Revolution Under Siege

Malgré la volonté infernale de subsister à travers des titres comme Victoria, Europa Universalis ou surtout Hearts of Iron, le Wargame réaliste rendu populaire avec des jeux aussi profonds et chronophages qu’Imperialism, Conquest of a New World ou encore la série des Panzer General ou des Close Combat s’est largement éteint aujourd’hui avec la chute de l’intérêt que portent les joueurs au monde du PC. Cependant, des petits studios tentent de proposer leurs hommages à ce genre incroyable, quand il est bien fait, en le recréant tout en le renouvelant C’est le cas de ce Revolution Under Siege, développé par une jeune équipe de passionnés d’Histoire qui pour marquer le coup, ont choisi une période très peu utilisée vidéoludiquement parlant : la guerre civile Russe de 1917 à 1923.
Contexte historique et représentation graphique
Cela fait un peu agressif avec un titre pareil, mais promis, on va y aller tout en douceur. Revolution Under Siege nous parle donc de la guerre civile Russe de 1917. Pour faire court, pour ceux qui ne sont pas des férus d’Histoire, cette Guerre civile ferait passer notre Revolution Française pour un diner en famille, brioches comprises. Elle fait suite au coup d’état des « rouges » bolcheviques de Lenine face aux Tsaristes « blancs » qui souhaite le retour de la monarchie.
Bien entendu, je simplifie énormément et un vrai passionné de cette période vous parlerait de cela plus intelligemment que moi, mais c’est là tout l’intérêt de la chose. Car Revolution Under Siege est une jolie leçon interactive en plus d’être un jeu vidéo. Il est très intéressant de découvrir ce pan de l’Histoire totalement oublié de nos manuels scolaires.
Pour mettre en avant toute cette ambiance violente et révolutionnaire (artistiquement très prononcée à l’époque, avec des affiches de propagandes aux messages odieux, mais aux idées graphiques particulièrement saisissantes), les développeurs s’en sont donné à coeur joie. Ainsi, comme vous pouvez le voir sur les screenshots alentour, le jeu est magnifiquement fidèle aux couleurs de cette période. Ces tons assez austères aux premiers abords sont accompagnés de musiques absolument splendides, de chants et, par exemple, d’une « Internationale » dotée de paroles russes qui font leur effet . Cet univers sonore très différent de ce que l’on a l’habitude d’entendre donne un vrai cachet d’originalité au jeu. Dès le lancement de Revolution Under Siege il ne fait aucun doute que le joueur est plongé dans l’ambiance. Il ne tient alors plus qu’à découvrir un gameplay raffiné, complexe et intéressant malgré ses défauts.
Visuellement attrayant, Revolution Under Siege n’a néanmoins pas énormément changé depuis un autre jeu du genre utilisant le même moteur : Rise of Prussia. Si l’iconographie n’est pas la même, on retrouve une interface très similaire et un esprit presque identique sur beaucoup de points. Ce n’est clairement pas une tare, mais cela mérite d’être signalé à ceux qui auraient déjà tâté du jeu précédemment cité.
Un hommage aux ténors du genre ?
SI vous avez déjà joué à des titres comme Panzer General ou d’autres joyeusetés de ce type certes un peu vieillottes, mais qui ont toujours leur charme, vous ne serez pas dépaysés avec la complexité d’apprentissage de ce Revolution Under Siege. Je ne vais pas vous faire la liste des ressources, possibilités, tactiques, ni un tutoriel, tant ce jeu est destiné à de vrais passionnés qui y trouveront tout ce qu’ils ne n’ont jamais dans les créations de la grosse concurrence. Prenez par exemple un Total War… Que faut-il pour parvenir à jouer de façon correcte ? De la tactique, une compréhension claire des quelques menus et un rapport d’amour/haine avec le système diplomatique d’une intelligence artificielle plus ou moins réussie. C’est accessible à tous. R.U.S, lui, est davantage exigeant. Revolution Under Siege est tellement vaste dans tout ce qu’il contient de données, de concepts de jeu et de possibilités tactiques, que le soft semble réglé avec une minutie frôlant l’indécence dans le seul but de ne pas se perdre. Les batailles se déroulent très simplement visuellement (via une liste de chiffres apposée aux portraits des généraux combattants), mais déploient un nombre incalculable de statistiques de réussites dépendant de tous les critères possibles et inimaginables que le jeu de tactique ultime peut offrir. Alors certes, Revolution Under Siege n’est pas du tout le jeu parfait, mais il fait honneur au Wargame en remettant au gout du jour un esprit de complexité (mais aussi d’accessibilité, grâce à une ergonomie de qualité) qui manque cruellement dans les jeux de stratégie, de gestion, de conquête, de tactique, d’aujourd’hui. Une difficulté à voir dans le bon sens du terme, qui permet donc d’allouer une bonne prise en main à un jeu très vaste qui nécessite toutefois quelques heures d’entrainement avant d’être réellement compris.
Cependant, beaucoup ne s’y retrouveront pas. Le joueur doit savoir gérer son chemin de fer, ses nombreuses armées à la composition libre, ses quelques ressources, mais aussi prendre compte du scénario choisi, du terrain et de tout un tas de critères que l’on a complètement perdus de vue depuis quelque temps dans le monde du jeu vidéo. Destiné avant tout aux passionnés de Wargames, d’Histoire, Revolution Under Siege offre pourtant pas mal de simplifications face aux vieux de la vieille. Les menus sont clairs, un tutoriel (un peu chiche en informations, mais excellent pour la prise en main) nous met dans le bain en moins d’une heure de jeu et le manuel est très complet. Heureusement, car il ne manque pas de se montrer férocement obligatoire à la bonne compréhension d’une première partie. Mais même malgré cela, le jeu nécessite un temps d’adaptation conséquent et certains joueurs risquent de ne pas s’y retrouver. Pas grave puisque parmi ceux-ci se cache sans aucun doute une petite poignée de grands tacticiens en devenir qui ne demandaient que cela de voir (ou revoir) apparaitre ce type de jeu.
Seule ombre technique au tableau : ces temps de chargement entre chaque tour, assez longuets. C’est le vrai dilemme de ce titre pourtant très stable pour son genre, qui pêche donc par une attente entre les tours qui donne largement le temps au joueur de s’ennuyer. D’un point de vue de la stabilité justement, Revolution Under Siege ne m’a causé absolument aucun problème sous Windows 7 avec un matériel assez honnête. Aussi, les bugs ne sont pas légions et pour ceux qui aiment qu’un jeu soit suivi par ces créateurs, sachez que des patchs sont régulièrement mis à disposition sur les forums du jeu. Encore une force des petits studios face aux grandes pointures qui oublient que sur PC, les correctifs existent toujours…
Conclusion
Je n’ai volontairement pas voulu rentrer dans les détails avec cet article long, que j’espère passionnant autant pour ceux qui aiment le genre que ceux qui le découvrent. Tout cela dans le but de proposer un type de stratégie plus complexe via un jeu qui représente cette idée avec honneur et qui a la délicatesse de se mettre au niveau de ses pairs visuellement parlant. Revolution Under Siege est sacrément technique et demande énormément de temps pour être compris et encore davantage pour être maitrisé. Néanmoins, malgré ces défauts, il offrira des heures et des heures de bonheur à tous les passionnés d’Histoire, de Wargame, de Russie et de jeux originaux. Une jolie surprise qui n’est absolument pas destinée à tous les types de joueurs, mais qui en contentera enfin quelques-uns que le monde vidéoludique semble totalement oublier. Bon jeu à eux !

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