Mushroom 11

Au début était un caillou. Puis l’eau, les arbres, la terre et le sable arrivèrent. Peu de temps après arrivèrent les dinosaures, puis une bombe atomique qui ravagea la terre pour ne laisser que les décombres de notre civilisation ainsi que quelques âmes vivantes. Plutôt que ne nous fournir un énième jeu post-apocalyptique où un humain va dépouiller d’autres humains pour survivre, les New-Yorkais d’Untame ont décidé de nous mettre dans  la peau d’un champignon. Non pas un champignon magique qui fait voir des choses drôles ou un champignon tout choupi sorti de l’univers de Mario Bros. Non ici on incarne un de ces vils champignons parasites qui cherchent à manger toute vie sur terre.

Détruit moi pour mieux te manger

Tout le génie de mushroom 11 vient de notre masse visqueuse verte et de la manière dont on va la déplacer. En effet, le joueur n’aura à aucun moment le contrôle sur celle-ci. Afin de la déplacer, vous allez devoir la détruire en effaçant une partie de son corps, sachant que vous pourrez la détruire à 99% de ses cellules. Sauf que, comme tout parasite qui se respecte, le champignon se développera à l’endroit opposé d’où vous avez détruit ses cellules. Ainsi si on détruit les cellules du côté droit, les nouvelles cellules se créeront du côté gauche ce qui permettra à notre champignon d’avancer. L’unique contrainte qu’a le champignon pour pousser afin d’atteindre de nouveau sa taille maximale est qu’une partie de son corps doit toucher une zone dure (sol, mur, crochet, etc.). Pour faire simple, le champignon ne se régénère pas dans les airs. Avec cette simple idée, le joueur va parcourir huit environnements très variés (de l’extérieur désertique à la mine  de produits chimiques en passant par un métro où s’étaient cachés les derniers survivants humains).

L’application du théorème de Newton.

Evidemment, si le principe du jeu repose sur la gestion de notre champignon, la difficulté viendra du level design. Si les deux premiers chapitres sont plutôt inquiétants quant au potentiel du jeu, toute la subtilité du titre arrive dès le troisième chapitre en introduisant des puzzles basés sur la physique. A vous les joies de l’équilibre, des sauts propulsés par des chariots de mine, sur lesquels vous allez vous retrouver la tête vers le bas à petite vitesse et d’où évidement vous ne devez pas tomber sous peine de mourir. Sans oublier de faire du surf sur une énorme bombe !! (pas atomique, mais presque). Car si notre champignon se fait un plaisir de manger toute trace de vie (végétale ou animale), il est très sensible aux éléments. Si le feu ne brûlera que la partie du champignon qui est en contact avec lui, l’électricité tuera instantanément votre masse verte, là où un étrange liquide violet consumera assez rapidement votre champignon, sauf si vous détruisez toutes les cellules infectées. On serait prêt à crier au génie si une partie des puzzles n’étaient pas injuste.

Si l’on peut plus ou moins contrôler la croissance de son champignon, certains puzzles demandent une précision quasi chirurgicale là où il est impossible d’en avoir. Du coup on se trouve à recommencer certains puzzles des dizaines de fois en espérant avoir la chance que notre champignon se régénère pile poil dans la toute petite accroche disponible. Heureusement, les puzzles ne demandant pas d’agir vite ainsi que les bosses de fin, qui en plus d’être originaux sont très agréables à combattre, poussent à continuer l’aventure. Pour les masochistes, il y aura dans tous les niveaux, cinquante âmes vivantes à manger, qui offrent pour certaines, un énorme challenge pour les récupérer, à défaut d’être inutiles. Il aurait par exemple était intéressant  que chaque être consommé apporte un peu plus de masse à notre champignon, qui même si cela faciliterait légèrement le jeu, pousserait le joueur à se surpasser pour réussir à les obtenir.

Conclusion

Mushroom 11 n’est pas à mettre entre toutes les mains. Si la gestion du champignon est fabuleuse et le level design globalement ingénieux, une fois passé les deux premiers chapitres, le jeu est aussi parfois très injuste au point de, pour les moins calmes d’entre nous, nous faire complétement abandonner le titre. Faire ceci, c’est aussi passer à côté de puzzles ingénieux et de boss fights rafraichissants dont le renouvellement s’opère à chaque niveau.

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