’hui aucun de ses amis ne connaissait ces deux titres des années 90. Il serait dommage que ce type de jeux de réflexion soit de plus en plus confiné à des sites et des studios confidentiels car on y trouve des perles aussi bien pour les joueurs que pour les créateurs.
RUS est-il exactement le jeu que vous vouliez faire ? Sinon, qu’auriez-vous réellement voulu ajouter à Revolution Under Siege pour qu’il vous paraisse parfait ?
Oui, fondamentalement c’est ce que nous voulions faire à partir de l’excellent moteur de jeu AGE. Il y a toujours « quelque chose de plus » à ajouter à un jeu. Nous allons devoir y réfléchir dans les toutes prochaines semaines et voir ce que nous pouvons mettre dans les prochains patchs sans pour autant rompre l’équilibre actuel. Au départ, nous avions vraiment pensé le jeu en fonction des possibilités du moteur. Il n’y a donc pas d’éléments importants que nous avons du abandonner. Et il n’y a pas non plus de jeu parfait. Il n’y a que des arbitrages entre ce que nous aimerions faire et ce que nous pouvons faire. Et je crois qu’en la matière nous avons réalisé nos envies avec ce jeu.
Pouvez-vous nous parler du futur de RUS, de possibles ajouts, extensions, mais aussi de vos projets à venir ?
Difficile de parler du futur de RUS pour une équipe indépendante comme la notre. Peut-être travaillerons-nous sur un nouveau projet, mais je crois que dans ce cas nous changerons de période historique. Ce ne sont pas les thèmes passionnants qui manquent.
Pour ma part je suis actuellement une formation en jeu vidéo à l’Enjmin d’Angoulême, donc j’espère pouvoir travailler sur d’autres titres à l’avenir, et peut-être dans des catégories complètement différentes.
Merci beaucoup et bonne continuation !


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