Glare

Il y a des noms de jeux dans la vie qu’on ne peut pas oublier. Glare fait partie d’entre eux mais pas pour de bonnes raisons. En effet, il est plus que probable que, pour vous cher/chère lecteur/lectrice parlant français, le nom de ce jeu vous évoque plus facilement une “sécrétion incolore et visqueuse des muqueuses.” (merci Wikipedia !) que l’éblouissement qui est sa véritable traduction depuis l’anglais et qui est également beaucoup plus raccord avec son gameplay. Aussi à défaut d’être ébloui par la langue, jetons nous sur ce jeu avec l’espoir que cela se fasse par le pad.

Plus de lumière, plus de lumière

Très vite pourtant, Glare ne brille pas par son originalité. On a ici affaire à un jeu de plates-formes en 2D dans des décors en 3D, ce grand classique du jeu vidéo. Mais, tout ancien que le genre soit, on ne jettera pas la pierre à Glare car il faut admettre que le jeu de plates-formes est un classique qui vieillit très bien. On peut en effet sans problème se refaire un petit Donkey Kong Country pour le fun ou le challenge tout comme on peut prendre son pied à revenir « scorer » sur Super Meat Boy en ayant auparavant été faire un tour chez Sonic ou Crash Bandicoot. Or, si un paquet d’années séparent ces différents jeux, le genre lui reste marqué par 4 règles immuables. Du challenge pour retenir le joueur, du millimétré pour innocenter la manette de toute erreur possible, son truc à soi pour se distinguer dans un genre extrêmement codifié et parcouru et enfin un univers travaillé et original pour enjoliver le tout.

En ce qui concerne le truc à soi, celui de Glare est assez sympathique puisque le héros dispose d’une arme orientable via le stick droit (ou la souris pour les masochistes qui y joueront au clavier) qui permet selon l’effet activé soit de projeter un rayon de lumière qui repousse l’ennemi, renvoie les attaques et active différents mécanismes nécessaires à la traversée de nombreux passages à obstacles, soit de tirer simplement des balles-lumière dans la tronche des ennemis de façon tout ce qu’il y a de plus classique. Les évolutions du personnage s’acquièrent ensuite petit à petit au fil des niveaux mais rien ne viendra jamais bousculer réellement le schéma de base. Ensuite, pour ce qui est du challenge et du millimétré, Glare est là aussi plutôt bon élève avec sa difficulté bien dosée et sa maniabilité qui répond bien aux injonctions du joueur. Le tout servi dans des décors travaillés qui font plaisir à l’oeil.

En revanche quand on commence à s’attaquer à l’univers de Glare, on est au début de l’engrenage de tout ce qui ne fonctionne pas dans ce jeu.

Ombre dorée

N’en déplaise à notre premier Ministre actuel, notre part d’ombre ne peut pas être pour tout le monde un combi Volkswagen. Celle de Glare repose plutôt dans son absence totale de travail sérieux de tout ce qui fait le background. Dès le départ, le jeu commence mal car il vous balance directement dans l’action sans réellement s’être foulé à détailler son univers. Toi y en a soldat de lumière, toi y en a combattre l’ombre, toi y en a parcourir planètes pour sauver elle de envahisseurs. “Et le scénario ?” “On s’en branle Robert !”. Cette absence fainéante de fond et d’histoire touche d’ailleurs l’intégralité du jeu. Musiques et chara-design ratés, indications à l’écran minimums, absence complète de trame ou de vie en dehors de vous et des adversaires, très peu d’ennemis différents, des mécaniques de jeu qui se répètent souvent. Même les boss qui pourtant eux bénéficient d’un gameplay un peu différent, on peut se déplacer sur tout l’écran et le but consiste à bourriner le centre tout en évitant les attaques venant d’un peu partout, sont tous les mêmes si l’on excepte la difficulté grandissante.

Incapable de se distinguer en quoi que ce soit et fournissant trop peu pour accrocher le joueur, Glare devient rapidement un jeu ennuyeux et répétitif. Il se divise ainsi seulement entre 2 types de phases : les phases de pure plates-formes (qui fournit les rares séquences de jeu assez intéressantes) et les phases où l’on se retrouve attaqué de toute part par l’ennemi. Combinez à cela des univers d’une originalité exceptionnellement folle (le désert, la lave, la glace,…), une totale absence de charisme ou de surprise de manière générale et vous obtenez un jeu aussi intéressant que cette rédaction sur un extrait des Lettres Persanes de Montesquieu dans le cadre de l’étude du roman épistolaire que vous avez dû faire un dimanche gris de novembre parce que le lundi à 8h y avait cours de français pour la 2nde 2. Jamais perdu grâce à une petite bille de couleur qui peut vous indiquer à tout moment où aller, on parcourt les niveaux de Glare sans frustration ni conviction mais surtout sans passion. Et, par expérience personnelle, je peux vous dire que quand vous arrivez à penser à votre liste de courses pour le lendemain tout en jouant mécaniquement, c’est que quelque part le jeu vous a déja perdu loin, très loin et depuis un moment.

Glare n’est pas un mauvais jeu de plate-forme en soi mais il est hélas plus plat que formé ce qui fait qu’on le parcourt avec une indifférence quasi-totale. Difficile pourtant de reprocher quoi que ce soit à son gameplay qui répond plutôt bien et qui apporte sa petite touche d’originalité avec sa gestion sympa d’un lumière-flingue, difficile aussi de contester ses décors indubitablement travaillés mais pour le reste on a réellement affaire au minimum syndical. Tout semble laisser penser que ce jeu a été développé non par passion mais comme un simple job alimentaire. En effet, Glare ne raconte rien, ne semble vouloir nous emmener nulle part et se contente de fournir un jeu de plate-forme « normal » doté de thèmes et d’un level design des niveaux complètement quelconque, le tout baignant dans un background quasi inexistant. Le résultat n’est certes pas désagréable à jouer en soi, d’autant que certaines phases de glisse/plate-forme sont assez funs à passer et que la difficulté est bien dosée, mais l’expérience a un intérêt proche de zéro. A la fin, on a juste envie de crier à ses développeurs « On vous donne la parole, prenez là bon Dieu ! ». Ce n’était pas vraiment très intéressant.

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