Brut@l

Le genre du roguelike et assimilés se porte visiblement parfaitement bien si en on croit la multiplication de titres s’engouffrant dans cette tendance. On a parfois l’impression d’en être submergé, et plus spécifiquement sur pc. Sur console, ils se font plus rares il est vrai, laissant l’occasion à un Brut@l au style ravageur de s’essayer à s’y faire une place au soleil.


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Esthétique de la violence

Il faut dire que ses développeurs ont eu le bon goût de partir dans une direction artistique radicale qui le démarque forcément. De loin, elle donnerait presque l’impression d’y voir un Dwarf Fortress qui aurait été transposé dans la troisième dimension, tout en conservant son esthétique faite de l’utilisation exclusive d’Ascii. Si vous ne connaissez pas cet art de l’Ascii, vous en aurez ici pour votre argent sachant qu’il domine les contours de Brut@l.

Pour les non-informés du fond de la salle, c’est un art de la représentation qui plutôt que d’utiliser des méthodes de dessin classiques, repose sur l’utilisation de caractères spéciaux et de lettres. Cette originalité donne au jeu son aspect si particulier à base de beaucoup de noir pour les fonds et de ces fameux caractères pour en dessiner les décors, les objets et les monstres qui les habitent.

Sauf que contrairement à un Mad World affichant un visage chromatique très similaire sous un trait plus classique, Brut@l repose quasi uniquement sur l’utilisation de l’Ascii, ce qui le rend aussi bien singulier graphiquement parlant, qu’un brin terne et limité dans sa plastique. Il s’agit véritablement d’un pari esthétique audacieux, mais qui se paye en retour par une certaine fatigue visuelle quand il arrive difficilement à se renouveler en raison de sa palette de couleurs restreinte, et, de la très grande dominance du noir et du blanc.

C’est au final un choix couillu qui va peut-être s’avérer regrettable pour un roguelike dans les règles de l’art, dont le genre appelle en général à pas mal de re-jouabilité, ce qu’il propose d’ailleurs. Car de ce côté-là, il se tient relativement bien, malgré quelques lourdeurs et un manque de prise de risque, qui pourront enrayer sa mécanique bien huilée, en ne le séparant finalement pas tant que cela du lot.



Brut@lity

Comme dans tout bon roguelike, vous devrez choisir votre classe parmi lesquelles comptent le ranger, le mage, le guerrier et l’amazone. Ils ont chacun un style de combat pour se défendre des créatures peuplant des donjons générés aléatoirement, comme le veut la mode du moment. Avec pour objectif d’arriver au vingt-sixième sous-sol de ces lieux néfastes pour détruire le gardien et réclamer sa couronne, dixit la description officielle du jeu.

Il s’y passera à peu près la même chose tout le long d’une bataille rangée contre des hordes d’ennemis qui s’avéreront variés et parfois retors. Cocasserie inhérente à son choix artistique, il faudra ramasser des lettres de l’alphabet qui serviront ensuite à la fois pour vous forger de nouvelles armes et accessoirement les enchanter avec l’aide de ces mêmes lettres pour pouvoir les renforcer avec une qualité de feu ou autre. Ça, plus tout un tas de loot à ramasser, et de potions à concocter aux effets inconnus dans un premier temps. On connaît la chanson.

On ne niera pas le fait que Brut@l est relativement complet en terme de contenu. Voire généreux. Il reste que son classicisme de fond est confondant quand on considère son choix courageux en terme de graphismes. Là où il se distingue des autres de par sa plastique singulière, il demeure étrangement sage et droit dans ses bottes quand il s’agit de le prendre manette en main. La totalité des règles qui en font un parfait petit roguelike y sont, sans même véritablement tenter de se les approprier pour mieux les ré-inventer.

On marche ici véritablement en terrain connu. D’un côté, cela lui procure une certaine efficacité de fond qui le rend agréable à prendre en main pour peu que l’on apprécie ce genre de jeux. D’un autre, il n’offre en fin de compte qu’assez peu de nouveautés réduisant de fait l’impression de découverte. De plus, les mouvements de nos personnages sont assez lents, offrant une désagréable sensation de flottement rendant les affrontements assez mous du genou, malgré le semblant de stratégie que leur complexité induit parfois. Un style de combat plus sec et rapide lui aurait profité nettement plus, car après tout il a de la variété dans ses monstres et ses pouvoirs, suffisamment pour faire mouche si seulement les échanges de lames étaient plus incisifs et percutants que mollassons.


N’attendez vraiment pas plus de Brut@l qu’un roguelike des familles tout ce qu’il y a de plus commun. On y retrouve toute la panoplie habituelle du genre qui au final n’aura comme seule singularité – lui donnant cette fraîcheur – sa direction artistique reposant énormément sur l’utilisation intensive de l’Ascii. Mais là encore, des chiffres et des lettres comme seul décor pour ces donjons finiront par lasser la plus tolérante des rétines. Mais c’est surtout sur le fond de son affaire avec ses combats manquant de pêche qu’il pourra lasser sans vraiment marquer.

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