Dinner Date

Ce jeu est créé par un seul homme : Jeroen D.Stout, bénéficiant comme il le précise sur son site officiel d’un Master of Arts en Gamedesign & Developement à l’Utrecht School of Arts des Pays-Bas. Tout de suite on s’attend alors à quelque chose de précurseur et d’avancé, mais Dinner Date n’est pas du tout à classer dans la catégorie des jeux indépendants amusants. Au contraire.
Un diner presque parfait ?
Dinner Date veut davantage nous faire réfléchir sur les possibilités que nous offre le jeu vidéo, ce support multimédia encore trop expérimental et pas assez marquant pour le grand public. Heavy Rain a ouvert la voie à une certaine narration cinématographique, qu’on aime ou non ce jeu. C’est donc tout naturellement que d’autres développeurs inspirés ou non du titre de David Cage se mettent à parcourir les méandres des nouvelles idées de gameplay qu’il est possible de proposer aujourd’hui.
Dinner Date nous raconte, à la première personne, la simple histoire de Julian Luxemburg assis sur sa chaise devant un diner aux chandelles, du vin, un potage et une jolie présentation. C’est un rendez-vous en amoureux et l’heureuse élue est en retard. Le jouer est plongé dans le subconscient de Julian et peut le forcer à effectuer des actions contextuelles avec le décor. Pendant ce temps, Julian parle, un monologue se lance sur sa vie, ses amis, son travail, cette fille qui ne vient pas. Viendra-t-elle ? Pendant ce temps, le joueur fait craquer les doigts de Julian, le fait se servir un verre de vin, puis un second, le fait manger du pain, une soupe. Il regarde la porte d’entrée, continue à parler, l’horloge ne cesse d’avancer et personne ne vient. Le joueur continue alors à jouer des touches indiquées pour essayer un maximum d’actions sans qu’elle n’aient, pour la plupart, une quelconque conséquence avec l’Histoire. Ce diner pas comme les autres dure 15 longues minutes de solitude.
Ou est le jeu dans tout cela ?
D’un point de vue narratif, Dinner Date est osé. Si on se laisse écouter notre « héros », on se prend vite au jeu et finalement on a qu’une envie, c’est de pouvoir changer le cours de son existence. Sauf que c’est impossible. Toutes les actions qu’il est possible de faire effectuer à Julian sont soit inutiles, soit obligatoires. L’issue est la même pour tout le monde et bien que très sympathique, elle manque totalement d’interactivité et surtout d’un aspect ludique. Dinner Date est clairement linéaire, presque faussement interactif. Il nous raconte une belle histoire, est servi par des graphismes corrects proposant un filtre réaliste assez saisissant, mais ludiquement parlant il n’y a rien.
Cela fait quelque peu penser à ces vieux jeux Mega-CD interactifs qui nous lisaient un film tant qu’on activait les bons boutons. À la différence que Dinner Date est empreint d’un vrai sens artistique certes mal employé mais bien présent dans son monologue, sa mise en scène et certaines symboliques. Enfin, même les plus réfractaires à ce nouveau genre risquent de vouloir s’y essayer, ne serait-ce que pour assister à chacune des actions qu’il est possible de faire effectuer à Julian. Un personnage de jeu vidéo qui, à sa façon, se bat aussi pour aller sauver la princesse de ses rêves…

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