Painkiller : Hell & Damnation

Autrefois existait une équipe nommée People Can Fly ayant proposé un FPS bien nerveux sur nos PC : Painkiller. Ce titre a eu de nombreuses suites et aujourd’hui, c’est un nouveau développeur qui nous en propose une monture HD… Est-ce que cela vaut vraiment le coup de s’y plonger ? La réponse dans ce test.
Le faiseur de douleur !
On ne s’y retrouve plus du tout, dans la saga Painkiller. Dirigée un peu n’importe comment par People Can Fly (auteurs de Bulletstorm et désormais avalés tout rond par Epic Games), la série a eu le droit à plusieurs épisodes, extensions, versions et portages. Difficile d’en faire le point, inutile aussi. Sachez juste que ce Hell & Damnation raconte toujours les péripéties diaboliques de Daniel Garner qui, suite à un accident de voiture, se tue lui et sa femme Catherine. La belle traîne désormais au Paradis, alors que lui est au purgatoire. Il ne veut qu’une chose : la retrouver. Pour cela, il va falloir faire des pactes avec des démons et tuer un bon millier d’ennemis avec toutes les armes possibles et inimaginables. Hell & Damnation ? C’est la même chose, avec un scénario nouveau, mais pas bien original ni bien écrit.
Faisant référence nette aux vieux FPS de l’époque ou on les appelait encore des Doom-like ou des Quake-like, l’ère d’avant Half-Life venu tout chambouler (mon dieu, un scénario !), Painkiller se base surtout sur de vastes niveaux très peu fournis en détails avec un nombre incommensurable d’ennemis qui débarquent pour vous tuer et reviennent par vague à chaque checkpoint. Scripté jusqu’à la moelle, sans aucune (ou presque) séquence d’action autre que vous en train de courir et sauter partout en tirant sur tout ce qui bouge, Painkiller fait dans le classique, le simple à comprendre, le bien difficile à maitriser. Enfin ça, c’était avant.
Ayant réussi à se faire un nom juste parce qu’elle revenait aux bases du FPS (et non pas pour sa qualité globale qui n’a jamais été très percutante), la série des Painkiller trouve en ce Hell & Damnation son itération la plus bancale jamais produite. Tout d’abord parce qu’elle propose une difficulté bien plus accessible et ne collant absolument pas avec l’atmosphère et le rythme de jeu proposé. Ainsi, en l’équivalent du « Facile », il vous faudra seulement trois heures pour venir à bout de la vingtaine de niveaux proposés. Oui, ça fait mal.
Normal, Difficile et après ?
Bien entendu, le jeu doit être lancé en mode Normal et je suis mauvaise langue en disant cela. En ce mode jugé comme celui à lancer si vous ne connaissez pas la série, vous mourrez deux ou trois fois et devrez faire preuve de génie (genre, sauter plus souvent et courir plus efficacement, quel défi !). Cela augmente incroyablement la durée de vie à… quatre ou cinq heures, tout au plus ? On est bien loin des nombreux actes d’un Quake premier du nom ! Mais surtout, ce qui peine à voir, c’est le manque de défi même en mode Difficile. Ceux qui sont habitués aux autres Painkiller retrouveront bien entendu leurs marques et leur univers bien glauque, mais seront déçus du manque d’intérêt des armes proposées.
Ainsi, vous avez le lance-pieux assez célèbre dans la série Painkiller, un shotgun, une mitraillette faisant aussi office de lance-roquette, un lance-clous… Des armes originales, mais complètement sans intérêt quand on a le PainKiller, une arme tranchante au corps à corps qui explose tout ennemi même le plus balèze ! Posez-vous dans un coin, enclenchez le PainKiller et vous aurez le droit de bâiller en attendant que tous les ennemis se tuent sur vous en essayant de vous toucher. Bon, encore une fois, je suis mauvaise langue, quelquefois il est nécessaire de faire des vas et viens vers l’avant pour bien se débarrasser de cette horde de morts-vivants sanguinaires… Cela tue entièrement la difficulté du jeu, le rendant un peu décevant au final.
Nouveauté : un collecteur d’âmes (le SoulCatcher) faisant office de nouvelle arme, au coeur du petit scénario du jeu. A chaque fois qu’un ennemi meurt, vous devez attendre une bonne minute avant que son corps se transforme en orbe vert à récupérer. Si vous en obtenez assez, vous vous transformez en démon pendant un certain laps de temps et voyez le niveau en entier dans des couleurs grisâtres alors que vos ennemis y apparaissent en rouge bien sanglant. Juste en les visant, vous les faites exploser. Rigolo, mais franchement pas transcendant.
Amusement et rejouabilité…
Pour les anciens, ceux qui connaissent les précédents opus de la série, ce Hell & Damnation est totalement raté. Forcément : il n’est pas bien difficile, assez court, ne fait pas preuve d’énormément d’originalité ni d’inventivité et surtout, son scénario est encore plus inconsistant que celui de ses ainés. Ajoutez à cela le PainKiller et sa triche ultime pour définitivement les repousser. Par contre, les nouveaux venus risquent méchamment de s’y amuser. Forcément, on fonce dans le tas, on tranche dans le lard, le sang gicle, l’environnement est glauque à souhait et les ennemis ont de belles têtes de vainqueurs. Que ce soit dans un orphelinat avec des petits enfants effrayants ou dans une fête foraine avec des clowns tueurs, Hell & Damnation saura poser l’ambiance. C’est bien sa seule vraie réussite.
Reste que c’est amusant pour les débutants et, avouons-le, que la petite durée de vie proposée est quand même boostée par une certaine rejouabilité. En plus de pouvoir recommencer vos niveaux en des modes de difficulté supérieurs, vous avez des « cartes de tarot » à débloquer dans chaque niveau en validant un défi particulier (tuer tant d’ennemis, avec un certain type d’arme, etc.). Ces cartes peuvent alors être choisies, jusque trois au lancement d’un niveau, pour être activée ensuite avec des effets temporaires tels qu’un ralenti de l’action, une quasi-invincibilité, etc. C’est très sympathique et cela donner toujours plus d’intérêt au jeu une fois terminé. Reste le multijoueur, dont je ne vous parlerais pas pour cause de serveurs vides. Ça, au moins, c’est fait…
Painkiller : Hell & Damnation est vraiment curieux. On sent que les développeurs ne sont pas les mêmes, qu’ils ont tenté de retrouver la bonne recette, mais se sont complètement trompés dans les doses. Certes, les ennemis sont bien modélisés, bien effrayants, l’univers est réussi, les environnements des cartes sont sympathiques… Mais tout cela est totalement détruit par un level-design effrayant de bêtise et d’allers-retours sans intérêt, par des armes très inégales et un scénario sans queue ni tête doublé en français par des Yougoslaves analphabètes. C’est une grosse dose de fun, bien violente, gore et amusante, mais pour tout vous dire, Painkiller : Hell & Damnation fait mieux que Serious Sam 3 tout en partageant avec lui son principal défaut : ses épisodes précédents ont mille fois plus de classe. Et ils sont à petit prix.

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