The Solus Project

En 2010, The Ball avait vu le jour. Ce puzzle-game à la première personne nous plaçait dans les basques d’un archéologue découvrant un artefact puissant ayant les traits d’une sphère métallique. The Solus Project, nouveau jeu de bien plus grande envergure qui nous replace dans le même univers débarque enfin dans sa version complète sur Steam. L’ambition est grande, la réussite aussi ?



Le (classique) dernier espoir de l’humanité

Survivant dans quelques vaisseaux spatiaux après la destruction de la Terre, l’humanité est à la recherche d’une nouvelle planète pour s’établir. Envoyé en mission de reconnaissance, vous êtes leur dernier espoir de survie. Un accident provoque votre crash sur une candidate potentielle : Gliese-6143-C. Cette dernière se révèle être une planète à part entière, avec son propre écosystème, sa faune, sa flore et bien sûr ses nombreux dangers.

Explorer chaque nouvelle zone en avançant de carcasses en débris de vaisseaux tout en découvrant les panoramas superbes qu’offre Gliese est vraiment très absorbant. À tel point que fouiller les zones devient un réel plaisir grâce aussi à une ambiance réussie. On parvient sans peine à se mettre dans les bottes du Dr. Oktavia Sken, ramassant chaque objet nécessaire à notre survie et chaque fragment de journal qui nous éclaire autant sur l’histoire des lieux et des civilisations qui ont façonné les édifices présents sur chacune des îles que sur le devenir des membres du Solus Project avec qui le contact a jadis été perdu.

Votre plus grand ennemi : la planète en elle-même.

Hostile par nature

Cette nouvelle planète n’est cependant pas un havre de paix. Les conditions météorologiques sont pour le moins extrêmes et nous demanderont de nous adapter pour survivre. On devra prendre en compte le mouvement des astres et s’y conformer. En effet, la révolution de la planète autour de son soleil se fait en une journée, ainsi s’il fera très froid la nuit et qu’on pourra fouler une fine couche de neige, il commencera à faire chaud en début de journée au moment où le soleil, minuscule, pointera son nez à l’horizon, puis, il fera atrocement chaud en milieu de journée lorsque l’énorme boule de feu sera au plus près de la planète. Il est donc important de se trouver un abri la nuit et d’y faire un feu tout en profitant de cette sécurité pour dormir et récupérer de l’énergie.  

Dormir à la belle étoile s’avère être très risqué car si les dangers ne viennent pas d’une faune agressive, c’est avant tout la planète en elle-même qui jouera le rôle de votre plus grande ennemie dans le jeu. Tornades, tempêtes, orages et chutes de météorites vous demanderont de trouver un abri au plus vite, notamment pour les tornades qui rasent tout sur leur passage. Ces dangers, mis en valeur par une bande-son angoissante créent à merveille l’ambiance oppressante qui règne dans le jeu sans pour autant qu’il n’y ait eu besoin d’ennemis physiques. Grâce à des effets réalistes dynamiques (marée qui suit le cycle lunaire, mouvement des astres et des nuages, flore qui réagit à notre toucher et au climat) on s’y croirait presque et nul doute que The Solus Project est parfaitement apte à créer une expérience VR hors normes.


Un joueur qu’on ne tient pas par la main

Vous n’aurez pas de carte pour vous repérer, seulement une ou deux balises pour cibler un lieu (et un marqueur d’objectif par défaut jusqu’en mode normal) ainsi vous aurez besoin de votre sens de l’orientation notamment dans les souterrains et les caves, les zones extérieures étant quant à elles vastes mais pas labyrinthiques. 

Votre seul indicateur est un gadget qui comportera des informations relatives à votre santé (faim, soif, fatigue, température corporelle, taux d’humidité) ou relatives à votre environnement (température extérieure, vitesse du vent). L’immersion est d’autant plus grande qu’aucun HUD n’est présent à l’écran, toutes les informations seront lisibles en baissant la souris/tête et en consultant cet outil.

Afin de progresser, il vous sera demandé de résoudre des énigmes, souvent à base de clés à trouver ou de leviers à actionner. Pour ce faire, un télé-porteur courte distance vous permettra d’atteindre des zones inaccessibles.

Ce gadget sera votre seul point de repère dans le jeu. Consultez-le souvent.

Entre aventure et survie

L’aspect survie du jeu comporte aussi la gestion plus classique de nos besoins. Dans les faits, il ne sera pas difficile de trouver de la nourriture cependant il faudra prévoir un peu de stock avant de partir à l’aventure pour ne pas se faire surprendre. À moins de passer le jeu en Hard, cet aspect là ne sera pas problématique et pourrait décevoir les amateurs de challenge. Selon moi, ce choix des développeurs n’a pas été mauvais dans le sens où le jeu est très tourné vers la narration et comporte des zones regorgeant d’écrits. La narration n’est de ce fait pas lésée par nos besoins en victuailles qui auraient pu entraver la lecture des textes. Le simple fait qu’une tornade se forme alors qu’on se trouve dans une zone où des journaux peuvent être lus suffit à créer le sentiment désagréable de devoir rusher sa lecture.

L’histoire du jeu est d’ailleurs assez fascinante malgré de nombreuses zones d’ombre qui surviendront si vous n’avez pas la patience de ratisser chaque zone pour trouver les fragments de journal parfois bien cachés ou toutes les stèles gravées. Les bribes que l’on arrive à saisir suffisent à créer un sentiment de mystère et d’oppression. 

On cherche à décoder les récits et à comprendre les intentions des êtres qui peuplent la planète le tout en étant confrontés à des clins d’œils à d’autres œuvres de science-fiction telles que La Guerre des Mondes ou Lost (parfois à grands coups de pied, en étant poursuivis par la fameuse fumée noire qui nous oblige à skipper un pan de niveau en courant, dans le noir qui plus est, celle-ci étant attirée par la lumière). Aussi, les quelques moments où Sken nous fera entendre sa voix seront superbement joués nous entraînant avec elle dans une angoisse qui n’aura d’égal que sa soif de découverte.

Sous la surface, une civilisation mystérieuse a laissé sa trace.

Une finition presque parfaite

Malgré un budget pas très conséquent, la réalisation est admirable. Les paysages variés sont un plaisir pour les yeux et les effets météorologiques tout comme le cycle jour/nuit sont superbement rendus. Seules quelques maladresses au niveau du gameplay rendront l’expérience de jeu moins agréable, à savoir la gestion de l’inventaire quelque peu laborieuse qui va par exemple nous faire pester de par la lenteur du switch entre les objets ou l’impossibilité d’utiliser un item sans le placer dans l’inventaire avant tout chose (et au passage de retirer la torche qui servait à nous éclairer, on se retrouve donc dans le noir le temps de boire le contenu d’une bouteille). En outre, la VF est incompréhensible et le jeu devra être passé en anglais si l’on souhaite un temps soit peu suivre la trame scénaristique.


The Solus Project est en résumé une belle réussite. Avec des environnements variés, une direction artistique de qualité, un monde mystérieux et dynamique et une narration riche, le jeu est happant de réalisme bien que l’aspect survie ne soit pas son atout majeur. Il est appréciable que tout joueur puisse s’essayer au jeu, qu’il soit plutôt tourné vers l’exploration ou vers la survie pure et dure, la difficulté étant entièrement paramétrable pour offrir à chacun une expérience adaptée. Si quelques choix restent mal avisés pour un jeu tourné vers la narration, ils ne font que peu de poids sur la balance face à toutes ses qualités.

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