Clandestine

Clandestine n’est pas une simulation de resquilleurs du métro, mais plutôt la tentative de revenir vers le genre de l’infiltration au pédigrée très fisherisé. Sam, es-tu là ? Pour la petite histoire, on y incarne une certaine Katya venue du grand froid à l’est. C’est une rousse en jeans et sweater nonchalamment attaché autour de ses hanches, quelques piercings et un maquillage trop dark, avec les mèches colorées de rigueur. Son look de teenager sorti tout droit d’Angéla, quinze ans ou de Degrassi n’est pas anodin étant donné que son époque est celle de l’année 1996.

Sphincter Cell

Le jeu de lumière est assez joli.
Le jeu de lumière est assez joli.

Martin est son compagnon de route, un hacker qui essaye d’avoir une personnalité sans y arriver. On pourra l’appeler sidekick générique numéro un. Ils forment à eux deux un casting plutôt caricatural sorti tout droit d’un film d’espionnage hollywoodien des années 90, venant tout juste de découvrir l’informatique et l’internet comme ressort narratif. Vous voyez très certainement de quel genre de films je veux parler.

Pourtant ce n’est pas faute à Clandestine d’essayer tant bien que mal de nous séduire avec son histoire flirtant allègrement avec une Guerre Froide en bout de course signifiant ironiquement la fin de l’âge d’or de l’espionnage de papa. Bien que son scénario essaye tant bien que mal de rester le plus sérieux possible, il n’évite pas certains clichés. En vérité, pour les raisons qui suivent, on a bien du mal à rentrer dedans.

Mucho charisme !
Mucho charisme !

Dans un souci de réalisme ahurissant, les graphismes sont ceux d’un jeu de 1996. Les modélisations semblent parfois faites au cutter, et ce plus spécialement sur les protagonistes qui en peuplent les octets. Il n’y a guère que notre héroïne qui jouisse d’un minois encore à peu près agréable bien que « botoxisé », tant ses émotions ne transparaissent que trop peu. Tandis que le reste de son équipe est tellement raté qu’aucun d’entre eux n’arriverait à passer le check d’un dialogue dans un Fallout pour déficit de points de charisme.

Les animations semblent aussi d’un autre monde, même si je dois être honnête, j’ai déjà connu bien pire, même de nos jours. Il est évident que ce n’est surtout pas du côté de la plastique que ça va être fantastique. Clandestine dégage pourtant l’atmosphère idéale pour nos parties de cache-cache, avec son jeu d’ombres et lumières délicat. On passera outre son plumage qui ne se rapporte pas des masses à son ramage, pour se concentrer sur l’essentiel, c’est à dire jouer à l’espion.

Chatroulette avec un hacker

L'interface du hacker manque de clarté.
L’interface du hacker manque de clarté.

Le rôle de Katya reste assez classique. C’est à dire qu’il lui faudra éviter de se faire repérer par les gardes et les caméras autant que faire se peut, et par tous les moyens du plus létal au plus pacifique. Pour se faire, elle dispose d’un arsenal de rigueur. Rien de neuf en somme.

Martin proposera au contraire tout autre chose. Son visage ne se révèle pas à l’écran lors des mission pour laisser place à une interface austère d’ordinateur divisée en plusieurs parties. L’une d’elle vous procurera un flux vidéo constant de la caméra de Katya ou de celle de sécurité dont vous auriez pris le contrôle. Une autre vous donne accès à un réseau sous la forme d’un parcours balisé, qui peut se résumer à une partie de Pacman géante où il faut jongler de caméra en caméra. Il devra également pirater des terminaux pour accéder à des mails, décrypter le code d’accès de certaines portes ou désactiver des alarmes.

"Digicode, tu me reconnais..."
« Digicode, tu me reconnais… »

Martin devient donc très vite nécessaire à Katya sachant qu’elle ne pourra pas avancer dans certains endroits sans lui. Il devient son troisième œil en facilitant sa progression. Il est aussi l’unique moyen pour lui apporter du support en faisant disparaître les éventuels corps qu’elle laisserait derrière elle. Il pourra également lui faire parvenir par l’opération du Saint Esprit des munitions et des trousses de soins en quantité limitée. Chose inutile si on se la joue réellement infiltration.

A deux joueurs, une dynamique très intéressante peut donc commencer à s’installer, malgré le manque certain d’intuitivité dans un premier temps du rôle de notre piratin et de ce qu’il doit faire. Sans parler d’une interface aux textes ridiculement petits en haute définition. Clandestine peine aussi régulièrement avec un framerate en dent de scie, ce qui est assez inexcusable étant donné sa technique toute sauf exceptionnelle.

Si vous voulez de l’ami, mangez du pain

Thérèse, je te prend, je te retourne.
Thérèse, je te prend, je te retourne.

C’est sans vergogne que l’on passera bien au-dessus du scénario, de ses acteurs aux bouches pincées et de son héroïne au look improbable de teenager grunge, qui avouera aimé porter sempiternellement son casque autour du cou pour le style que cela lui donne plutôt que par intérêt stratégique. Le ridicule ne tue pas, mais les balles oui.

Honnêtement, à deux, les niveaux sont plutôt sympathiques à traverser. Avec un pote, même mauvais, Clandestine est infiniment plus intéressant qu’en solo. Non pas que l’onanisme ne soit une mauvaise chose en soit, voire une chose tout court, c’est que son principal intérêt se trouve dans cette nécessaire coopération entre Katya qui agira en temps réel sur le terrain, et son pote Martin le hacker qui devra s’infiltrer dans les réseaux informatiques de l’ennemi.

Entre une compile de Nickelback et un 9mm, le choix est dur.
Entre une compile de Nickelback et un 9mm, le choix est dur.

Il devient alors évident que Clandestine est à éviter si c’est pour y jouer seul. Avec un ami, l’expérience est tout autre et forcément plus amusante. Seul, alterner entre nos deux agents peut très vite se révéler rébarbatif. Un choix de game design assumé et plutôt couillu, même si quelque part il revient à se tirer une balle de pied en limitant son public à ceux pouvant et désirant jouer à deux.

Car il existe une forme d’inter-dépendance entre Katya et Martin. L’un ne peux avancer sans l’autre dans leurs missions. Il ne s’agit pas seulement d’effectuer des marquages sur les gardes à l’aide des caméras avec l’un, et de les assommer ou les éliminer avec l’autre. Clandestine est une expérience pour les couples, pas les célibataires qui se tourneront plutôt sur un Call of Duty pour cracher au monde toute leur aigreur d’être seul et sans famille.

Conclusion

Clandestine se distingue par son mode coopératif en rendant la présence de son pirate informatique indispensable à l’agent de terrain habituel des simulations d’infiltration. Il souffre malheureusement pour lui d’un très gros déficit en charisme à cause de sa réalisation bâtarde qui se permet en plus de souffrir de ralentissements. Il peut s’avérer malgré tout amusant si on y joue en mode coopératif, bien qu’une certaine répétitivité finit par s’installer. Jouer de façon bourrine ou discrète est censé influencer l’évolution du scénario ce qui dans les faits reste relatif. A éviter si c’est pour y jouer seul.

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